Depuis les origines de l’aviation il y a plus d’un siècle le vol à bord d’un avion-école a quasiment toujours été l’histoire d’un binôme : l’instructeur et son élève. Cependant durant les années d’entre-deux-guerres plusieurs pays s’essayèrent au développement et à la construction en série d’avions d’entraînement avancé monoplaces, des machines destinées exclusivement à recevoir des élèves pilotes que l’on jugeait assez aguerris pour terminer leur instruction seuls. Souvent ces avions avaient un second rôle et l’un des plus surprenant vînt de l’Italie fasciste : le Meridionali Ro.41 autant capable d’entraîner que de mener des missions de chasse.
C’est pourtant bien comme monoplace d’entraînement qu’il fut pensé par le jeune ingénieur Giovanni Galasso qui travaillait alors pour Meridionali. Celui-ci répondait à une fiche programme de la Regia Aeronautica qui exigeait un avion de formation avancée destiné aux futurs pilotes de chasse. Il devait donc s’intégrer entre les Breda Ba.25 d’entraînement intermédiaire et avancé et les chasseurs Fiat CR.30 alors en cours de développement. Une sorte d’avion de transformation opérationnelle avant que l’expression n’ait été inventée. L’architecture de l’avion faisait donc forcément appel au biplan.
Le prototype, désigné Meridionali Ro.41, fut assemblé au début de l’année 1934. Extérieurement il tenait tout de même plus du chasseur léger que de l’avion d’entraînement avancé.
Biplan de construction mixte en bois et métal il possédait une voilure à envergure inégale. Il était doté d’un train d’atterrissage classique fixe et d’un patin de queue. Le pilote, installé dans un cockpit monoplace à l’air libre, disposait de deux mitrailleuses Breda-SAFAT de calibre 7.7mm tirant vers l’avant. La propulsion de l’avion était assurée par un moteur à sept cylindres en étoile Piaggio P-VII C.45 de 445 chevaux, entraînant une hélice bipale en métal.
Son premier vol intervînt en juin 1934.
Une première commande fut passée pour 25 exemplaires destinés à une école de pilotage avancé de la Regia Aeronautica. Une partie de ces avions devaient en outre être assemblé chez Agusta. Dans le même temps les dirigeants de Meridionali commencèrent à démarcher les potentiels clients à l’export, proposant le Ro.41 aussi bien comme chasseur que comme avion d’entraînement. Quelques pistes existèrent un temps en Amérique du sud mais qui ne réussirent finalement jamais à se concrétiser.
En 1935 la jeune Luftwaffe fit l’acquisition d’une dizaine d’avions qu’elle employa pour former ses futurs pilotes de chasse. Pour autant ces avions conservaient leur armement offensif.
En 1937 la Regia Aeronautica passa commande pour 264 exemplaires auquel il convenait d’ajouter une soixantaine de plus d’une version biplace alors à l’étude… mais qui ne vînt jamais. Dans le même temps trois Meridionali reçut une commande italienne destinée à l’aviation franquiste. Ils furent livrés directement en Espagne et affectés à une escadrille de chasse sise à Villanubla près de Valladolid.
Par la suite l’Ejercito del Aire acheta une quarantaine d’exemplaires. Ces biplans furent employés pour la défense aérienne, notamment le long de la partie nord de la frontière avec le Portugal. L’Espagne conserva ses Ro.41 jusqu’à la fin des années 1940.
Durant la Seconde Guerre mondiale la production en continue du Meridionali permit de dépasser les 700 machines construites. La plus part fut utilisée par la Regia Aeronautica mais plusieurs exemplaires prirent le chemin de la Luftwaffe qui les employa aussi bien comme avions d’entraînement avancé aux côtés de ses Bücker Bu 133 que comme remorqueurs de planeurs ou encore avions de servitude. Quelques Meridionali Ro.41 allemands furent pourtant employés comme chasseurs légers dans le sud de la France entre 1940 et 1942.
En Italie il n’était d’ailleurs pas rare que les écoles d’aviation aux mains des fascistes emploient une escadrille de Ro.41 comme chasseur de défense aérienne rapprochée. Ils protégeaient directement ces bases-écoles.
Après la fin des hostilités l’Aeronautica Militare utilisa une poignée de Ro.41 jusqu’en 1952, le dernier étant assemblé en janvier 1950. Il s’agissait en fait d’un avion dont la construction avait été abandonné une dizaine d’années plus tôt. Ils remplissaient des missions de soutien logistique. Quelques exemplaires désarmés ont ensuite rejoint des aéroclubs italiens jusqu’au début des années 1970, notamment afin de remorquer des planeurs ou des banderoles publicitaires.
S’il ne fut jamais ni un bon chasseur ni un bon avion d’entraînement avancé le Meridionali Ro.41 a au moins su être moyen partout. Cependant il avait la réputation d’être bien motorisé et de beaucoup pardonner les erreurs de pilotage. C’était un avion avec globalement une bonne image de marque, sauf sous les couleurs allemandes où il se traînait une réputation déplorable. Mais comme la majorité des avions italiens en fait.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.