Dans l’histoire peu d’avions ont connu un tel succès que le quadrimoteur américain à turbopropulsion Lockheed C-130 Hercules. Véritable couteau suisse de l’aviation occidentale des années 1950 à nos jours celui-ci a donné naissance à des sous-versions spécialisées dans des domaines aussi différents que la reconnaissance tactique, la guerre psychologique, le guidage de drones, ou encore l’écoute des émissions ennemies. Pour autant sa structure et son avionique vieillissantes ont forcé son constructeur à lui donner un successeur sous la forme du Lockheed-Martin C-130J Super Hercules.
Au milieu des années 1970 les ingénieurs de Lockheed commencèrent à étudier une possibilité de relancer la carrière du C-130 Hercules alors construit principalement sous la forme du C-130E destiné initialement au marché américain et à celui des commandes de l’OTAN. Leurs travaux débouchèrent sur la conception d’une version bâtarde qui s’avéra finalement être un succès considérable : le C-130H et sa version rallongée destinée à l’export C-130H-30.
Cependant les dirigeants de Lockheed avaient toujours dans l’idée de relancer le programme C-130 Hercules et ils durent attendre une quinzaine d’années pour que cela débouche enfin sur un vrai programme de modernisation. En effet en 1990 le Pentagone commanda une étude pour une nouvelle version de l’avion destiné à prendre le relais des vieux C-130B et des plus anciens des C-130E encore en dotation dans ses rangs. Dans le même temps à l’étranger la Royal Air Force insistait depuis longtemps auprès de l’avionneur américain pour qu’une telle machine voit le jour. Le programme reçut la désignation de C-130J.
Les travaux d’ingénierie furent tellement poussés que beaucoup considérèrent alors que le Lockheed C-130J représentait en fait un avion radicalement nouveau. À tel point d’ailleurs que les généraux du Pentagone hésitèrent un temps à l’appeler C-38 Hercules II, une désignation qui fut finalement abandonnée et utilisée plus tard par la version militaire de l’avion d’affaire israélien Astra SPX. Finalement le C-130J fut baptisé Super Hercules. Durant la dernière année de sa mise au point l’avionneur changea de raison sociale et devint Lockheed-Martin.
Extérieurement les différences entre le Lockheed C-130H Hercules et le Lockheed-Martin C-130J Super Hercules ne sautaient pas forcément aux yeux. En réalité il fallait regarder au niveau de la motorisation pour découvrir la principale différence extérieure. Celle-ci s’articulait en effet autour de quatre turbopropulseurs britanniques Rolls-Royce AE2100-D3 d’une puissance nominale de 4701 chevaux entraînant chacun une hélice Dawty R391 à six pales en composite. Pour le reste il fallait chercher les différences à l’intérieur même de l’avion, dans son avionique. À nouveaux moteurs donc nouvelle manière de piloter le C-130. Et sur la version J apparut donc deux collimateurs tête haute (aussi connus comme HUD) pour le pilote et le copilote ainsi qu’un poste de pilotage tout-écran hérité directement de l’aviation civile. Enfin le pilote et le copilote s’enrichissaient d’une manette type joystick issue cette fois-ci de l’aviation de combat. Pour le reste les ingénieurs avaient été à l’essentiel et le gros du travail dans la cabine concernait l’ergonomie au service des personnels de chargement.
L’avion de présérie du C-130J Super Hercules vola pour la première fois le 5 avril 1996. Il s’agissait par ailleurs du premier appareil de version rallongée C-130J-30 destinée à la Royal Air Force. En effet les Britanniques étaient les premiers clients étrangers de l’avion puisqu’ils avaient commandés quinze avions en version standard et dix en version longue qui allaient être connus respectivement comme Hercules C Mk-4 et Hercules C Mk-5 dans la nomenclature de la RAF.
Les deux avions de présérie, C-130J et C-130J-30, furent soumis à des essais intensifs entre 1997 et 1998. Enfin le 28 janvier 1999 l’US Air Force reçut le tout premier avion de série. La Royal Air Force dut attendre encore deux ans et demi, et le mois de septembre 2001 pour que le premier Hercules C Mk-4 ne soit accepté au service. En effet la DERA (pour Defense Evaluation Research Agency) soumit l’avion à des tests plus poussés que la NASA et le Pentagone.
À l’instar du Lockheed C-130A Hercules qui fut rapidement déployé en Europe dans le cadre de la guerre froide le Lockheed-Martin C-130J Super Hercules ne mit pas longtemps à connaitre le feu. Et c’est au-dessus des montagnes afghanes que les premiers avions furent engagés pour des missions de soutien logistique et d’approvisionnement au profit des forces déployées dans le cadre de la traque d’Oussama Ben Laden et des terroristes d’Al-Qaïda et du mouvement taliban !
Au cours de la première et de la seconde décennie du vingt-et-unième siècle le C-130J Super Hercules s’est affirmé également comme un véritable succès à l’export. Outre des États-Unis et du Royaume Uni des commandes militaires ont été passées par l’Allemagne, l’Australie, le Canada, la Corée du sud, le Danemark, l’Égypte, la France, l’Inde, l’Irak, Israël, l’Italie, la Libye, la Norvège, Oman, la Tunisie, et le Qatar. Il est à noter que les commandes françaises et italiennes concernaient à la fois des avions-cargos mais aussi des ravitailleurs en vol Lockheed-Martin KC-130J.
Car tout comme ses prédécesseurs le Lockheed-Martin C-130J Super Hercules a su s’adapter aux exigences du Pentagone et c’est ainsi qu’on retrouve des versions comme l’AC-130J Ghostrider d’appui aérien rapproché, l’EC-130J Commando Solo III de guerre psychologique et électronique, le HC-130J Combat King de recherche et sauvetage au combat, le MC-130J Commando II de soutien aux forces spéciales, ou encore le WC-130J Weatherbird de reconnaissance météorologique. Autant de missions spéciales qui démontrent que le C-130J est dignement l’héritier des versions précédentes de l’Hercules.
Enfin une version civile est proposée sous la désignation de Lockheed-Martin LM-100J.
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