Constructeur parmi les plus célèbres en Russie, et auparavant en Union Soviétique, Ilyushin produit des aéronefs militaires depuis la Seconde Guerre mondiale. Longtemps cantonné aux multimoteurs comme l’Il-18 de lignes commerciales ou encore l’Il-38 destiné aux missions de patrouilles maritimes, il s’est lancé au début des années 1990 dans le développement d’un avion de tourisme aux capacités d’entraînement accrues : l’Il-103.
En 1991 alors que la Russie était en état de banqueroute confirmée et que les perspectives d’avenir pour l’industrie aéronautique locale étaient des plus bouchées la surprise fut forte quand Ilyushin annonça son intention de produire un avion de tourisme de nouvelle génération. Il fallait alors concurrencer les meilleures machines américaines et européennes, particulièrement répandues à cette époque. Dans l’esprit des ingénieurs russes il s’agissait également de fournir un avion d’entraînement militaire basique de nouvelle génération.
Les travaux débutèrent assez rapidement, et les designers tout comme les ingénieurs s’orientèrent vers une machine aux lignes assez classiques, très pures, proches de celles de ses contemporains de chez Piper ou Socata. Désigné Il-103 le prototype fut officiellement présenté en avril 1994.
Extérieurement ce prototype se présentait sous la forme d’un monoplan monomoteur construit en partie en matériaux composites. Propulsé par un moteur en ligne Continental IO-360ES développant 210 chevaux, il possédait une hélice bipale en métal. Le train d’atterrissage était du type tricycle fixe. Le cockpit prévu pour emporter deux élèves et un instructeur, disposait alors de l’équipement le plus moderne pour un avion russe de ce genre. Cet avion léger réalisa son vol inaugural le 17 mai 1994.
La carrière de l’Ilyushin Il-103 ne débuta pas sur les chapeaux de roue, la Russie n’ayant plus les moyens de ses ambitions, le remplacement de ses anciens avions d’entraînement primaire était alors des plus hypothétiques. En effet elle privilégiait la modernisation progressive de sa flotte d’avions de chasse, et notamment de ses Mikoyan MiG-29. L’Il-103 n’était donc pas dans les cartons des économistes russes des années 1990.
Toutefois en décembre 1998 l’avenir sembla sourire au petit monomoteur, puisque la Federal Aviation Administration, ou FAA, l’administration américaine de l’aviation civile, délivra un certificat de type à l’avion. Désormais l’avion était commercialisable aux États-Unis. Mais surtout Ilyushin allait pouvoir mettre en avant cette reconnaissance afin de commercialiser son avion à l’export sur le marché militaire.
Le premier client du secteur défense fut un pays traditionnellement dans le giron de Moscou, puisqu’il s’agit du Laos qui passa commande en 2001 pour une petite vingtaine d’avions, destiné au remplacement de ses vieux Yak-11 alors encore en service. Les Ilyushin Il-103 destinés au Laos étaient prévus pour disposer d’un système GPS. Une première pour un avion militaire de facture ex-soviétique.
Par la suite c’est le Pérou, pays là encore déjà client de la Russie qui fit l’acquisition d’une dizaine de machines pour les besoins à la fois de sa marine et de son aviation terrestre qui voulaient alors mettre fin à la dépendance en matière de formation de pilote vis-à-vis de la force aérienne et de ses Zlin 142. Les premiers Il-103 péruviens sont entrés en service dans la marine en 2009.
Mais l’utilisateur le plus surprenant est certainement la Republic Of Korea Air Force, la ROKAF, c’est-à-dire l’aviation militaire de Corée du Sud. Ce pays a en effet fait le choix de l’avion russe au détriment de machines américaines. L’avion d’Ilyushin est localement désigné T-103, et utilisé exclusivement pour l’entraînement et la formation initiale des futurs pilotes sud-coréens.
Premier avion conçu et réalisé en Russie pour être propulsé par un moteur américain l’Ilyushin Il-103 est considéré comme un des meilleurs avions d’entraînement initial en construction en ce début de vingt-et-unième siècle. Cependant la concurrence rude des avionneurs américains et européens freine considérablement sa commercialisation, notamment auprès des militaires. En 2018 moins de quatre-vingts avions avait été vendus, mais la machine était également en évaluation dans plusieurs pays comme la Birmanie, le Turkménistan, et le Venezuela. En Russie seuls six de ces avions ont été vendus aux gardes-frontières pour des missions d’entraînement et de liaisons aériennes, un premier pas sur le sol natal en quelques sortes. Il est à signaler que jusqu’à preuve du contraire le monomoteur russe n’a pas reçu de nom de code auprès de l’OTAN.
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