La place prise depuis le milieu des années 1990 par les aéronefs sans pilote ne cesse de croître. Aujourd’hui la majorité des grands groupes industriels se sont lancés au moins une fois sur ce marché, parfois avec de la réussite parfois sans. Comme pour les avions pilotés il est essentiels que les constructeurs de drones développent aussi des démonstrateurs technologiques afin de valider certaines théories mais aussi de concrétiser des recherches en ingénierie. En Europe c’est l’entreprise Alenia Aermacchi qui développa une telle machine aujourd’hui connue sous la désignation de Leonardo Sky-Y.
C’est en octobre 2005 que la société italienne Finmeccanica demanda à sa branche aéronautique Alenia Aermacchi de travailler sur un nouvel avion sans pilote expérimental destiné à poser les bases d’un futur drone de reconnaissance MALE. L’avionneur à l’origine du jet d’entraînement M-346 Master n’était pas un néophyte dans ce domaine ayant développé quelques mois plus tôt le Sky-X lui aussi destiné uniquement à des essais.
Le nouveau programme était désormais bien plus ambitieux puisque devant déboucher sur une machine à terme construite en série. Le futur appareil reçut la désignation de Sky-Y.
Les designers et ingénieurs italiens décidèrent pourtant de jouer la carte de la rupture malgré des désignations très similaires. Le Sky-Y n’avait plus rien à voir avec le Sky-X.
De premières vues d’artistes de l’appareil furent présentées publiquement à l’été 2006. Elles laissaient alors entrevoir un drone ayant des formes très similaires avec l’IAI Heron. Malgré cela les Italiens ont nié avoir reçu la moindre assistance israélienne. En parallèle les équipes d’Alenia Aermacchi poursuivaient l’assemblage de leur prototype.
Finalement le drone fut totalement construit au printemps 2007.
Extérieurement l’Alenia Aermacchi Sky-Y se présentait sous la forme d’un avion sans pilote monoplan à aile basse cantilever construit intégralement en matériaux composites. Sa motorisation est axée autour d’un Fiat DieselJet 1.9 à quatre cylindres en ligne entraînant une hélice tripale propulsive en métal. L’entrée d’air du moteur se trouve en extrados de fuselage. Pour le reste le Sky-Y dispose d’un empennage double poutre et un train d’atterrissage tricycle fixe. Son fuselage possède un nez proéminent permettant l’installation d’équipements divers et variés.
C’est dans cette configuration dite lisse que le premier vol intervint le 10 juin 2007.
Quelques jours seulement après ce vol inaugural le Sky-Y était officiellement présenté au monde lors du Salon du Bourget 2007, trônant à côté d’un avion de transport tactique C-27J Spartan II lui aussi conçu et construit par Alenia Aermacchi. Le drone suscita un certain intérêt lors de la grand-messe française de l’aéronautique.
Pourtant l’avion sans pilote expérimental n’entra réellement en service que l’année suivante. C’est en effet en janvier 2008 que le drone reçut ses premiers équipements spécifiques sous la forme du système E-FCS, pour Experimental Flight Control System. Ce dernier était un pur produit italien, conçu par Alenia SIA. Cette société appartenait elle aussi au groupe Finmeccanica !
L’E-FCS était le véritable cerveau du Sky-Y. Il possédait un ordinateur de bord contrôlant aussi bien le positionnement de l’engin, à la fois de manière inertielle que par GPS, que le débit d’air absorbé par le moteur ou encore le FADEC de celui-ci. En vol cet E-FCS permettait aussi de connaître en temps réel les données anémométriques et même de régler la pression des pneus du train d’atterrissage.
Malgré une autonomie de quatorze heures le Sky-Y fut volontairement bridé. Son rayon d’action était limité à 500 kilomètres du shelter dans lequel prend place son télépilote. Il s’agissait d’une demande conjointe de l’Aeronautica Militare et de l’aviation civile italienne. Dans la réalité des faits il pouvait parcourir plus de 930 kilomètres sans difficulté.
Les années 2009, 2010, et 2011 furent marquées par l’apparition de systèmes de surveillance électro-optiques et infrarouges permettant au drone de vraiment prendre son rôle de démonstrateur technologique d’un engin de reconnaissance MALE.
À cette époque là les militaires italiens tentent même d’acquérir auprès de Finmecanicca une construction en série du Sky-Y mais sans succès. Pour l’industriel son drone est uniquement expérimental.
En 2012 il fut décidé de faire une pause dans l’exploitation du Sky-Y. On pensa alors le programme enterré définitivement. Finalement il refit surface en 2015 sous l’égide du groupe Leonardo, nouvelle raison sociale de Finmecanicca. Désormais l’avion sans pilote devait permettre de valider les concepts d’utilisation du futur Leonardo Molynx, un bimoteur dérivé destiné à la construction en série. Malheureusement cet ambitieux drone ne dépassa pas le stade de la vue d’artiste et de la maquette Leonardo ayant décidé de changer son fusil d’épaule. Le groupe italien rejoignit les Allemands et Espagnols d’Airbus DS et les Français de Dassault Aviation au sein du programme Eurodrone.
Désormais le Leonardo Sky-Y était appelé à soutenir cette initiative Eurodrone, officiellement baptisée European Medium Altitude Long Endurance Remotely Piloted Aircraft System. Dans cette optique il testa dès 2016 l’intégration du système de reconnaissance et de visée électro-optique Selex Galileo EOST45. Un FLIR couplé à une caméra thermique a également été installé ainsi que des équipements de brouillages actifs et passifs.
Drone purement dédié à la démonstration technologique et aux essais le Leonardo Sky-Y connut une seconde phase de mise en sommeil lors du confinement de 2020 suite à la pandémie de Covid-19. Il a repris ses vols en 2021 au profit de plusieurs programmes dont Eurodrone.
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