Durant la Guerre Froide, un nouveau type d’avion de guerre électronique est apparu : le poste de commandement aéroporté. Ce type d’aéronef très particulier était surtout alors assez onéreux et ne pouvaient donc appartenir qu’à des nations disposant de fonds importants. Pendant cette période, seules les forces aériennes américaines et soviétiques disposaient de poste de commandement aéroporté. Lorsque la Guerre Froide prit fin, l’URSS reçut alors les premiers exemplaires d’un appareil totalement nouveau : l’Illyushin Il-87.
Au début des années 80, l’état-major soviétique demanda à l’avionneur Illyushin de développer un nouvel avion de commandement aéroporté destiné à remplacer les quadri-turbopropulseurs Il-18 Coot alors en service. Ces avions étaient alors en voie d’obsolescence, en raison notamment de l’impossibilité de les ravitailler en vol, mais aussi parce qu’ils représentaient des cibles particulièrement faciles pour les chasseurs de l‘OTAN.
Le choix d’Illyushin ne fut pas difficile, puisque à cette époque le constructeur venait de lancer son nouvel avion de ligne, le très occidental, Il-86 Camber selon la nomenclature de l’OTAN. Ce quadriréacteur à fuselage large avait été conçu pour concurrencer directement les avions de Boeing comme le 747 ou le tout nouveau 767. Mais surtout Illyushin essayait d’empêcher le développement du constructeur européen Airbus qui avec son A300 s’imposait sur un marché alors très compétitif.
Deux Camber furent donc prélevés sur les stocks du constructeur afin de servir de base au nouvel avion qui reçut la désignation Il-87. Celui-ci se présentait sous la forme d’un quadriréacteur à aile basse cantilever. Par rapport à l’avion de ligne, le nouvel appareil disposait d’un train d’atterrissage renforcé permettant l’utilisation de terrains sommaires. Mais ce qui différenciait le plus l’Il-87 par rapport à l’Il-86 c’était son carénage d’extrados en forme de baignoire, ses nombreuses antennes le long du fuselage, la nacelle du générateur électrique installée sous l’aile droite permettant l’alimentation des systèmes de communication et de contre mesures, et la perche de ravitaillement en vol. Cette dernière n’était pas à proprement parlé une nouveauté puisqu’elle avait au départ été conçu pour le chasseur Sukhoï Su-15 Flagon, qui finalement ne le reçut jamais. Les avions étaient motorisés par des réacteurs Kuznetov NK-86 de 13 312kgp chacun.
Parmi les systèmes embarqués, on note une chaîne de communication très complète allant du VLF à l’UHF et au VHF. Appelé à transporter le cas échéant l’exécutif soviétique, l‘Il-87 disposait d’un système d’identification IFF très complexe. Le premier avion effectua son vol inaugural le 5 mars 1987.
Toutefois, l’avion n’entra réellement en service au sein des forces soviétiques qu’en 1989. Basés à Zhukovsky les deux premiers Il-87 ne furent identifiés par les services de renseignement occidentaux qu’en 1992. L’OTAN attribua à l’appareil le nom de code de Maxdome. Bien que les missions de l’avion soient clairement militaires, l’URSS puis la Russie ont toujours fait voler leurs Il-87 sous les couleurs de la compagnie aérienne nationale Aeroflot. Cette manœuvre a toujours été une spécialité locale, comme en témoignent les An-22 de transport militaire.
En 1994, l’aviation russe disposait de sa pleine dotation en Maxdome, à savoir quatre avions. Ils furent activement employés lors des missions de couverture des évacuations des forces russes en Europe. Les Il-87 furent employés lors des opérations en Tchétchénie. En 2002, les avions furent renvoyés en usine afin d’être mis au standard des avions de ligne Il-96-300, une version profondément amélioré du Camber. Pour cela l’avionique fut transformée et les réacteurs NK-86 remplacés par des Aviadvigatel PS-90A de 16798 kgp chacun. A l’instar des Il-96-300, les Il-87 furent dotés également d’un APU.
A l’été 2008, au moins un Maxdome a été observé à proximité de la Géorgie où la Russie a mené une guerre rapide afin de soutenir une minorité russophone. Il est plus que probable que les Il-87 soient aptes aux tirs à distances des missiles nucléaires intercontinentaux russes, comme le sont les Boeing E-4B, leurs équivalent dans l’US Air Force. Il semble que la flotte de poste commandement aéroporté soit également renforcée par deux Illyushin Il-82, des Il-76 Candid modifiés encore plus discrets. La base de Zhukovsky semble disposer également d’un Il-86 Camber destiné à l’entraînement des équipages de Maxdome. L’Il-87 n’a pas été exporté.
Parfois cet avion est aussi désigné Il-86VKP ou Il-80. L’appareil a été également dénommé Aimak, ou Eimak, dans la nomenclature russe. Ce terme signifie « Clan » en langue mongol.
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