Junkers Ju 352 Herkules

Quand il mourut le 3 février 1935 l’immense ingénieur allemand Hugo Junkers, fondateur de l’avionneur éponyme, ne se doutait certainement pas que son monomoteur de transport Ju-52 allait continuer à donner des dérivés plus de dix ans après le premier vol de son prototype. Entre temps devenu trimoteur l’avion prit rapidement du galon, passant de principal avion de ligne allemand à plus important appareil de transport militaire de la Luftwaffe. Cependant le Ju 52/3 vieillissait. C’est en partant de ce constat que les ingénieurs de Junkers développèrent un appareil directement dérivé de celui ci : le Ju 352 Herkules.

C’est à la fin de l’année 1942 que le RLM, c’est à dire le ministère nazi de l’air, demanda à Junkers de travailler sur un nouvel avion de transport tactique destiné à la Luftwaffe afin de remplir des missions de transport de personnels, de largages de troupes aéroportées, mais également de soutien aux opérations commandos. Sans hésitation les équipes d’ingénieurs reprirent la formule du trimoteur.

Dès le départ le nouvel avion ressemblait fortement à ses prédécesseurs, et notamment au Ju 252, un appareil peu réussi produit en toute petite série pour le compte des unités commandos de la Wermacht. Toutefois malgré des ressemblances flagrantes le nouvel avion était un appareil totalement nouveau. Il reçut la désignation de Ju 352.

Extérieurement le Junkers Ju 352 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever construite en bois entoilé et métal. Sa propulsion était assurée par trois moteurs BMW Bramo 323 R-2 d’une puissance unitaire de 1 200 chevaux entraînant chacun une hélice tripale en métal. Comme la majorité des avions de transport allemands de cette époque le Ju 352 possédait un armement défensif. Celui-ci se composait d’un canon de 20mm et de deux mitrailleuses de 7.92mm en tourelles dorsales. La cabine de l’appareil permettait d’embarquer jusqu’à quarante fantassins équipés ou une vingtaine de parachutistes en armes.
Le prototype Junkers Ju 352V1 réalisa son premier vol le 1er octobre 1943. Cet avion fut baptisé Herkules par les Allemands.

Pour des raisons économiques les ailes et une partie du fuselage étaient usinées en bois et toile, le métal étant prioritairement affecté aux appareils de combat. Après dix avions de présérie, Junkers produisit 33 appareils de série sous la désignation de Ju 352A1.
Les Junkers Ju 352 furent affectés à une unité basée à la frontière franco-allemande dès le début de l’été 1944. Plusieurs de ces appareils furent d’ailleurs utilisés pour des parachutages de commandos allemands derrières les lignes alliées au cours de ce même été 1944, et notamment en Normandie. Quelques jours plus tard en août 1944 un de ces avions fut capturé par les Alliés sur la base aérienne d’Orly alors qu’il était posé pour extraire de France occupée des œuvres d’art des musées parisiens et les transporter en Allemagne. Les Alliés ne furent pas vraiment impressionnés par ce nouvel avion, même s’il s’avérait relativement supérieur au Douglas C-47 Skytrain alors en service dans l’US Army Air Force et la RAF.

Par la suite les Ju 352 Herkules furent principalement affectés à des vols intérieurs, notamment pour rapatrier les troupes allemandes. Lorsqu’ils pénétrèrent en Allemagne les Alliés ne découvrirent que des carcasses de ces trimoteurs de transport, ces appareils ayant été massivement sabotés ou brûlés par leurs équipages.

Sur les quarante-trois Junkers Ju 352 Herkules produits et entrés en service dans la Luftwaffe, seule une petite dizaine fut récupérée entière par les Américains. La plus part fut testée en vol puis abandonnée. Bien que très supérieur à son prédécesseur Ju-52/3 le Ju 352 n’était pas franchement révolutionnaire, en tous cas pas en 1945. Il était bien moins robuste que la Tante Ju. Son seul véritable atout était son rayon d’action à pleine charge. Il est intéressant de voir qu’une dizaine d’année après cet avion un second avion de transport militaire reçu le même nom de baptême, le Lockheed C-130A Hercules américain.