A la fin des années 40 les Soviétiques, sentant la menace américaine monter, se lancèrent dans ce qui n’était pas encore une course à l’armement mais commençait tout de même à en avoir le goût. En effet Moscou comptait défendre son territoire contre une éventuelle attaque des bombardiers nucléaires de l’US Air Force. Trois constructeurs furent alors contactés pour construire ces futurs chasseurs : Lavotchkin, Mikoyan-Gurevitch, et Yakovlev.
Le premier d’entre eux travaillait depuis 1946 sur les études menées en Allemagne par Focke-Wulf pour son éventuel Ta-183, un programme de chasseurs de très grande qualité qui n’eut fort heureusement pas le temps d’être mis au point avant la chute du IIIème Reich. Ce Ta-183 revu et corrigé par Lavotchkin reçu la désignation de La-174. L’avion était mû par un réacteur Rolls & Royce Derwent fourni par les Britanniques avant le début du blocus de Berlin. Si l’avion présentait une architecture générale originale, il n’en demeurait pas moins un avion difficilement pilotable et qui avait une fâcheuse tendance à partir en vrille au-delà des 8000 m d’altitude. A cette hauteur les avions de chasse étaient, à cette époque, dans leur pré carré. Les défauts du La-174 le condamnèrent définitivement.
Toutefois Moscou avait plus que jamais besoin de chasseurs nouveaux, et notamment de chasseurs de protections frontalières. C’est dans cette optique que l’Aviation du Front demanda à Lavotchkin de modifier son La-174 afin d’en faire un chasseur à cours rayon d’action destiné à la protection des frontières et des points sensibles de la Mère Patrie. Cela déboucha sur la conception du La-174D, un prototype ressemblant fortement à son prédécesseur mais dotés de quelques améliorations.
Le La-174D se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute en flèche monoréacteur disposant d’un train d’atterrissage tricycle. Sa motorisation était assurée par un turboréacteur Klimov RD-500, une copie soviétique du Derwent. Il disposait en outre d’un empennage en T à flèche accentuée. Sa construction était entièrement métallique. Son armement se composait de trois canons de 23mm dans le nez. L’avion effectua son premier vol le 8 janvier 1948.
Lavotchkin reçut un contrat portant sur 220 avions, auxquels furent ajoutés quinze biplaces six mois plus tard, en octobre 1948. Il entra en service en août 1949 sous la désignation de La-15. Les avions de série furent immédiatement affectés à des unités de chasse équipés à ce moment là de vieux Mikoyan-Gurevitch MiG-3 et Yakovlev Yak-9 hérités de la Seconde Guerre mondiale.
L’avion était à niveau pour l’interception des bombardiers issus de la Seconde Guerre mondiale, toutefois avec l’apparition du Convair B-36 Peacemaker il apparu rapidement à l’état-major soviétique que le La-15 était trop lent et trop peut maniable pour protéger correctement le pays. Ceci couplé au fait qu’il fallait plus d’un millier de pièces détachées pour l’assembler. Il n’en fallut pas plus pour que l’avion ne soit pas construit en plus d’exemplaires.
Le La-15 fut rapidement identifié par l’OTAN comme un chasseur de premier plan, ce qui n’était pas vraiment le cas, et lui attribua la désignation de Fantail. Pour les Occidentaux le Fantail était un avion avant tout destiné à la patrouille aérienne, alors qu’il s’agissait en réalité d’un intercepteur pur et simple.
Avec l’arrivée de chasseurs soviétiques plus modernes que le La-15 comme ceux mis au point par Mikoyan-Gurevitch, les chasseurs à aile haute furent rapidement envoyés loin des zones où ils risquaient d’intercepter les chasseurs américains. Toutefois il semblerait qu’en 1953 une patrouille de Fantail ai intercepté à proximité de Sakhaline des North American F-82 Twin-Mustang américains, certainement en provenance du Japon, sans pour autant qu’un seul avion ne soit abattu. Ni dans un camp ni dans l’autre.
En 1954 Moscou décida de retirer du service ses La-15 afin de les remplacer par des Yak-25 biréacteurs. Les avions biplaces, destinés à l’entrainement, étaient désignés La-15UTI. Deux d’entre eux furent désignés La-180 quand l’avionneur les transforma pour des missions d’études de vol à haute altitude.
Par la suite Lavotchkin se lança dans le développement d’une version améliorée du chasseur, le La-176, qui ne donna toutefois pas de suite. Le prototype du La-176 fut en revanche le premier avion soviétique à franchir le Mur du Son, en piqué certes, mais le « record » fut homologué à Mach 1.02. Contemporain du North American F-86 Sabre le La-15 n’avait absolument pas les qualités de son homologue américain. Avec cinq années seulement de service actif en URSS le La-15 est un des jets de combat les plus éphémères. Il semblerait qu’environ une trentaine de ces avions aient été perdus lors d’accidents, soit plus de 10% du total construit.
Si le Fantail fut le premier chasseur à réaction construit en série par l’avionneur Lavotchkin, il n’en demeure pas moins aussi le dernier, le La-250 n’ayant pas dépassé le stade du prototype. Le Lavotchkine La-15 n’a pas été exporté. De nos jours quelques-uns uns sont exposés dans des musées comme à Monino, le célèbre musée aéronautique russe ou au Pima Air Museum, un musée privé situé en Californie. Toutefois il semble qu’aucun La-15 ne soit en état de vol actuellement.
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