Durant l’entre-deux-guerres, le constructeur aéronautique Martin devint un des principaux fournisseurs de l’US Navy aussi bien en avions autant qu’en hydravions. Cet état de fait perdura durant toute la Seconde Guerre mondiale et jusqu’aux premières années de la guerre froide. C’est avec un bombardier torpilleur biplan très réussi que cette série commença réellement : le Martin T3M et sa version légèrement améliorée T4M.
En fait tout débuta en février 1925 lorsque l’avionneur Curtiss confia à Martin l’usinage complet des soixante quinze biplans de reconnaissance maritime SC-1 et SC-2 commandés en série par la marine des États-Unis. Cet appareil donna alors l’idée aux ingénieurs de Martin d’en développer une version de torpillage qui reçut la désignation de XT2M dans la nomenclature de l’US Navy. Malgré une certaine avancée dans le programme cet appareil, qui avait la particularité de pouvoir être livré autant comme avion embarqué que comme hydravion à flotteur, il en resta à l’état de prototype.
Mais les ingénieurs de Martin n’en restèrent pas là. Après avoir pleinement récupéré les droits de conception et d’usinage du SC-1 ils se mirent en tête d’en dériver une version réellement améliorée destinée uniquement au bombardement léger et au torpillage embarqué. Cette fois ci l’US Navy sembla intéressée et passa commande pour un prototype désigné XT3M. L’avionneur lui le considérait comme le Martin 73 dans sa nomenclature maison. Le contrat de commande de celui-ci fut signé en décembre 1925.
Extérieurement le Martin XT3M se présentait comme un bombardier torpilleur biplan triplace construit en bois entoilé et métal. Destiné à opérer depuis les porte-avions américains il possédait un robuste train d’atterrissage train d’atterrissage qui pouvait laisser la place à deux flotteurs de grande taille assurant sa stabilité sur les eaux. En fait la version avion était plus réservée au bombardement léger et la version hydravion au torpillage. Sa propulsion était assurée par un moteur à douze cylindres en V Wright T3B Typhoon d’une puissance de 575 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. Son armement se composait de trois mitrailleuses Lewis de calibre 7.62mm, deux en position de chasse et une montée sur affût annulaire mobile arrière. Niveau offensif il pouvait emporter une torpille de 730kg sous fuselage ou 700kg de bombes légères. C’est dans sa configuration terrestre que le prototype réalisa son premier vol en février 1926.
Rapidement l’appareil fut commandé à 124 exemplaires de série, le prototype devant ultérieurement les rejoindre en unité, sous la désignation de Martin T3M-1. Cependant il ne jouissait pas d’une excellente réputation auprès des pilotes et mécaniciens. Le système permettant de convertir l’avion en hydravion fragilisait grandement le train d’atterrissage et son moteur T3B montrait rapidement des signes de corrosion, un vrai souci pour un avion embarqué.
Ce moteur fut rapidement remplacé par un Packard 3A-2500 d’une puissance bien supérieure, puisque portée à 770 chevaux. Le changement intervint au vingt-cinquième avion de série. Désormais le bombardier-torpilleur était désigné Martin T3M-2.
L’intégralité des T3M-2 fut livrée comme purs hydravions à flotteurs. Cependant localement en unité notamment dans les rangs de l’US Marines Corps, qui en reçut vingt sur les cent construits, certains furent retransformés par des techniciens militaires en avions embarqués. Il est à noter que durant toute leur carrière opérationnel, de 1927 à 1932 jamais les Martin T3M-2 ne furent engagés au feu. Ils servirent durant plusieurs exercices aéronavales ou pour couvrir des manœuvres des Marines mais jamais ils n’eurent à tirer une torpille en condition opérationnelle.
Fin 1926 l’US Navy proposa à Martin de développer deux sous-séries du T3M dotées de moteurs en étoile. Les propulseurs en question étaient le Pratt & Whitney R-1690-24 Hornet de 525 chevaux et le Wright R-1750 Cyclone de 520 chevaux. Les avions ainsi remotorisés furent respectivement désignés XT3M-3 et XT3M-4. Des essais en vol en configurations avions et hydravions à flotteurs furent entrepris. Finalement le XT3M-3 fut sélectionné par la marine américaine.
Cependant il présentait de trop grandes différences avec les autres versions précédentes et le constructeur décida de le renommer Martin 74 tandis que dans l’US Navy il devenait le T4M-1. Une commande fut passée pour 102 avions de série en 1927. À la différence des T3M les T4M-1 étaient exclusivement des avions et principalement utilisés comme bombardiers léger, ayant notamment des capacités limitées d’attaques en piqué. Cependant ils conservaient la capacité de torpillage.
À l’instar de son « grand frère » le Martin T4M ne fut jamais engagé au combat par l’US Marines Corps et l’US Navy. Néanmoins il permit aux aviateurs américains de perfectionner leurs techniques de torpillage et plus tard de bombardement en piqué léger.
En 1928, afin de pouvoir se concentrer sur d’autres programmes tel l’ambitieux bimoteur Martin 123, un contrat fut passé avec la société Great Lakes visant à ce que celle-ci construise le T4M-1 sous sa propre désignation. C’est ainsi que naquit le TG-1 assemblé à dix-huit exemplaires. Il fut suivi du TG-2, doté d’une moteur légèrement plus puissant puisque porté à 625 chevaux. Les T4M-1, TG-1, et TG-2 demeurèrent en service actif jusqu’en 1937, époque où ils étaient devenus obsolètes.
Jamais exporté les Martin T3M et T4M sont quasi inconnus en dehors du territoire des États-Unis. Il est à signaler qu’ils n’ont rien à voir avec le XT5M, mieux connu sous sa désignation de Martin BM, un des meilleurs bombardiers embarqués biplans de l’entre-deux-guerres.
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