Les années 1920 virent une modernisation progressive de l’industrie aéronautique française. Si l’aviation civile balbutiante en tira les principaux avantages il ne faut pourtant pas nier les évolutions positives pour les militaires. Cette période permit à la France de mettre sur pied une aviation embarquée embryonnaire autour de son unique porte-avions : le Béarn. Durant cette décennie les avions qui opéraient dessus se résumaient à des biplans de chasse, de reconnaissance, et bien sûr de bombardement. Le premier d’entre eux fut un avion construit en très petite série qui permit de défricher ce domaine de vol : le Levasseur PL.2.
Comprenant qu’elle était en train de prendre un retard important sur la Royal Navy et dans une moindre mesure sur l’US Navy la Marine Nationale décida en 1920 de lancer un programme visant au développement et à la construction d’une petite série de bombardiers-torpilleurs embarqués. Ceux-ci étaient destiné au porte-avions Béarn récemment baptisé mais encore en chantier. Ce bâtiment ressemblait encore fortement au cuirassé de classe Normandie qu’il était à l’origine.
De manière assez étrange les constructeurs ne se précipitèrent pas pour proposer des avant-projets. Le premier avionneur fut Wibault qui proposa de navaliser son bombardier nocturne biplace Wib.2 alors en développement. Le second était la société Levasseur qui annonçait pouvoir construire un avion totalement nouveau calqué sur les besoins des marins : le PL.2. C’est ce second qui l’emporta en janvier 1922. Deux prototypes en furent commandés.
Officiellement le programme reçu la désignation de Levasseur AT, pour Avion Torpilleur. En fait ce que les designers et ingénieurs du constructeur n’avaient pas avoué à la Marine Nationale c’est que leur PL.2 était très fortement inspiré du Blackburn T-2 Dart britannique destiné à l’embarquement sur porte-avions de la Royal Navy.
Le prototype AT-01 réalisa son premier vol en novembre 1922 tandis que le second, désigné AT-02 fit le sien en janvier 1923. La grosse différence entre les deux résidait dans le fait que le premier était un monoplace et le second un biplace en tandem. C’est l’AT-02 qui permit à l’Aéronautique Navale de faire son choix. Le PL.2 serait donc un biplace.
Par contre la joie de l’avionneur fut de courte durée. En effet lui qui tablait sur la production d’une vingtaine d’avions dut se résoudre à n’en construire que neuf. C’était alors une toute petite série qui s’expliquait par le pacifisme ambiant en France. Cinq ans après la fin de boucherie de 14/18 plus personne ne voulait penser à des guerres futures.
Extérieurement le Levasseur PL.2 se présentait sous la forme d’un biplan construit en bois et toile avec des empiècement en contreplaqué. Doté d’un train d’atterrissage classique fixe se terminant par un patin de queue il fut équipé d’une crosse d’appontage afin de permettre son utilisation sur le porte-avions Béarn. L’avion était animé par un moteur à douze cylindres en V Renault 12Ma d’une puissance de 580 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. L’énorme radiateur de celui-ci installé sur le dessus donnait une allure très particulière au PL.2. Son armement consistait en une mitrailleuse mobile Vickers de calibre 7.7 millimètres de facture britannique et en une torpille de 670 kilogrammes placée sous le fuselage de l’avion. Cette dernière pouvait être remplacée par une charge de bombes de 400 kilogrammes, généralement quatre de 100 kilos chacune.
Une des grandes innovations technologiques du Levasseur PL.2 résida dans l’installation de ballonnets autogonflables sous le plan inférieur de voilure et le long du fuselage afin de maintenir le bombardier-torpilleur à flot en cas d’amerrissage d’urgence. Dans cette optique un système permettant l’éjection vers le bas du train classique fut également inventé.
Deux aspects que l’on allait ensuite retrouver sur tous les avions Levasseur destinés à la Marine Nationale. En outre, comme bon nombre d’avions embarqués, ce bombardier-torpilleur disposait d’une voilure repliable permettant son entreposage sur porte-avions.
Les quatre premiers PL.2 entrèrent en service en février 1926. Ils durent cependant attendre encore un peu plus de deux ans avant de connaitre leur premier embarquement.
Le Levasseur PL.2 fut de la croisière inaugurale du porte-avions Béarn en mai 1928. Les neuf avions commandés avaient tous été livrés et servaient au sein de l’Escadrille 7B4 spécialement créée pour eux sur la base aéronavale de Hyères près de Toulon.
À l’automne 1930 pourtant la 7B4 fut mise en sommeil et les PL.2 versés à l’Escadrille 7B2. Cela coïncidait en fait avec la livraison à l’Escadrille 7B1 des premiers Levasseur PL.7 bien plus modernes. En février suivant ces derniers les remplacèrent même à bord du Béarn.
Désormais désarmés les PL.2 furent réservés à des vols d’entraînement avancé et de transformation opérationnelle avant d’être retirés du service en juin 1932. Ainsi se terminait la carrière d’un bombardier-torpilleur qui ne participa à aucun combat.
Peu réussi sur le fond comme sur la forme le bombardier-torpilleur Levasseur PL.2 permit tout de même aux marins français de se faire la main. Sa carrière courte et totalement pacifique explique en grande partie le fait qu’il demeure méconnu de nos jours. Un siècle après son premier vol l’avion est retombé dans l’oubli.
Aucun n’a été préservé.
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