Kjeller F.F.9 Kaje

L’entre-deux-guerres permit de poser les bases solides des industries aéronautiques de temps de paix. Le tumulte de la guerre 14/18 était passé et désormais chacun pouvait à sa guise se lancer dans cette nouvelle aventure. En Europe en l’absence de l’Allemagne contrainte par le traité de Versailles les grandes puissances de l’aviation s’appelaient alors France, Italie, Pays-Bas, et Royaume-Uni. Pourtant des pays plus modestes s’y essayèrent à l’image de la Belgique, de la Finlande, ou encore de la Norvège. Dans ce dernier pays une des rares réussites fut l’avion d’entraînement primaire et intermédiaire Kjeller F.F.9 Kaje.

Quand elle apparut au milieu des années 1910 la Kjeller Flyfabrikk se spécialisa en Norvège dans la construction sous licence locale d’avions et d’hydravions principalement de factures allemandes et britanniques. Pourtant en 1921 elle se lança dans le développement d’un premier avion de construction locale appelé F.F.9 Kaje pour le compte de la Hærens Flyvevæsen. Celui-ci était destiné alors à former le mieux possible de jeunes pilotes aussi bien pour les mission de chasse que de bombardement ou encore de reconnaissance. La Norvège se rêvait alors en future grande puissance aérienne, au même titre que la France ou que la Grande Bretagne de ces années 1920.

Sauf que les ingénieurs et techniciens norvégiens se révélèrent rapidement incapables de travailler avec des équipements uniquement locaux. Il leur était impossible de mettre la main sur un moteur digne de ce nom. Ils furent obligés de faire appel à un Mercedes D.II à six cylindres en ligne d’une puissance de 120 chevaux actionnant une hélice bipale en bois. Ce moteur allemand avait fait ses preuves durant la Première Guerre mondiale, aussi bien sur des avions d’entraînement que sur des chasseurs. Pour le reste l’avion faisait appel à des éléments produits dans le pays, y compris les cadrans du poste de pilotage, malgré le fait que la voilure avait été dessiné en Allemagne selon les codes Göttingen.

Monomoteur construit en bois entoilé et contreplaqué le Kjeller F.F.9 Kaje se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure égale. Il était doté d’un train d’atterrissage classique fixe doté d’un patin de queue et d’un empennage de petite taille. Il avait en outre été pensé afin de permettre à ses roues d’être déposées aux profits d’un train à skis. Le pilote instructeur et son élève prenaient place dans deux postes de pilotage en tandem à l’air libre. Chaque avion pouvait emporter jusqu’à huit bombes légères d’exercice de sept kilogrammes chacune. Un premier lot de dix machines fut livré à la Hærens Flyvevæsen en 1922.

Au sein de celle-ci les biplans en question assuraient aussi bien l’entraînement initial que la formation intermédiaire des jeunes pilotes norvégiens. Et en 1924 la Hærens Flyvevæsen demanda à Kjeller Flyfabrikk de développer une version améliorée du F.F.9 sous la forme du Kaje II spécialisé dans la formation avancé des pilotes. Quatre exemplaires en furent fabriqués. Ils furent suivis quelques temps plus tard par le Kaje III spécialisé dans la reconnaissance tactique. Sur ce dernier l’avion disposait d’une mitrailleuse britannique Vickers de calibre 7.7 millimètres montée sur affût annulaire arrière.

Le mercredi 15 juin 1931 un Kjeller F.F.9 Kaje I d’origine fut perdu lors d’un accident au-dessus du Rømsjøen, un lac du sud de la Norvège. Il réalisait un exercice de tir. L’instructeur a réussi à s’en sortir vivant mais l’élève est mort sur le coup. Le biplan coula. Son épave fut finalement retrouvée en 1973 par les plongeurs d’un club du coin. Ce fut là le seul et unique exemplaire de ces biplans perdus en opération. Finalement le F.F.9 demeura en service en Norvège jusqu’en 1935.

Quasiment inconnu en dehors de son pays d’origine le Kjeller F.F.9 Kaje permit à la Norvège de structurer son industrie aéronautique. Il était au final réputé pour sa robustesse et sa capacité à facilement pardonner les erreurs de pilotage des jeunes pilotes. Aujourd’hui l’exemplaire N°33 est préservé au sein des collections du Norsk Luftfartsmuseum sis à Bodø dans le nord de la Norvège.