Si aujourd’hui l’aéronautique américaine se compose de grands groupes représentants plusieurs constructeurs et s’appelant Boeing, Lockheed-Martin, ou encore Textron il n’en a pas toujours été ainsi. Entre les années 1920 et les années 1970 elle était faite d’une myriade d’entreprises plus ou moins grandes dont certaines ne survécurent que le temps d’un ou deux avions avant de disparaitre. L’un de ces industriels aujourd’hui retombé dans l’oubli fut Keystone qui produisit plusieurs types d’avions militaires dont la première réussite fut un bombardier biplans de l’entre-deux-guerres : le Keystone LB-5 Pirate et son évolution directe le LB-6 Panther.
Au lendemain de la Première Guerre mondiale le corps expéditionnaire américain ramena au pays la majorité des aéronefs militaires qu’il avait utilisé en Europe. On y trouvait des avions d’entraînement et de reconnaissance, des chasseurs, ou encore des bombardiers. Majoritairement ils étaient de construction britannique ou française, plus marginalement allemande. Aussi ces stocks d’appareils permirent aux militaires américains de vivre un certain temps sans avoir à ordonner le développement de nouvelles machines. Si bien que l’industrie américaine balbutiante accusait un certain retard dès le milieu des années 1920 vis à vis de ce qui existait en Europe. La plus part des avions militaires construits à cette époque aux États-Unis étaient plus fragiles et moins adaptés que ceux développés en France ou en Grande Bretagne.
Pourtant quelques avionneurs avaient réussi à fournir des avions militaires au jeune US Army Air Corps qui en 1926 prit la succession de l’US Army Air Service. Parmi ces constructeurs on retrouvait Huff-Daland qui avait fourni le bombardier léger monomoteur LB-1 construit en petite série entre 1923 et 1924. Cependant l’échec du programme de bombardier lourd XHB-3 provoqua la disparition de cet avionneur, racheté début 1926 par la société Keystone.
Parmi les programmes conservés par cette dernière il y avait un bombardier léger bimoteur appelé XLB-3. Malgré quelques points positifs l’avion fut refusé par les militaires américains.
Les dirigeants de Keystone ne baissèrent pas les bras et proposèrent alors une version dérivée, faisant appel à des évolutions mineures. Désigné XLB-5 ce bombardier léger fut testé en mars 1927, quelques jours seulement après son premier vol. Sans être extraordinairement moderne l’avion fut commandé en série à hauteur de dix exemplaires sous la désignation de Keystone LB-5 Pirate.
Extérieurement l’avion se présentait sous la forme d’un biplan haubané de construction mixte en bois, tubes de métal, et contreplaqué. Il est propulsé par deux moteurs à douze cylindres en V Liberty L-12 d’une puissance unitaire de 420 chevaux entraînant chacun une hélice tripale en métal. Outre son train d’atterrissage classique fixe le Keystone LB-5 Pirate se singularise par son empennage triple dérive, dont la centrale plus imposante que les deux autres. L’armement de ce bombardier se compose de cinq mitrailleuses mobiles Lewis de calibre 7.7mm. Quatre d’entre-elles sont jumelées, deux dans le nez et deux en position dorsale. La cinquième est installée dans planche sous l’avion. La soute du bimoteur peut recevoir jusqu’à 1050 kilos de bombes.
La commande faillit être annulée après le drame du 28 mai 1927. Ce jour là le prototype XLB-5 fut détruit dans un accident en plein vol après qu’un de ses moteurs ait littéralement explosé. Un des membres d’équipage fut tué sur le coup tandis que les quatre autres purent sauter en parachute. L’un d’eux cependant fut grièvement blessé dans sa chute.
L’accident créa même un précédent puisque de dix avions la commande fut élevée à trente-cinq exemplaires. Les vingt-cinq avions supplémentaires reçurent la désignation de LB-5A. La seule différence avec les autres avion provenait de la double dérive en lieu et place de la triple d’origine.
