Au cours de la Seconde Guerre mondiale la Royal Air Force utilisa un nombre important d’avions légers de liaisons de facture locale. Si pour beaucoup il s’agissait d’appareils civils réquisitionnés à la va-vite entre septembre et octobre 1939 d’autres en revanche étaient des avions militaires détournés de leur rôle premier. La plus part avaient servi comme machines d’entraînement à l’image d’un très beau monomoteur léger : le Miles M.16 Mentor.
C’est en septembre 1937 que la Royal Air Force commença à s’intéresser à l’avion de tourisme M.7 Nighthawk conçu par Miles. L’aviation britannique cherchait alors un monoplan léger et moderne pouvant servir à la formation intermédiaire et avancée des futurs pilotes de transport. Il s’agissait de les former au vol sans visibilité, uniquement aux instruments. Cependant les essais démontrèrent vite que le M.7 n’était pas totalement adapté et qu’une série de modifications étaient nécessaires.
La RAF demanda alors à l’Air Ministry d’intervenir. Ce dernier proposa alors de lancer la Specification 38/37 relative à un tel avion d’entraînement.
Les autres avionneurs britanniques ayant compris qu’ils n’avaient aucune chance sur ce coup là, ils se gardèrent bien d’avancer le moindre aéronef. Miles se retrouvait donc seul face à ce cahier des charges, totalement dédié à son avion. Résultat il développa une version spécifique d’entraînement militaire du M.7 Nighthawk qu’il baptisa M.16 Mentor. Ce dernier reprenait les grandes lignes de son prédécesseur.
De ce fait le prototype fut assemblé rapidement, le travail des bureaux d’étude étant réduit au minimum nécessaire. Le premier vol du Miles M.16 Mentor intervint le 5 janvier 1938.
Immédiatement la Royal Air Force passa commande pour 45 exemplaires de la machine dont les premiers exemplaires entrèrent en service en avril de la même année.
En février 1939 le dernier avion de série fut livré.
Extérieurement il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever de construction mixte en bois entoilé, contreplaqué et tubes de métal. Sa propulsion était assurée par un moteur à six cylindres en ligne De Havilland Gipsy Six d’une puissance de 200 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. Le Miles M.16 Mentor était doté d’un train d’atterrissage classique fixe. Son poste de pilotage était du type biplace côte à côte avec en outre un strapontin installé à l’arrière et permettant d’accueillir un passager ou bien un second élève. Un rideau de couleur sombre avait été installé sur la verrière permettant de simuler la nuit lors des vols d’entraînement sans visibilité. L’avion n’était pas armé.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata à l’été 1939 le Miles Mentor Mk-I était l’un des principaux avions d’entraînement intermédiaire en service dans la RAF. Cependant l’arrivée progressive des Master Mk-I du même constructeur commencèrent à les envoyer à la retraite. Enfin pas tout à fait, puisque pour trente-neuf d’entre-eux ils devinrent alors des avions de liaisons, moyennant quelques modifications. Les rideaux occultant furent décrochés et les avions repeints. Les autres furent stockés pour cannibalisation.
Les Mentor Mk-I changèrent alors d’unité et quelques exemplaires furent même livrés au N°24 Squadron de la RAF, celui-là même qui était en charge des transports et liaisons au profit du gouvernement et des parlementaires de Sa Majesté. Ironie du sort il y retrouvèrent deux M.7 Nighthawk réquisitionnés fin 1939.
Un exemplaire fut peint durant quelques temps, entre l’été 1942 et fin 1944 aux couleurs de la France Libre.
Durant toute la guerre les Miles Mentor Mk-I remplirent des missions de liaisons et de transport d’état-major en Grande Bretagne mais aussi ailleurs. Deux exemplaires furent envoyés en Afrique du nord en 1941 ou l’un d’entre-eux fut abattu par un Fiat CR-42 Falco de la Regia Aeronautica. Ce fut là le seul avion de ce type descendu hors du Royaume-Uni.
Après le Débarquement du 6 juin 1944 il n’était pas rare de voir de tels avions dans le ciel de France, même si progressivement ils laissaient la place aux British Taylorcraft Auster plus adaptés à ce rôle de liaisons au-dessus du champ de bataille.
Malgré quelques accidents mortels le Miles Mentor Mk-I avait la réputation d’être un avion agréable à piloter. Beaucoup de ses passagers louaient son confort et son relatif silence en vol. Au printemps 1945 lorsque la guerre s’arrêta en Europe deux de ces avions seulement volaient encore, les autres étaient immobilisés fautes de pièces détachées. Un seul fut revendu après-guerre et porta de ce fait l’immatriculation civile britannique G-AHKM. Malheureusement il s’écrasa en avril 1950.
De ce fait aucun Mentor n’a survécu aujourd’hui.
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