Au cours des années 1930, les industriels aéronautiques japonais tentèrent de rattraper leur retard sur leurs homologues américains et européens. S’ils reçurent les conseils de quelques ingénieurs allemands, américains et britanniques, ils ne réussirent jamais à combler ce retard. L’une des causes était idéologique. Les responsables japonais ont trop longtemps cru que les avions de combat n’étaient que des auxiliaires des forces terrestres et non des armes en propre. Le résultat fut saisissant : ils arrivaient à concevoir des avions aux standards modernes mais les doctrines d’emploi avaient 15 ou 20 ans de retard. L’une des démonstrations les plus frappantes fut le bombardier monomoteur Kawasaki Ki-32.
Au printemps 1936, l’état-major des armées nippones fit savoir qu’il recherchait un nouveau bombardier léger destiné au remplacement des biplans Kawasaki Ki-3 entrés en service deux ans plus tôt. En fait, cet avion était obsolète dès son acquisition. Du coup les aviateurs japonais durent se tourner vers une formule différente : le monoplan à aile basse.
Le cahier des charges émit par le Japon allait dans ce sens. Deux constructeurs y répondirent : Kawasaki et Mitsubishi. Chacun développa un avion assez similaire l’un à l’autre, avec une nette influence européenne.
En effet le nouvel avion devait être à même de bombarder en piqué, à l’instar des machines développées à cette époque en Allemagne, en France, et au Royaume-Uni.
L’influence allemande était frappante chez Kawasaki. Son avion, désigné Ki-32, se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever construit en bois et métal. Sa propulsion était assurée par un moteur à douze cylindre en V Kawasaki Ha-9-II d’une puissance de 850 chevaux entraînant une hélice tripale en métal. L’une des particularités de cet avion résidait dans son train d’atterrissage tricycle fixe caréné. Il disposait d’un cockpit biplace fermé en tandem. Son armement se composait d’une mitrailleuse de calibre 7.7 mm en position de chasse, d’une arme similaire monté en affût arrière et d’une charge de bombe pour 450 kilogrammes sous les ailes et le fuselage.
Le premier vol du Kawasaki Ki-32 intervint en mars 1937. La situation de guerre entre le Japon et la Chine obligea les autorités à commander en urgence non seulement celui-ci mais également son concurrent, le Mitsubishi Ki-30. Lors des essais en vol le second s’avéra supérieur au premier, mais les deux furent achetés en série. Les premiers Ki-32 entrèrent en service en janvier 1938.
Ils furent rapidement envoyé en Chine pour des missions de bombardement en piqué et d’appui aérien. Lors des premières les pilotes japonais se rendirent compte qu’ils ne pouvaient pas dépasser une charge de 300 kilos sous fuselage, au risque de mettre l’avion en danger. En fait les Kawasaki Ki-32 ne pouvaient pas opérer en Chine sans la protection de chasseurs terrestres car ils représentaient une cible très facile pour la chasse chinoise. Malgré sa relative lenteur, il croisait à 300 km/h en moyenne, le Ki-32 avait la réputation d’être agréable à piloter, et de beaucoup pardonner les erreurs de pilotage, sauf lors des missions en piqué.
Il demeura, avec le Ki-30, en premier ligne sur le front chinois jusqu’à l’attaque de Pearl Harbour. A cette époque là le petit bombardier monomoteur fut redéployé dans les îles du Pacifique tenues par les forces japonaises. Il fut utilisé pour harceler les navires de guerre américains, mais également les troupes.
Cependant l’apparition des chasseurs Grumman F4F Wildcat largement supérieurs démontra la nécessité de remplacer au plus vite les Kawasaki Ki-32 présents en première ligne. Des avions plus modernes le remplacèrent en première ligne.
Les Kawasaki Ki-32 encore en état de vol furent rapatriés au Japon où ils servirent jusqu’en 1944 comme avion d’entraînement avancé pour les futurs pilotes de bombardiers en piqué. Après la capitulation japonaise de 1945, quelques avions furent saisis aux Indes néerlandaises par la rébellion, et furent parmi les premiers avions d’armes utilisés par la toute jeune Tentara Nasional Indonesia Angkatan Udara dès 1946. Ils y restèrent jusqu’en 1950.
Au total, ce sont 854 exemplaires qui furent assemblés entre 1938 et 1940. Les Kawasaki Ki-32 furent baptisés Mary dans la nomenclature des Alliés.
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