Quand ils entrèrent en service en octobre 1927 les Keystone LB-5 Pirate étaient, et de loin, les plus modernes de tous les bombardiers américains. Dès lors les LB-1 furent retirés de première ligne et affectés à des missions d’entraînement.
Dans le même temps l’avionneur travaillait déjà à une version améliorée, dotée d’un fuselage rallongé d’un peu plus d’un mètre cinquante et par conséquent d’une envergure accrue. Celle-ci gagnait deux mètres et demi. Un temps désigné LB-5B l’avion reçut la désignation de XLB-6. Grosse différence aussi le moteur Liberty L-12 laissait la place à un Wright R-1750-1 Cyclone à neuf cylindres en étoile entraînant une hélice bipale et développant 525 chevaux.
Complémentaire du LB-5 le Keystone LB-6 fut commandé à dix-sept exemplaires fin 1928, entrant en service l’année suivante. L’avion reçut le patronyme de Panther. Malgré de bonnes qualités en vols l’US Army Air Corps n’était pas satisfait du moteur R-1750-1 Cyclone. Keystone proposa alors une version autour d’un Pratt & Whitney R-1690 Hornet également à neuf cylindres en étoile et disposant de la même puissance. Cette fois les militaires furent satisfait puisque vingt-et-un avions furent commandés, dont trois construits à partir des derniers LB-6 livrés. Ces nouveaux avions un temps désignés LB-6A furent finalement livrés en unités comme LB-7 Panther.
Et très vite dès 1929-1930 les Keystone LB-7 Panther se révélèrent être des avions appréciés pour leur stabilité en vol et leur capacité à voler plus vite que la majorité des autres bombardiers contemporains. Il fut engagé dans plusieurs manœuvres aériennes aux côtés des troupes américaines. En 1930 les trois derniers avions livrés eurent pour mission de rejoindre la zone du canal de Panama alors sous administration américaine. Ces bombardiers avaient pour mission d’entretenir une force de réaction en cas de tentative de reprise par les Panaméens. Bien entendu ils n’eurent jamais à intervenir.
En 1929 un exemplaire fut adapté pour une série d’essais de ravitaillement en vol. Le tanker en question était un monomoteur biplan Douglas C-1. Les deux avions étaient reliés par un tuyau flexible et le carburant rejoignait difficilement le bombardier. L’expérimentation ne fut jamais couronné de succès mais le Keystone LB-7 Panther demeure à jamais le premier bombardier opérationnel à avoir été ravitaillé en vol.
Si les Keystone LB-5 Pirate quittèrent le service actif début 1932 il fallut attendre la toute fin de l’année 1934 pour en voir autant pour les LB-6 et LB-7 Panther. À cette époque ces avions n’étaient plus dans l’ère du temps.
Keystone cependant tenta de leur donner une descendance et deux avions, un LB-6 et un LB-7 furent désarmés et servir de bancs d’essais pour diverses motorisations. ces avions reçurent les désignations successives de XLB-8, XLB-9, XLB-10, XLB-11, XLB-12, XLB-13, et enfin XLB-14. Tous volaient avec des moteurs en étoile Pratt & Whitney ou Wright. Seuls les XLB-10 et XLB-14 connurent une carrière, pas comme bombardiers légers mais comme bombardiers moyens sous les désignations respectives de B-3 et B-5.
De leur retrait du service au début de l’année 1939 dix LB-7 reçurent la désignation de ZLB-7 devenant des plastrons au sol dans une école de mécaniciens de l’US Army Air Corps.
Bombardiers américains de l’entre-deux-guerres les Keystone LB-5 Pirate / LB-6 LB-7 Panther étaient de ces avions qui n’eurent jamais à mener d’actions guerrières. Hormis les missions panaméennes ils ne quittèrent jamais le territoire américain. Comble de l’ironie la photo la plus célèbre de ces avions ne les représentent pas comme bombardier mais comme avion recevant en plein vol du carburant. Aucun d’entre-eux ne fut jamais exporté.
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