C’est en 1933 que l’avionneur Lockheed se lança dans le développement d’un avion d’affaires et de transport léger de nouvelle génération. Les ingénieurs américains cherchaient surtout à trancher radicalement avec ce qui se faisait dans l’industrie aéronautique de l’époque, notamment chez Ford ou Fokker. Le programme fut lancé sous la désignation L-10.
Extérieurement, cet avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever bimoteur construit intégralement en métal. Sa propulsion était assurée par deux moteurs en étoile Pratt & Whitney Wasp Junior SB d’une puissance nominale de 450 chevaux entraînant chacun une hélice tripale en métal. Le L-10 possédait un train d’atterrissage tricycle escamotable et un empennage à double dérive. Sa cabine lui permettait d’accueillir dix passagers dans un bon confort. Le prototype réalisa son premier vol le 23 février 1934. Il fut baptisé Electra.
Rapidement, l’avion connut un succès important auprès de clients privés mais aussi de compagnies aériennes américaines, européennes, et sud-américaines. Fin 1936, le Lockheed L-10 fit l’objet d’une commande par l’US Army Air Corps sous la désignation de C-35 pour un exemplaire pressurisé et sous C-36 pour trois appareils non pressurisés. Ces avions étaient destinés à l’état major pour des missions de soutien et de servitude. Malgré les qualités intrinsèques indiscutables de ce modèle, il n’était pas prévu de commander d’autres Electra.
L’entrée en guerre des Etats-Unis, plus de quatre ans plus tard, allait radicalement changer la donne. En effet, la toute jeune US Army Air Force avait un besoin impérieux en avions de transport de tout type. C’est ainsi que ses responsables se tournèrent vers le C-36 et passèrent commande pour 27 avions de série, sous les désignations de C-36A, B, et C.
Si ces avions furent principalement affectés aux Etats-Unis, quelques autres se retrouvèrent déployés en Grande Bretagne et dans le Pacifique. Les Lockheed C-36 Electra demeurèrent en service dans l’USAAF jusqu’à la fin des hostilités. Machines de qualité, ils ne réussirent cependant jamais à se hisser au niveau des Beechcraft C-45 Expeditor et Lockheed C-60 Lodestar en matière de réputation.
En dehors de l’aviation américaine, un L-10 fut livré à l’état major de l’US Navy pour les besoins personnels du Secretary of Navy sous la désignation de R2O-1Z. En terme d’aménagement cet avion se rapprochait du C-35 d’origine. L’US Coast Guard de son côté fit l’acquisition d’un C-36A sous la désignation de R3O-1 pour les besoins de transport de son état-major. Si le R2O-1Z ne demeura pas longtemps en service comme avion de transport des très hautes personnalités, il en fut différemment du R2O-1 qui resta en service à Washington-DC jusque fin 1945, même après la cessation des hostilités.
Outre les aviations américaines, des Lockheed L-10 servirent sous les couleurs militaires du Canada de la Nouvelle-Zélande, et de l’URSS. De plus, la Royal Air Force se fit livrée au titre de la loi dite « prêt bail » un lot de quinze avions sous la désignation d’Electra Mk-I. Ceux-ci volèrent principalement sur le territoire britannique pour des missions de transport de personnels.
Début 1936, Lockheed développa une version raccourcie du L-10 sous la désignation de L-12. Destiné au transport de six passagers, cette version vola pour la première fois le 27 juin 1936. Le L-12 fut baptisé Electra Junior. Cet avion connut un succès militaire assez rapide puisque la force aérienne des Pays Bas commanda 36 exemplaires sous la désignation de Lockheed L-212. Ceux-ci étaient en fait des avions d’appui aérien rapproché. Ils disposaient d’une mitrailleuse de 7.7mm tirant vers l’avant, et d’une arme identique mobile en position arrière tirant vers le haut. Par ailleurs, le L-212 emportait une charge de bombe de 450kg sous le fuselage et les ailes. Lockheed livra directement ces machines aux Indes Néerlandaise où elles étaient appelées à servir. Ces bimoteurs ont certainement affrontés les forces nippones.
Fin 1941, l’USAAF passa commande pour 14 Lockheed L-12 sous les désignations de UC-40, UC-40A, et UC-40B. Ces avions étaient destinés à des missions de soutien logistique léger, et notamment au transport de courriers et de colis léger, mais aussi aux liaisons aériennes. Ils servirent durant toute la guerre. Les trois UC-40 furent eux principalement utilisés en Grande Bretagne puis en France par les forces américaines.
L’US Navy ne fut pas en reste. En effet, après avoir reçu un L-12 et l’avoir désigné JO-1, la marine américaine passa commande pour cinq avions neufs sous le JO-2. Ces six machines furent principalement utilisées comme avions de servitude dans les écoles de pilotage. Un JO-3 fut commandé fin 1942. Il se différenciait des autres avions par une crosse d’appontage. Toutefois, il ne vola jamais de manière opérationnelle, l’avion ne réussissant jamais ses essais sur porte-avions. Le JO-3 termina sa carrière comme avion de servitude sur la base aéronavale de Pearl Harbor.
A l’instar de l’Electra, l’Electra Junior connut un certain succès auprès des militaires étrangers. En effet, hormis la RAF, qui s’en fit livrer huit en 1942 et les désigna Electra Mk-II, le Canada et Cuba en utilisèrent pour des missions de transport de personnels.
Avions de bonne facture, les bimoteurs de la famille Electra servirent en nombre restreint durant la Seconde Guerre mondiale mais eurent le mérite de voler du début à la fin des hostilités.
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