L’apparition au début de la Première Guerre mondiale de l’aviation et la généralisation au cours de celle-ci des sous-marins fit naître dans l’entre-deux-guerres un étrange concept. Celui-ci consistait à vouloir embarquer de petits hydravions à flotteurs dans des hangars eux même fixés à la coques de submersibles. La plus part des grandes nations maritimes mondiales s’y essayèrent, les États-Unis n’y faisant bien entendu pas exception. Parmi les quelques essais en ce sens de la part de l’industrie aéronautique américaine une des premières réalisations fut le surprenant Martin MS.
C’est en 1921 que l’US Navy émit une fiche programme visant à doter ses sous-marins de classe S d’une capacité de reconnaissance aérienne. Ne souhaitant pas brider les ingénieurs les amiraux américains l’ouvrirent aux constructeurs étrangers. C’est ainsi qu’en Allemagne, malgré les restrictions du Traité de Versailles de 1919 Ernst Heinkel proposa le Caspar U.1 aux autorités américaines. Ne souhaitant pas demeurer en reste l’ingénieur Charlie Cox avança son Cox-Klemin XS-1.
Si les deux hydravions à flotteurs étaient biplans l’appareil allemand était beaucoup plus ambitieux avec son absence de hauban entre les deux plans de voilures. Le XS-1 avait pour lui de pouvoir être assemblé en moins de 30 minutes et démonté en à peine 10 minutes de plus. L’évaluation des deux machines donna la victoire à l’hydravion Cox-Klemin commandé à six exemplaires sous la désignation de XS-2.
Malheureusement pour Charlie Cox et son associé, l’universitaire Alexander Klemin, leur entreprise connaissait des difficultés financières et se voyait dans l’incapacité d’honorer le contrat signé avec l’US Navy. Des négociations furent entreprises avec Glenn L. Martin qui racheta l’intégralité des droits industriels et commerciaux du XS-2, y compris le contrat.
Désormais désigné Model 63 dans la nomenclature maison l’hydravion devint le Martin MS pour l’aéronavale américaine. Les six futurs appareils de série étant ainsi désignés MS-1.
En fait malgré son investissement Glenn L. Martin ne croyait pas réellement dans cet hydravion. Il l’avait bien plus racheté par amitié pour Charlie Cox que par pur intérêt industriel. Il honora cependant les engagements pris avec le motoriste Lawrance autour de son L-4 à trois cylindres en étoile d’une puissance de 60 chevaux, entraînant une hélice bipale en bois. Alors que la majorité des hydravions biplans Martin de l’époque étaient produits en bois et contreplaqué, tel le M2O également développé pour l’US Navy, le MS détonnait par son usinage 100% métallique.
C’est en janvier 1923 depuis le lac Erié que le prototype du Martin MS déjaugea pour la première fois. Un vol inaugural de quelques minutes qui permet de vérifier que malgré sa très petite taille et la faible puissance de son moteur cet hydravion se comportait de manière acceptable. Trois mois plus tard l’avionneur le livra ainsi que les cinq exemplaires de série à l’US Navy qui commença ses embarquement à bord du sous-marin USS S-1, premier de la classe S. De 1924 à 1926 la Tamise américaine, homonyme du célèbre fleuve britannique, servit de zone d’essais pour les MS-1. C’est là surtout que l’aéronavale américaine comprit que non seulement l’hydravion n’était pas adapté car trop petit mais qu’en plus les submersibles de classe S étaient également trop étroits pour recevoir de telles machines volantes. Fin 1926 les essais d’embarquement furent stoppés et les six MS/MS-1 renvoyés à terre.
Ils furent employés quelques mois pour de la surveillance portuaire le long de la côte Atlantique des États-Unis avant de finalement être retirés du service.
Pour la petite histoire la société Cox-Klemin ne tira pas grand intérêt de la revente du XS-1 à Martin puisqu’elle disparut en 1925, suite à banqueroute. Le Martin MS est parfois confondu avec l’hydravion de chasse Martin K.IV… conçu par une société différente, la James Vernon Martin Aeroplane Company. Ironie de l’histoire le K.IV fut également pensé afin d’être embarqué à bord des sous-marins américains de classe S.
Le concept d’hydravions embarqués sur submersibles n’accoucha pas uniquement d’échecs comme peuvent en attester les Besson MB.411 français ou encore les Kugisho E14Y, Watanabe E9W et Yokosuka E6Y japonais.
Il ne reste de nos jours plus rien des Martin MS.
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