Lorsque l’Union Soviétique s’effondra au début des années 1990 elle possédait la plus puissante armée du monde et forcément une des principales industries de défense de la planète. Son secteur aéronautique était riche et puissant avec des programmes lancés alors depuis plusieurs années. Une majorité fut tout bonnement annulée, fautes de crédit, et d’autres mis en sommeil. Parmi ceux-ci figurait un étonnant petit hélicoptère polyvalent particulièrement rustique : le Mil Mi-34.
Au début des années 1980 l’aviation soviétique disposait encore comme principal hélicoptère léger de liaisons et d’entraînement des vénérables Mil Mi-1 vieux de plus de trente ans. Des hélicoptères certes robustes mais totalement obsolètes, même aux vues des standards soviétiques. Il fallait donc au plus vite leur trouver un successeur.
Les bouleversements qui commençaient à se faire sentir dans le pays obligea le pouvoir central à faire quelque chose qu’il ne connaissait pas : lancer un appel d’offres. Cette procédure typique des pays occidentaux était totalement inconnue en URSS et dans les pays placés sous le joug communiste. Et assez logiquement seuls deux constructeurs y répondirent : Kamov et Mil.
Alors que le premier proposait de développer une version améliorée de son Ka-26 civil, bien connu alors pour ses fonctions de travail aérien et d’épandage, le second proposa de concevoir une machine totalement nouvelle. Celle-ci fut officiellement désigné Mi-34.
En fait dès le départ les dirigeants soviétiques avaient dans l’idée de privilégier Mil plutôt que Kamov mais ils acceptèrent que les deux hélicoptéristes développent chacun un prototype.
Et c’est celui du Mil Mi-34 qui vola le premier, le 17 novembre 1986, tandis que le tout nouveau Kamov Ka-126 ne vola que le 22 décembre 1988. Mais déjà le Mi-34 avait officiellement gagné la compétition. Trois exemplaires de présérie furent commandés par les forces armées soviétiques.
Rapidement les services de renseignement occidentaux identifièrent ce nouvel appareil et l’OTAN lui attribua la désignation de Hermit.
Lors de leurs essais le prototype et les exemplaires de présérie montrèrent des capacités de voltige hors du commun, jamais vu jusque là en URSS. Une manœuvrabilité dont fit la démonstration le pilote d’essai détaché en France lors du salon du Bourget de juin 1987. Là le Mil Mi-34 Hermit fit sensation en enchaînant les tonneaux. Il était le seul hélicoptère soviétique capable de faire cela.
Des médias spécialisés anglophones le surnommèrent alors «Russian Lark», ce qui peut se traduire par l’Alouette Russe en référence à l’Alouette II française.
Extérieurement le Mil Mi-34 tranchait radicalement avec tout ce qui avait été produit jusque là en URSS. Il ressemblait plus à un hélicoptère américain ou français qu’à une machine soviétique. Ses lignes étaient fluides, il était plutôt élégant malgré un classicisme à priori totalement assumée par ses designers et ingénieurs. Il se présentait sous la forme d’un quadriplace largement vitré disposant de deux patins d’atterrissage et d’une architecture très académique. Seule particularité notable : il n’était pas propulsé par une turbine mais par un moteur à neuf cylindres en étoile Vedneyev M14P d’une puissance de 325 chevaux. C’est le même type de moteur qui équipait l’avion d’entraînement Yakovlev Yak-52.
Début 1989 une commande fut passée par le pouvoir central soviétique pour cent cinquante exemplaires.
Seulement voilà l’échec des dictatures communistes, l’effondrement du mur de Berlin, et enfin la désagrégation du géant soviétique eurent raison du programme d’acquisition de Mi-34P par l’armée rouge. Faute de crédit le contrat fut résilié, c’était un parmi tant d’autres.
Pourtant chez Mil beaucoup croyaient ce petit hélicoptère et ils réussirent à le vendre, notamment aux forces de police moscovites. Officiellement la version civile et parapublique était désignée Mi-34S. Des contrats signés ça et là qui permettaient de justifier auprès du pouvoir central de la CEI (pour Communauté des États Indépendants) puis de la Russie le maintien en production de l’aéronef.
Au début des années 2010 il fut décidé de relancer la carrière du Mil Mi-34. Des accords furent signés avec le motoriste français Turboméca afin de développer le Mil Mi-34S2 doté d’une turbine Arriel 2F de 504 chevaux, celle-ci même équipant l’Eurocopter EC-120 Colibri. Désormais Mil visait clairement un marché plus haut de gamme tout en conservant une offre tournant d’un moteur à pistons. Déjà à la fin des années 1980 les ingénieurs avaient eu cette idée mais avec une turbine de facture locale. Désigné Mi-44 l’appareil n’avait jamais dépassé le stade de la maquette à l’échelle 1.
Plus de trente ans après son premier vol le Mil Mi-34 Hermit pourrait bien retrouver une seconde jeunesse, même si cela risque de s’avérer difficile. En Russie par exemple il subit de plein fouet la concurrence des Robinson R44 et R66 américains bien plus implantés sur le marché.
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