Comme la majorité des nations engagées dans la Seconde Guerre mondiale l’empire nippon chercha à économiser ses ressources en métal, notamment au travers de ses productions aéronautiques. Et comme d’autres tels les Américains avec le Bell XP-77 ou encore les Britanniques avec le De Havilland Mosquito les Japonais s’essayèrent à la conception d’avions d’armes construits en bois et contreplaqué. L’un des résultats les plus surprenants mais aussi méconnus fut un petit monoplan de bombardement en piqué et d’entraînement avancé demeuré à l’état de prototype : le Kugisho D3Y Myojo.
En novembre 1942 des ingénieurs de l’arsenal aéronautique Kugisho entamèrent le développement d’un nouveau bombardier en piqué destiné à l’aéronavale japonaise. Le cahier des charges prévoyait que le futur avion puisse emporter 600kg de bombes sous les ailes et le fuselage ainsi que deux canons de 20mm en position de chasse et une mitrailleuse mobile arrière de calibre 7.92mm. Mais surtout il fallait que le nouvel appareil soit construit intégralement en matériaux non stratégique, c’est à dire en bois et contreplaqué là où habituellement on aurait utilisé du métal.
Les ingénieurs de Kugisho attribuèrent à l’avion la désignation de D3Y et le nommèrent Myojo, l’un des noms vernaculaires de la planète Vénus. En fait ils décidèrent de baser leur travail sur un avion certes ancien mais qui avait démontré ses qualités : l’Aichi D3A. Et on ne peut pas dire qu’extérieurement les deux avions ne se ressemblaient pas.
Le Kugisho D3Y Myojo se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever construit majoritairement en bois et contreplaqué. Il disposait d’un train d’atterrissage tricycle fixe caréné et d’un cockpit biplace en tandem partiellement vitré. Son armement offensif, conforme au cahier des charges, était principalement installé sous le fuselage.
La propulsion de l’avion était assurée par un moteur en étoile Mitsubishi Kinsei type 44 d’une puissance de 1085 chevaux entraînant une hélice tripale. Cette dernière avait la particularité d’être en partie métallique. En raison de retards lourds dans son développement le premier prototype du D3Y Myojo ne réalisa son premier vol qu’en février 1945.
À cette époque l’espace aérien japonais était envahi régulièrement par les avions américains, si bien que les essais en vol du Kugisho D3Y Myojo en firent les frais. Pour autant l’état-major de la marine impériale passa commande pour trois avions de présérie en plus du second prototype dont l’usinage se terminait au moment de ce vol inaugural. Les préséries devaient préparer aux sous-versions envisagées par la marine : bombardement en piqué embarqué, entraînement au tir mitrailleuse, mais aussi attaques kamikazes. Dans cette dernière configuration le monomoteur n’emportait qu’une unique bombe de 800kg fixée sous le fuselage et des réservoirs de carburant supplémentaires.
Lors d’un vol d’essais en mars 1945 le pilote du second prototype rencontra brièvement la chasse américaine. Après avoir essuyé des tirs, venant d’un North American P-51D Mustang escortant des bombardiers lourds, il réussit à rentrer à sa base témoignant ainsi de la robustesse de cet avion en bois. Côté allié il ne fut fait nullement état de la rencontre avec un avion inconnu, le pilote de l’US Army Air Force ayant sûrement confondu le Kugisho D3Y avec un Aichi D3A tant les deux avions se ressemblaient.
Lorsque le Japon capitula en août 1945, après les bombardement atomiques américains, les officiers de l’US Army Air Force et de l’US Navy découvrirent les trois D3Y Myojo de présérie à divers stades d’usinage. Leurs pilotes essayèrent brièvement, sur place, l’un des prototypes sans pour autant être impressionné. Finalement ils furent tous laissés sur place.
Le Kugisho D3Y Myojo est, à l’instar des Aichi H9A et Kyushu K11W, un des rares avions japonais à n’avoir jamais reçu un nom de code allié. Pour la simple et bonne raison que les Américains ignoraient tout de son existence et même de son développement. Et la seule fois où ils rencontrèrent ils n’eurent aucune réaction le concernant. C’est aussi pour cela que l’avion est si peu connu ! De nos jours malheureusement il n’en demeure plus rien.
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