Au milieu des années 1950 la République Fédérale d’Allemagne fut autorisée à produire de nouveau, sous strict contrôle des Alliés, des aéronefs à vocation militaire. Cela faisait suite à la fondation en novembre 1955 du Bundeswehr et à la recréation en janvier 1956 de la Luftwaffe. Plusieurs programmes plus ou moins ambitieux furent lancés par le gouvernement de Bonn dont un concernant l’étude et le développement d’un hélicoptère léger destiné à des missions de soutien opérationnel. Le résultat donna naissance à l’étonnant Merckle SM.67.
Au début de l’année 1957 le Bundeswehr passa commande de l’étude de deux types d’hélicoptères militaires différents. Le premier était destiné à former les pilotes et le second à des missions de liaisons et d’observation. Tous deux étaient destinés aussi bien à la Luftwaffe qu’au Heersflieger, l’aviation de l’armée ouest-allemande. Le premier contrat de développement fut confié à l’industriel Bölkow et le second à son concurrent Merckle. Toutes deux étaient alors des sociétés assez mal connues. Si le Bölkow Bö 102 Helitrainer allait clairement à l’essentiel en utilisant un moteur deux temps le Merckle SM.67 était lui nettement plus ambitieux.
Alors que jusque là les rares réalisations ouest-allemandes dans le domaine des voilures tournantes s’étaient concentrés autour des moteurs à pistons les ingénieurs de Merckle avaient fait le choix d’acquérir une turbine pour leur SM.67. Il ne restait plus qu’à choisir le modèle idéal. Après consultation auprès de motoristes américains, britanniques, et français il devint évident que le choix allait se porter sur la Turbomeca Artouste. C’est simple c’était à l’époque le nec plus ultra des motorisations pour hélicoptères. Dans le même temps les designers avaient fait leur œuvres et les premières ébauches du SM.67 semblaient particulièrement familières aux généraux allemands. Qu’à cela ne tienne ils donnèrent leur feu vert à la réalisation d’un prototype et de deux exemplaires de présérie.
Extérieurement le Merckle SM.67 se présentait sous la forme d’un hélicoptère monoturbine de construction entièrement métallique. Sa turbine Turboméca Artouste IIC d’une puissance de 405 chevaux entraînait un rotor principal à trois pales. Sa queue en tubes d’aciers n’était pas recouverte. Le rotor anticouple n’avait que deux pales. Sa cabine largement vitrée permettait d’accueillir jusqu’à quatre passagers en plus du pilote. C’est dans cette configuration que le prototype réalisa son premier vol le 7 juillet 1959.
Officiellement présenté aux autorités de RFA mais aussi à la presse au mois de septembre suivant le Merckle SM.67 fut fraichement accueilli. Beaucoup reprochaient aux designers ouest-allemands d’avoir littéralement plagié le travail des ingénieurs français de la Société Nationale de Construction Aéronautique du Sud-Est sur leur SE.313 Alouette II. Il faut dire que sur bien des points le SM.67 lui ressemblait étrangement. Mieux même il faisait le même bruit, possédant la même turbine et un rotor principal très similaire. La presse aéronautique allemande ne tarda pas à surnommé le SM.67 : « Die deutsche Alouette II« . Ce qui se traduit par l’Alouette II allemande.
En parallèle de cette image de marque pas forcément très reluisante les essais en vol démontrèrent que les ingénieurs ouest-allemands, dont les plus vieux avaient travaillé durant la Seconde Guerre mondiale pour Flettner et pour Focke-Achgelis, avaient plutôt fait le job correctement. Le SM.67 était un hélicoptère agréable à piloter, ne subissant que peu de vibration, et disposant d’une vitesse ascensionnelle tout à fait dans les normes de l’époque. Malheureusement en mars 1960 le prototype s’écrasa tuant son pilote d’essais.
Le Bundeswehr s’empara de cet évènement dramatique pour stopper le programme et commander officiellement l’Alouette II auprès de la France.
La société Merckle n’ayant pas résistée à cette fin douloureuse le deux SM.67 de présérie furent confié à l’hélicoptériste Bölkow qui les utilisa pour divers essais en vol ainsi que comme appareils de liaisons. Ils volèrent une dizaine d’années participant même sous l’égide de M.B.B. au développement du Bö 105, l’hélicoptère allemand le plus connu dans le monde. Par la suite ils furent remisés avant d’être repris dans les années 1980 par l’Hubschraubermuseum de Bûckeburg en Basse-Saxe. Les deux exemplaires n’étant pas en bon état les conservateurs durent reconstruire un exemplaire à partir d’eux deux. Il est encore aujourd’hui exposé sur place.
Premier hélicoptère allemand mû par une turbine le Merckle SM.67 marqua une étape importante dans l’aventure des voilures tournantes de ce pays après la Seconde Guerre mondiale. Malgré ses qualités qui semblent avérées il n’en reste pas moins qu’objectivement il a au minimum été inspiré par l’Alouette II… voire il a carrément été copié dessus !
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.