Depuis le début des années 1990 le marché mondial des avions de transport militaire a explosé avec l’apparition de nouveaux avionneurs dans les pays émergents, ou le retour d’avionneurs provenant d’Europe Orientale. En effet dans les anciens pays du Pacte de Varsovie de nombreux constructeurs aéronautiques étaient dans l’ombre des géants soviétiques. Avec l’effondrement de l’URSS ces petits avionneurs avaient la possibilité de revenir sur le devant de la scène. C’est le cas de l’avionneur tchèque Let avec son avion à vocation régionale L-410 qui connait depuis le début du XXIème siècle un regain de popularité auprès des clients militaires, notamment en Europe.
Au milieu des années 60 la compagnie aérienne soviétique d’état Aeroflot annonça qu’elle recherchait un nouvel avion de transport régional léger afin de remplacer ses Antonov An-14. A cette fin le Kremlin décida de demander à l’avionneur tchécoslovaque Let, jusque là spécialiste dans les avions légers et dans les planeurs, de concevoir un tel avion. La proposition de Moscou n’était pas totalement désintéressée, mais surtout complétement politique. En effet Let était alors connu pour être une des rares industries aéronautiques d’Europe de l’Est à vendre ses machines à l’Ouest, y compris aux États-Unis. Les Soviétiques comprirent rapidement qu’un tel avion conçu en Tchécoslovaquie leur permettrait une certaine main-mise sur une partie de l’industrie aéronautique occidentale.
Let n’eut pas le choix et dû se lancer dans l’étude du nouvel avion, mais décida de marquer le programme de son empreinte. En effet l’avionneur travaillait déja depuis le début des années 1960 sur le concept ADAC (Avion à Décollages et Atterrissages Courts) et comptait bien faire de son nouvel avion une machine mixte, transport régional de ligne et transport militaire léger. Le programme fut désigné L-410.
L’avion se présentait sous la forme d’un biturbopropulseur monoplan à aile haute cantilever disposant d’un empennage cruciforme classique. L’avion de facture très classique, disposait d’un train d’atterrissage tricycle escamotable, notamment dans des renflements de fuselage pour le train arrière. Il disposait d’un cockpit biplace côte à côte. Sa motorisation reposait sur deux turbopropulseurs Pratt & Whitney of Canada PT6A, un propulseur très répandu dans le monde. Il fut envisagé dès le début de construire une version capable de transporter des palettes de fret ou de parachuter des troupes grâce à une porte de chargement, cette version reçu la désignation de L-410UVP. Le prototype effectua son premier vol le 16 avril 1969. Le premier client fut bien évidemment Aeroflot.
Il fallut attendre 1974 pour voir la première commande militaire, un L-410AF de reconnaissance photographique et d’observation qui fut livré à la Hongrie pour des missions de surveillance de sa frontière commune avec l’Autriche. Par la suite c’est l’Union Soviétique qui acquis près de 250 L-410UVP en remplacement de ses Antonov An-2 dans les unités de premières lignes en 1977. Par la suite ce sont les pays d’Afrique du Nord, Lybie et Tunisie, qui acquirent l’avion, mais également ceux du Moyen Orient à l’image du Yemen. Les états satellites de l’URSS reçurent également l’avion pour leurs forces aériennes. Les ventes militaires ralentirent jusqu’à la fin du Pacte de Varsovie, où l’avionneur devint tchèque.
Après l’éclatement de l’URSS d’anciennes républiques soviétiques se partagèrent les L-410 frappés de l’étoile rouge. Principalement les avions furent reversés à la Russie, mais également à la Lettonie, la Lithuanie, et l’Ouzbékistan. Les deux états baltes furent d’ailleurs les premiers pays européens à acquérir par la suite des L-410 neufs en 1995.
Des états ex-yougoslaves ont aussi mis en service des L-410 pour leurs missions de transport : la Croatie, la Slovénie, et la Macédoine.
Mais l’un des utilisateurs les plus emblématique fut l’Allemagne, les L-410 étaient les derniers avions issus de l’ancienne RDA dans l’arsenal de la Luftwaffe après le retrait des derniers MiG-29 et du triréacteur de ligne Tu-154 utilisé jusque là pour le transport d’état-major. Le remplacement des L-410 allemands est intervenu en 2012. Jusqu’à la fin de son service actif allemand le petit avion fut intensivement utilisé, notamment au profit de la force internationale présente en ex-Yougoslavie.
Une version très spéciale, appelé L-410FG a été construite à quelques exemplaires pour des missions de cartographie tous-temps et de reconnaissance météorologique. Ces avions s’identifient au premier coup d’oeil à leur nez largement vitré, un peu à l’image des L-410AF. En 2014 quelques uns servaient encore en république tchèque, en Russie, et en Slovénie.
Début 2014 le L-410 était toujours proposé à la vente pour les clients militaires. Ce sont principalement les pays en voie de développement qui étaient visés. Entre 2004 et 2012 plusieurs sociétés privées américaines ont exploité cet avion en Afghanistan, pour des contrats au profit des forces américaines et de la CIA, avec des livrées rappelants généralement fortement les avions militaires russes. Le L-410 a connu un successeur sans résultat, le L-610. Outre la motorisation d’origine canadienne, fréquente sur les avions civils, il existe une motorisation maison, le Motorlet peu utilisé en fait en dehors de l’ex-bloc communiste.
Concurrent avéré du Twin Otter canadien le petit avion tchécoslovaque n’a toutefois pas connu autant de fortunes. Néanmoins il demeure un des avions militaires les plus célèbres de sa catégorie.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.