Souvent considéré comme l’avionneur le plus important de l’histoire industrielle italienne la société Macchi, qui devint plus tard Aermacchi, dessina et construisit quelques uns des aéronefs majeures de ce pays au cours du vingtième siècle. En effet celui qui produisit quelques uns des meilleurs chasseurs fascistes, puis plus tard d’excellents jets d’entraînement, s’est d’abord fait un nom dans le domaine des hydravions militaires. Le plus important de ceux ci, durant la Première Guerre mondiale, fut également le premier chasseur de la firme : le M.5.
C’est au début de l’année 1917 que deux ingénieurs de chez Macchi décidèrent de développer un hydravion de chasse monoplace à partir du biplace d’observation M.3 alors en service au sein de la marine. Si le M.3 n’avait rien d’extraordinaire par rapport aux machines produites par les Britanniques, les Français, voire mêmes les Allemands et les Austro-hongrois il avait le mérite d’être de conception nationale. En effet jusque là il se contentait de produire sous licence des avions Nieuport XI pour les besoins des forces aériennes italiennes.
Le nouvel hydravion fut donc tout d’abord désigné Tipo M.5 avant de devenir tout bonnement M.5 dans la nomenclature du constructeur. Celui ci reprenait grandement les lignes extérieures du M.3 mais semblait plus fin. Il se présentait sous la forme d’un biplan à coque monomoteur. Il était propulsé par un Isotta-Fraschini 4B en V d’une puissance de 187 chevaux entraînant une hélice propulsive bipale en bois. De construction traditionnelle en bois entoilé et contreplaqué l’appareil disposait de deux petits flotteurs additionnels sous le plan inférieur de voilure et d’un empennage classique. Son armement se constituait d’une mitrailleuse fixe Vickers britannique d’un calibre de 7.7mm tirant vers l’avant. Le pilote quand à lui prenait place dans un cockpit à ciel ouvert.
Son prototype déjaugea pour la première fois au cours de l’été 1917.
Rapidement le Macchi M.5 intéressa grandement les marins italiens qui recherchaient non seulement un hydravion de chasse mais surtout un appareil capable d’escorter les bombardiers Caproni Ca.3 lors de leurs attaques contre les navires allemands et austro-hongrois qui mouillaient régulièrement en Adriatique. En effet cette mer semi intérieure était fréquemment utilisée par les navires ennemis pour des tirs de canons contre les villes voire pour la mise à l’eau de mines flottantes. La défense de l’Adriatique était donc prioritaire pour l’Italie.
Les premiers M.5 furent donc utilisés pour donner la chasse aux hydravions austro-hongrois qui s’aventuraient dans la région, et ils le firent avec un relatif succès dès novembre 1917. Mais surtout leur excellente capacité à la voltige en faisait des hydravions difficiles à abattre même pour les plus agiles chasseurs ennemis.
Début 1918 un grand chantier d’amélioration fut apporté au M.5, et une seconde génération, appelée M.5M fit son apparition. Mieux motorisée, avec son Isotta-Fraschini de 247 chevaux, mieux armée, avec ses deux mitrailleuses jumelées, elle possédait aussi une originalité. Le plan supérieur de voilure avait été réduit de 2.20 mètres, offrant ainsi une meilleure stabilité à haute altitude. Cependant l’agilité de l’avion en pâtit grandement, et de chasseur pur pour le M.5, le M.5M ne devint plus qu’escorteur voire chasseur de reconnaissance.
Lorsque la Première Guerre mondiale prit fin le Macchi M.5, dans ses deux versions principales, avait été produit à 244 exemplaires, le dernier sortant d’usine quelques jours seulement avant la fin des hostilités. Toutefois cela ne sonna pas le glas de l’avion qui demeura en service en première ligne jusqu’en 1924, puis devint jusqu’en 1928 un bon appareil d’entraînement avancé. Il laissa la place comme hydravion de chasse au Macchi M.7 qui reprenait les grandes lignes de son architecture.
Archétype même des hydravions de chasse italiens jusque dans les années 1920 le M.5 eut même la particularité d’être repris plusieurs décennies plus tard dans l’excellent manga Porco Rosso où peint en rouge il devient la monture du pilote cochon éponyme. Aujourd’hui plusieurs Macchi M.5 sont disséminés dans des musées et collections privées, et notamment au National Air & Space Museum de Washington-DC.
Le M.5 est un des rares aéronefs dans l’histoire pour lequel on peut considérer que la première génération était plus adaptée à sa mission que la seconde.
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