Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale le Japon est quasiment en totalité dépendant des États-Unis pour son équipement en aéronefs militaires. En effet, l’ancien ennemi est devenu bien plus qu’un partenaire privilégié, presque un fournisseur monopolistique. Toutefois les différents gouvernements japonais qui se sont succéder depuis 1945 ont tenu à conserver une industrie aéronautique nationale qui, si elle n’a plus le faste des années 30 et 40, persiste toutefois à concevoir et fabriquer des appareils souvent à la pointe de la technologie, mais pour d’obscures raisons politiques totalement invendables à l’exportation. Longtemps cantonnée à des missions de soutien logistique et de formation des équipages l’industrie aéronautique nationale s’est tourné depuis le début des années 90 vers des fonctions bien plus offensives comme le combat aérien, la patrouille maritime lointaine, ou encore la reconnaissance. Dans cette dernière le Japon dispose désormais d’un hélicoptère de toute dernière génération, capable de rivaliser avec les meilleurs machines américaines, européennes, ou russes : le Kawasaki OH-1 Ninja.
Au début des années 90 la Rikujo-Jieitai, l’aviation de l’armée de terre nipponne, lança un programme visant à la dotation d’un nouvel hélicoptère de reconnaissance et de surveillance censé remplacer les Hughes OH-6, construits sous licence par Kawasaki, et utilisés jusque là dans cette mission. Plusieurs constructeurs se mirent alors sur les rangs : Bell, Boeing, et Kawasaki. Le premier proposait son OH-58D Kiowa, le deuxième quant à lui proposait au Japon d’intégrer le programme LHX, celui là même qui devait donner naissance au RAH-66 Comanche, et le troisième proposa un appareil résolument moderne dont l’architecture général rappelait alors les appareils en cours de développement en Europe. Rapidement la Rikujo-Jieitai rejeta les propositions des hélicoptéristes américains et se concentra sur la proposition de Kawasaki.
Celui-ci proposait un appareil en effet une machine ressemblant étrangement à l’Eurocopter Tigre. Baptisé XOH-1 le prototype fut finalement assemblé en mars 1996 et présenté au public qui ne connaissait alors l’appareil que sous la forme d’une maquette à l’échelle 1 qui lui avait été présentée un peu moins de deux ans auparavant. Il se présentait sous la forme d’un hélicoptère biplace en tandem biturbine disposant d’un rotor principal à quatre pâles. Son rotor anticouple est de type Fenéstron, similaire à celui équipant l’Aérospatiale SA.360 Dauphin. A l’instar de l’hélicoptère de combat franco-allemand l’XOH-1 dispose d’un train d’atterrissage à deux roues principales monté sur des vérins anti-chocs ; une roulette de queue étant quand à elle fixée sous le carénage du Fenéstron. Le prototype présentait également les deux petites ailes rognées servant au montage de paniers à roquettes légers ou de missiles air-air. En effet malgré ses airs d’hélicoptère de combat l’XOH-1 demeure une machinede reconnaissance et de surveillance. Il est en effet doté de systèmes de reconnaissance intégrés dans le nez de l’hélicoptère. Son architecture très particulière lui octroie quelques qualités de furtivité. L’appareil effectua son premier vol le 6 août 1996.
Les quatre prototypes furent utilisés jusqu’en 2002 aussi bien pour les phases d’essais que pour la présentation en vol et pour les exhibitions publics. La Rikujo-Jieitai a décidé en 2000 de passer commande pour un premier lot de 150 machines sous la désignation d’OH-1. L’appareil a été baptisé Ninja. Si ce chiffre peut paraitre intéressant il faut remarquer que la Rikujo-Jieitai dispose de près de 300 Hughes OH-6D et que donc le ratio sera d’un pour deux quand le petit monoturbine américain aura été retiré définitivement du service en 2017.
Fin 2013, la Rikujo-Jieitai disposait d’une quarantaine de Ninja en service, sa fabrication ayant pris du retard en raison d’un différent commerciale entre Eurocopter, propriétaire de la licence Fenéstron et Kawasaki. Toutefois la situation semble s’être améliorée et le rythme des livraisons serait d’une vingtaine de machines par an jusqu’au début de la prochaine décennie. Les OH-1 Ninja opérationnels portent une livrée camouflée deux tons. Aucun n’a pour le moment fait l’objet d’une exportation.
Le Kawasaki OH-1 Ninja signe le grand retour du Japon dans le concert aéronautique des nations. Même si cet appareil n’est pas un hélicoptère de combat au sens propre du terme, il permet à son constructeur de s’implanter durablement dans le domaine.
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