Durant la Première Guerre mondiale la Luftstreitkräfte fit usage d’un vaste arsenal aérien dont certains aéronefs étaient bien plus avancés technologiquement parlant que ce que l’on pouvait trouver dans les rangs de l’Aéronautique Militaire et du Royal Flying Corps. Les décideurs militaires allemands, sous l’impulsion de généraux prussiens, avaient compris que l’une des solutions de l’aviation passait par le harcèlement des troupes britanniques et françaises. Et c’est dans cette optique qu’ils créèrent les premières formations aériennes d’attaque au sol, sans toutefois alors utiliser de bombes ou de fusées. Parmi ces premiers avion on compta un étrange monoplan construit en métal : le Junkers CL.I.
Né durant l’automne 1917 le concept d’avion d’appui tactique et d’attaque au sol prit aussi bien la forme des avions en J, comme l’AEG J.I, que celle des avions en CL. dont les deux plus gros succès furent alors les biplans Halberstadt CL.II et Hannover CL.II.
Toujours soucieux de se démarquer et de proposer des avions innovants l’ingénieur Hugo Junkers apporta son J-8, un monoplan à aile basse droite construit en métal. Et contre toute attente alors que les biplans avaient les faveurs du haut état major une commande fut passée afin que ce prototype soit assemblé.
Utilisant le même moteur Mercedes D.IIIa à six cylindres en ligne que son chasseur expérimental J-7 le Junkers J-8 était cependant assez différent. S’il conservait l’aile basse droite, l’empennage de petite taille, et le train tricycle il avait adopté un poste de pilotage biplace en tandem. Le pilote et le mitrailleur étaient cependant clairement séparés et le second disposait d’un blindage supplémentaire.
C’est pourtant avec un seul pilote qu’il réalisa son premier vol le 10 janvier 1918. Quelques semaines plus tard la Luftstreitkräfte ordonnait la réalisation d’un second avion, de présérie cette fois avec plusieurs améliorations notables vis-à-vis du J-8. La voilure fut légèrement rétrécie et obtint un profil cantilever tandis que les trois mitrailleuses de calibre 7.92 millimètres furent montées. Deux étaient synchronisées et tiraient en position de chasse et la troisième était montée sur affût mobile arrière avec un débattement vers le bas afin de viser les fantassins ennemis. Sous cette désignation l’avion devint Junkers J-10 et vola le 4 mai 1918. Cent vingt exemplaires furent commandés sous la désignation de CL.I.
Les premiers avions de ce type entrèrent en service en août 1918. Malheureusement pour eux ils ne furent pas engagés comme avions d’attaque au sol et d’appui mais pour de la reconnaissance à vue. Sauf que le Junkers CL.I n’avait pas été conçu comme tel et ne fut pas exactement l’avion rêvé pour ce genre de mission. Malgré sa maniabilité il représentait une cible facile pour les tirs venant du sol. Surtout son usinage était lent et seuls quelques exemplaires sortaient des ateliers Junkers par semaines.
Au final quand l’Armistice fut signé le 11 novembre 1948 seuls quarante-trois exemplaires avaient été produits. Le contrat fut immédiatement annulé.
Après guerre la Lettonie fit l’acquisition de cinq avions conservés en service jusqu’en 1936 et remplacés par des biplans Fairey Seal. Ils furent utilisés pour des missions de surveillance frontalière.
Le Junkers CL.I était symbolique de ces avions apparus en 1918 et construits en trop petite quantité pour avoir eu un rôle vraiment significatif durant le conflit. Pourtant comme tous les avions Junkers il était très innovant et fit grandement avancer la technologie aéronautique. Il a donné naissance à l’hydravion à flotteurs CLS.I également construit en petite série.
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