Depuis le début du 21e siècle la capacité des nations à aligner des unités de forces spéciales est un marqueur fort pour les militaires autant que pour les décideurs politiques. Si beaucoup de pays sont ainsi capables de mettre en œuvre de tels commandos de fantassins spécialement entraînés pour les situations de crises ou pour les missions les plus discrètes la vraie différence vient dans les moyens de soutiens logistiques. Véhicules terrestres spécialement adaptés, canots rapides semi-rigides, et bien entendu aéronefs sont primordiaux aux forces spéciales. Dans cette dernière catégorie les hélicoptères spécifiquement dédiés à ces troupes d’élites ne sont pas si fréquents que cela. En Italie l’Aéronautica Militare met en œuvre une des machines les plus efficaces de la planète : le Leonardo HH-101 Caesar.
Lorsqu’en 1980 les constructeurs Agusta en Italie et Westland en Grande Bretagne s’associèrent autour du programme d’hélicoptère européen EH-101 une version adaptée aux missions dites spéciales était déjà prévue. Cependant au fil de son évolution vers l’AW.101 Merlin construit en série cette option fut peu à peu abandonnée. L’Aeronautica Militare et la Royal Air Force ne la considéraient alors plus comme essentielle.
Les attaques terroristes du 11 septembre 2001 contre la côte est des États-Unis changèrent petit à petit la donne, du fait de l’engagement allié en Afghanistan qui s’en suivi. Et étrangement c’est en Italie que la doctrine évolua vers autre chose, vers une nouvelle machine.
L’apparition au début de l’année 2005 de l’Eurocopter EC-725HUS Caracal au sein de l’Armée de l’Air et de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre fit réfléchir les décideurs transalpins. Si les forces spéciales françaises allaient disposer d’un tel outil spécialement pensé pour elles leurs homologues italiens devraient en faire de même. Politiquement il était cependant impossible pour Rome d’acquérir le Caracal car cela aurait été perçu par l’opinion publique comme une trahison envers l’hélicoptériste Agusta-Westland.
Une réflexion fut alors lancé dès l’année 2009 en vue de trouver un successeur efficace au Sikorsky HH-3F Pelican alors en dotation dans le rôle à la fois de soutien aux forces spéciales et de recherches-sauvetages au combat. Bien que polyvalente cette machine d’origine américaine était désormais vieillissante.
Une bataille d’experts s’engagea entre ceux qui prônaient le recours à l’Agusta-Westland AW.101 Merlin et ceux qui privilégiaient le NHIndustries NH-90 TTH Caïman. Ces derniers avançaient qu’un tel hélicoptère pourrait ensuite être efficacement vendu à l’Allemagne, à la Belgique, l’Espagne, ou encore aux Pays-Bas. Ils n’eurent pour autant pas gain de cause puisqu’en juin 2011 l’AW.101 fut déclaré vainqueur.
Dès lors l’hélicoptère fut connu comme Agusta-Westland AW.101 Merlin 611. Les ingénieurs britanniques et italiens travaillèrent main dans la main avec les militaires de l’aviation et des forces spéciales italiennes. Pour une raison purement institutionnelle héritée de la chute du régime fasciste le futur hélicoptère ne pouvait pas être purement une machine d’infiltration et d’exfiltration de commandos d’élite. Il devait, comme le HH-3F Pelican avant lui, pouvoir remplir des missions plus pacifiques de recherches et de sauvetages au combat.
Finalement le prototype fut assemblé entre l’automne 2013 et la fin de l’hiver 2014. Il réalisa son premier vol le 19 mars de la même année depuis les usines britanniques de l’hélicoptériste à Yeovil.
Officiellement l’Aeronautica Militare passa commande pour quinze exemplaires de cet Agusta-Westland AW.101 Merlin 611. Le premier exemplaire fut livré le 19 juin 2015 au 15° Stormo stationné à Cervia dans le nord-est de l’Italie. Pour autant les trois premières machines de série ne furent déclarées opérationnelles qu’un peu plus d’un an plus tard, en juillet 2016
Désormais on ne parlait plus d’Agusta-Westland AW.101 Merlin 611 mais de Leonardo HH-101 Caesar, la nouvelle dénomination l’appareil. Leonardo était en effet la raison sociale de la maison mère d’Agusta-Westland, la désignation HH-101 étant celle de l’appareil dans la nomenclature italienne, et Caesar étant son patronyme. Ce dernier était d’ailleurs un jeu de mot ! Caesar est le terme générique en italien des empereurs de la Rome antique mais également l’interprétation phonétique de C-SAR, pour Combat-Search And Rescue, une des deux missions premières de l’aéronef.
Extérieurement donc le Leonardo HH-101 Caesar a tout d’un Agusta-Westland AW.101 Merlin. Cependant comme l’Eurocopter EC-725 Caracal diffère de l’AS.532 Cougar l’hélicoptère italien a ses propres particularités. Une trappe d’aérocordage fut installée dans le plancher du Caesar, ainsi qu’un FLIR dans le nez couplé à une caméra thermique à haute résolution, et un treuil mécanique fixe sur le côté droit. À l’instar de l’hélicoptère des forces spéciales françaises celui des commandos italiens dispose d’une perche amovible de ravitaillement en vol permettant d’accroitre substantiellement son rayon d’action. Dans ce cas c’est le tanker quadrimoteur à turbopropulseurs Lockheed-Martin KC-130J Super Hercules qui peut être employé.
Pour sa protection et celle de son équipage et de ses passagers le HH-101 Caesar s’appuie sur des éjecteurs de leurres thermiques et sur deux mitrailleuses Minigun à grande cadence de tir. En mission dite gunship une troisième arme identique peut être installée sur la rampe arrière ; l’hélicoptère n’embarquant alors aucun passager.
En service actif les dix premiers hélicoptères ont été réceptionné par l’Aeronautica Militare dans une très élégante livrée noire tandis que les cinq derniers l’ont été dans une plus classique grise à basse visibilité. Les premiers sont les appareils dédiés aux infiltrations et exfiltrations de forces spéciales au delà des lignes ennemis et les seconds ceux affectés aux missions de type C-SAR. Pour autant les deux modèles servent au sein du 15° Stormo.
Le Leonardo HH-101 Caesar est également utilisé par les militaires italiens pour des missions de service publique comme par exemple la dépose de commandos feux de forêts lors d’incendies de grande ampleur.
Lors de ses missions habituelles l’appareil peut accueillir jusqu’à vingt commandos équipés ou neuf parachutistes pour des largages discrets.
Construit à seulement quinze exemplaires Le Leonardo HH-101 Caesar n’a pas été exporté. Pour autant depuis 2019 une version internationale est disponible sur les marchés de défense où l’hélicoptère ne réussit nullement à s’imposer face à l’Airbus Helicopters H225M. Pour autant il donne pleine satisfaction aux forces italiennes, et c’est là un véritable argument. Le dernier exemplaire de série a été livré au second semestre 2020.
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