C’est véritablement durant les années d’entre-deux-guerres que l’aviation embarquée s’est développée dans quatre pays : États-Unis, France, Japon, et Royaume-Uni. Ils furent les précurseurs de ce que nous connaissons aujourd’hui mettant en place les premiers porte-avions et donc les premiers chasseurs, bombardiers, et avions de reconnaissance embarqués. Il n’était alors nullement question d’hélicoptères, ces machines n’étant alors encore que balbutiantes. Et c’est l’industriel américain Martin qui développa un des premiers bombardiers destinés à servir sur un navire réellement efficace : le BM.
Fin 1928 l’état-major de l’US Navy émit une fiche programme relative à un bombardier-torpilleur ayant des capacités d’attaque en piqué. Seul l’avionneur Martin proposa un appareil, alors connu dans la nomenclature maison comme Type 125.
Il s’agissait d’un biplan de conception assez académique, animé par un moteur en étoile Pratt & Whitney R-1690-22 Hornet d’une puissance de 525 chevaux.
Il reçut la désignation officielle militaire de XT5M et réalisa son premier vol en mai 1929.
Cependant suite à diverses pressions du monde économique et politique il fallut que le Martin XT5M affronte un autre aéronefs, avec une motorisation différente. Cependant aucun des fournisseurs habituels de l’US Navy à cette époque comme Boeing, Curtiss, Great Lakes, ou encore Vought ne proposait le moindre avion. Une solution fut trouvé quand Naval Aircraft Factory accepta de construire une quasi copie parfaite de l’avion sous la désignation XT2N. Les différences étaient à chercher dans la motorisation : un Wright R-1750D Cyclone en étoile de 525 chevaux disposant d’un capotage là où le R-1690-22 Hornet du XT5M avait ses cylindres à l’air libre. Bien que ce second avion soit légèrement plus rapide il n’était nullement prévu pour être construit en série.
Au printemps 1930 le premier d’entre-eux fut logiquement commandé sous la désignation Martin T5M-1. Néanmoins un nouveau revirement eut lieu quand plusieurs officiers et amiraux américains soulignèrent que l’US Navy n’avait alors nullement besoin d’un nouvel avion de torpillage. En effet les Martin T4M/Great Lakes TG-1 réalisaient parfaitement cette mission. Le nouvel avion avait alors de forts risques de disparaitre.
Une solution fut trouvée par les équipes de Martin qui en quelques semaines déposèrent le moteur du premier avion pour le remplacer par un Pratt & Whitney R-1690-44 Hornet de 625 chevaux. Dans le même temps la voilure fut redessinée et les système d’accroches d’armement. Désormais le T5M-1 était devenu un pur bombardier en piqué.
Mais les responsables de l’US Navy n’étaient pas particulièrement enclins à acquérir un tel avion dont ils voyaient mal l’usage. Leur première tentative dans ce domaine, l’année précédente avec le Naval Aircraft Factory BN s’était soldé par un échec. Pour autant ils se laissèrent convaincre et passèrent commande pour douze exemplaires sous la désignation Martin BM-1.
Les premiers exemplaires entrèrent en service en février 1932 au sein du Squadron VB-1.
Extérieurement le Martin BM se présentait sous la forme d’un biplan d’un biplan de construction mixte en bois, contreplaqué, et métal. Son hélice bipale était entraînée par un Pratt & Whitney R-1690-44 de 625 chevaux. Le pilote et l’officier de bombardement prenaient place dans deux cockpits à l’air libre en tandem. L’armement de l’avion se composait de deux mitrailleuses (l’une en position de chasse et la seconde sur affût mobile arrière) d’un calibre de 7.62mm et d’une bombe de 454kg sous le fuselage. Par ailleurs il disposait d’un train d’atterrissage classique fixe et d’une crosse d’appontage permettant ses opérations sur porte-avions.
Fin 1932 quelques améliorations furent apportées, notamment la possibilité d’emporter deux bombes de 227kg et non plus uniquement une de 454kg. De ce fait une seconde commande fut passée pour seize avions ainsi modifiés comme Martin BM-2. Dans le même temps l’US Navy acheta cinq BM-1 supplémentaires, mais dotés de doubles commandes pouvant ainsi assurer des missions d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle.
Et durant tout le reste des années 1930 le Martin BM fut le principal bombardier en piqué en service à bord des porte-avions américains, devant le Great Lakes BG pourtant arrivé en unité un peu après lui. À partir de 1938 pourtant ces deux modèles de biplans commencèrent à laisser la place en première ligne aux monoplans Northrop BT bien plus modernes.
Durant toute leur carrière les Martin BM ne furent jamais engagés au combat mais participèrent à plusieurs dizaines d’exercices aéronavales, dont certains avec des pays étrangers. Et ils se taillèrent une excellente réputation, de précision et facilité de pilotage.
Lorsqu’en septembre 1939 la Seconde Guerre mondiale éclata seuls les Martin BM-2 étaient encore en service au sein du Squadron VB-5. Ils servaient de monture aux pilotes réservistes. Mais face aux risques d’entrée en guerre des États-Unis il fut décidé de les retirer du service en novembre de la même année.
Pour autant un BM-1 fut désarmé et versé au NACA (pour National Advisory Committee for Aeronautics) qui utilisa cet avion comme XBM-1 pour divers essais de motorisations et de systèmes d’appontage. Il fut utilisé ainsi jusqu’en 1944 sans jamais quitter, évidemment, le territoire des États-Unis. Il volait sous immatriculation civile.
Premier bombardier en piqué de l’histoire aéronavale américaine le Martin BM demeure aujourd’hui encore un avion mal connu, y compris outre-Atlantique. Il est symbolique de ces excellents biplans de l’entre-deux-guerres qui ne connurent jamais le feu et ne purent donc jamais réellement démontrer leurs capacités opérationnelles.
Il ne faut pas confondre par contre le Martin BM-1 avec le Martin MB-1, ce dernier étant un bombardier bimoteur terrestre apparu au lendemain de la Première Guerre mondiale.
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