Au sein du Kaigun Koku Gijitsu Sho (en abrégé Kugisho : Arsenal Technique d’Aéronautique Navale) de Yokosuka, une équipe de techniciens dirigée par le capitaine Masaoki Tsuruno procéda en avril 1943 à l’étude d’un appareil révolutionnaire pour le compte de la Marine Impériale. L’engin, de configuration « canard« , c’est à dire avec l’aile et le moteur à l’arrière et l’empennage à l’avant, devait être supérieur à tous les autres avions existants, amis comme adverses, et capable d’anéantir les B-29 Superfortress américains, hantise des Japonais.
Le futur intercepteur devait être motorisé avec un turboréacteur et, pour vérifier la validité de sa conception, le capitaine Tsuruno fit construire par le Kugisho trois planeurs « canard » entièrement en bois, les Yokosuka MXY 6, dont l’un d’eux fut équipé d’un petit moteur à 4 cylindres. Les essais, effectués fin 1943, furent satisfaisants et même prometteurs au point que le haut commandement ordonna aussitôt la construction de prototypes de l’appareil définitif, avec toutefois une directive incontournable dans l’immédiat : la motorisation serait classique, à pistons et hélice, les turboréacteurs ayant du retard dans la mise au point, les délais de livraison et manquant de fiabilité.
La Marine Impériale confia la construction du nouvel appareil à la firme Kyushu en juin 1944 en lui adjoignant les meilleurs techniciens dont , bien sûr, le concepteur Masaoki Tsuruno, et dix mois plus tard, en avril 1945, deux prototypes étaient prêts pour les essais. L’engin était un monoplan aile basse entièrement métallique à train d’atterrissage tricycle escamotable, avec un moteur radial à 18 cylindres refroidi par air à l’arrière entraînant une hélice à 6 pales de grand diamètre. Il était armé de quatre canons de 30 mm à tir rapide (450 coups/minute) logés dans le nez et pouvait emporter 120 Kg de bombes. Fait unique, et le temps pressant, la marine l’agréa avec enthousiasme sous la désignation J7W1 Shinden (Foudre magnifique) et ordonna la construction en série avant même les essais en vol, avec une production prévisionnelle de 30 exemplaires pour Kyushu et 120 pour Nakajima. L’étude du successeur à turboréacteur Ne-130 de 900 Kgp (J7W2) fut relancée. Pendant ce temps, son homologue adverse moins au point, le Curtiss-Wright XP-55 Ascender, était abandonné après 3 prototypes très décevants.
À cause de difficultés d’approvisionnement, le Shinden ne vola pour la première fois que le 3 août 1945 avec le capitaine Tsuruno aux commandes. Le puissant moteur entraînant la grande hélice à 6 pales provoquait un tel effet de couple au décollage que l’appareil « embarquait » fortement à droite et faisait l’objet d’importantes vibrations. Pendant les 45 mn d’essais en vol, le pilote conserva le train d’atterrissage en position sortie.
Les bombardements atomiques des 6 et 9 août, puis la capitulation du 15 août 1945 mirent un terme à l’histoire du J7W. Le concepteur-pilote estima qu’après quelques améliorations, le Shinden serait devenu un formidable appareil ; les Américains, qui l’acheminèrent par bateau aux États-Unis pour l’étudier, reconnurent avoir heureusement échappé à un très redoutable adversaire.
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