En avril 1916, le ministère de l’Air élabora une demande pour un avion triplace de reconnaissance à longue portée. Cet appareil était destiné à l’aéronautique française désireuse de trouver un successeur au Caudron R.IV. Les spécifications comportaient de lourdes exigences en termes de performance, de taille approximative et de puissance ainsi que l’utilisation de 2 moteurs Hispano-Suiza 8. Quelques mois après la publication de ce document, seul le bureau Letord, peu connu, avait exprimé sa volonté de créer une machine selon le rigoureux cahier des charges. Ce projet fut mis en œuvre directement avec le colonel Dorand, l’un des auteurs de ces spécifications. Le prototype, qui vola en 1916, s’avéra être une réussite, et la firme signa immédiatement un contrat pour 390 exemplaires de série. L’avion, baptisé Letord 1 ou Let.1, apparut en avril 1917 dans les escadrilles françaises.
L’appareil se présentait comme un biplan tricycle d’assez grosses dimensions, avec une structure en bois massif avec un revêtement tissu. Il était propulsé par 2 moteurs Hispano-Suiza 8A, de 150 ch. Un des traits caractéristiques de la machine était encoche significative sur l’aile supérieure pour améliorer la visibilité vers le haut. Le pilote était assis dans un cockpit ouvert, le mitrailleur de queue également au milieu du fuselage. Le troisième membre d’équipage se plaçait dans le nez où il pouvait agir en tant que tireur, observateur, ou bombardier. Equipé de 4 mitrailleuses en tout, le bimoteur Let.1 pouvait emporter 150 kg de bombes.
De conception plus récente, les performances du Letord furent relativement similaires à celles de son prédécesseur, le Caudron R.VI. De nombreuses versions différentes du Letord furent construites. Elles se distinguaient essentiellement par le type de mission ou la motorisation embarquée. Ainsi le Let.2 était une version améliorée du Let.1 avec deux moteurs Hispano-Suiza 8Ba de 200 ch. et une envergure légèrement accrue. Le Let-3, identique au Let-2, était lui destiné aux missions de bombardement. Ces deux appareils augmentaient assez sensiblement leur vitesse et leur taux de montée par rapport au modèle d’origine.
Les versions Let.4, de reconnaissance, et Let.5 de bombardement furent équipées de moteurs Lorraine-Dietrich 8A ou 8Fb de 220 ch., sans autre changement. Sur le Let.6, destiné à l’escorte de bombardiers (section CA3, chasseur triplace), la motorisation était assurée par des moteurs Hispano-Suiza 8Be et l’armement se composait d’un canon de 37mm. Le modèle Let.7 de bombardement emportait deux moteurs Lorraine-Dietrich.
Arrivé en service opérationnel au cours de l’année 1917, on dénombrait au mois d’août 98 Letord au combat. Ce nombre fut porté à 120 en novembre de ma même année. Ces avions venaient complétés les escadrons rattachés aux armées terrestres, déjà équipés avec d’autres types d’avions. Un seul escadron fut entièrement équipé de Letord. Parmi les nombreuses variantes, Le Let.5 fut le plus important, avec environ cinquante exemplaires qui furent employés entre 1917 et 1918.
En 1918, une dernière version fut conçue : le Let.9. Il s’agissait d’un bombardier nocturne biplace (désignation BN2), équipés de moteurs Liberty L-12. Il ne fut jamais construit en série, et la commande fut annulée à la fin du conflit en novembre 1918.
Malgré des commandes nombreuses (estimées à plus de 1.500), les Letord furent effectivement construit à 300 unités environ, toutes versions confondues. Les appareils restèrent en service jusqu’à la fin de la guerre, et ils furent ensuite démilitarisés et utilisés au profit des liaisons postales et de transport de fret. Fondamentalement, le Letord conçu pour la reconnaissance s’avéra un bon appareil de combat, comme bombardier.
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