Durant la Seconde Guerre mondiale plusieurs types différents d’avions de transport tactique, aussi bien dans les forces de l’Axe que celles des Alliés, furent dérivés de planeurs alors en service. Ainsi on connait les General Aircraft Hamilcar britanniques et Messerschmitt Me 323 Gigant allemands qui étaient directement issus d’avions non motorisés. Par contre il fut moins courant qu’un planeur soit dérivé d’un avion de transport, et pourtant cela exista avec le bimoteur Kokusai Ki-59 qui donna naissance au Ku-8.
Au départ cette machine était un avion de ligne raté : il tire ses origines du TK3, une machine de transport civil pour dix passagers destinés aux liaisons intérieures japonaises. Conçu par Kokusai cet aéronef ne fut construit qu’à deux exemplaires, prototype compris, et ne vola jamais de manière opérationnelle. En effet la concurrence des avions américains contemporains, et notamment des bimoteurs Lockheed de la famille Electra, condamna le TK3.
Toutefois les ingénieurs de Kokusai croyaient en la rusticité de cette machine et ils décidèrent d’en développer une version de transport tactique destinée aux forces terrestres japonaises. Pour cela il modifièrent le prototype du TK3 et le présentèrent aux autorités.
Bien que l’avion fût assez moyen il fut commandé en série à hauteur de soixante exemplaires sous la désignation de Kokusai Ki-59.
Cet avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile haute bimoteur. Construit en bois contreplaqué et métal il était propulsé par deux moteurs en étoile Hitachi Ha-13 d’une puissance unitaire de 450 chevaux entraînant chacun une hélice bipale en bois. Avec son train d’atterrissage tricycle fixe et sa carlingue de forme rectangulaire l’avion était particulièrement original. Sa cabine permettait l’accueil de huit à dix passagers, dans un confort type avion civil.
C’est dans cette configuration que le premier Ki-59 vola pour la première fois au début de l’année 1941.
Ce bimoteur entra rapidement en service, principalement pour des unités d’état major et de liaison. En effet à l’usage les Japonais se rendirent assez vite compte que cet avion était inapte au transport de fret. Toutefois une idée germa dans la tête de certains généraux nippons qui souhaitaient modifier cet avion en planeur de transport.
C’est la raison pour laquelle le soixantième exemplaire de série fut prélevé des stocks fin 1941 et renvoyé en usine.
Les pièces métalliques furent déposées, tout comme évidemment les moteurs, et le train d’atterrissage. Ce dernier fut remplacé par deux roues principales installées sous le fuselage. La cabine elle aussi fut revue, permettant dorénavant d’accueillir vingt soldats équipés, tandis que le cockpit se limitait à un unique pilote. À la différence des Ki-59 les planeurs pouvaient accueillir une charge de fret de l’ordre de 1 500kg. Ce nouvel engin fut désigné Ku-8 dans la nomenclature nipponne.
Pouvant atteindre une vitesse à haute altitude de 220km/h le Kokusai Ku-8 était généralement tracté par des versions spécifiques et désarmes des bombardiers Kawasaki Ki-48 ou Mitsubishi Ki-21, ou des avions de transport militaire Nakajima Ki-34. Construits à hauteur de 700 exemplaires les Ku-8 furent principalement employés en Chine et aux Philippines, pour des missions dans des environnements où le Japon avait la suprématie des cieux.
Lorsque l’Amérique entra en guerre contre le Japon en décembre 1941 le Ki-59 et le Ku-8 reçurent respectivement les désignations alliées de Theresa et Gander. Ceux-ci furent peu utilisés face à l’US Navy, du fait de leur faible rayon d’action pour les bimoteurs, et de leur relative fragilité pour les planeurs d’assaut. Toutefois le Japon employa ces derniers dans des endroits où les Alliés étaient présents, comme par exemple en Birmanie. Là les Gander permirent aux forces impériales de déposer des troupes sur des sites où les fantassins ne pourraient pas attaquer aisément.
En 1944 Kokusai tenta de développer une version améliorée du Ku-8 Gander sous la désignation de Ku-8II, avec notamment des pièces en métal. Cependant l’avancée des forces américaines obligea l’avionneur à annuler son projet.
Les Ki-59 de leur côté demeurèrent en service au Japon jusqu’à la fin des hostilités.
Avion mal connu, construit à moins de 70 exemplaires au total, le Kokusai Ki-59 en demeure pour autant le principal avion de transport d’état-major des forces terrestres nippones. On remarquera par contre que son architecture générale était étonnamment avant-gardiste en comparaison des autres avions de transport militaire nippon beaucoup plus académiques.
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