Dans l’arsenal aérien soviétique le terme de Sturmovik a toujours désigné des avions d’attaque au sol et d’appui rapproché volant dans les rangs des VVS (l’aviation militaire soviétique) depuis la Seconde Guerre mondiale. D’abord destiné à la destruction des chars d’assaut et des blindés ceux-ci furent par la suite employés pour des missions contre les guérillas ennemies. Parmi les avions de ce type, il existait un puissant monomoteur qui participa aux premières heures de la Guerre Froide : l’Ilyushin Il-10.
Après l’échec de l’Ilyushin Il-8, destiné à fournir un successeur aux fameux Il-2 et Sukhoi Su-2, les premières générations de Sturmovik, le constructeur se lança dans le développement d’un nouvel avion sous la désignation d’Il-10. Commandé sur plan par les VVS cet appareil ressemblait fortement à son prédécesseur.
Extérieurement, l’Ilyushin Il-10 se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever monomoteur biplace en tandem. Sa motorisation tournait autour d’un Mikouline AM-42 d’une puissance 2 000 chevaux. Ce moteur en ligne entraînait une hélice en métal. L’avion disposait d’un train d’atterrissage tricycle escamotable. De construction principalement métallique, l’Il-10 possédait un très puissant armement : deux mitrailleuses ShKAS d’un calibre de 7.62 mm et deux canons NS-23 de 23 mm également dans les ailes, auquel s’ajoutait un canon mobile NS-20 de 20 mm en position arrière servit par un mitrailleur. Une charge externe de bombes de 500 kg ainsi que quatre roquettes à haute vélocité RS-82 de 82 mm chacune complétaient cette imposante puissance de feu. Le prototype réalisa son vol inaugural en août 1944.
Si le développement de de l’Il-10 fut assez rapide, l’avion n’entra finalement en service qu’en février 1945, donc à une date trop tardive pour réellement prendre part aux opérations contre l’armée allemande. Toutefois certains, Il-10 furent employés dans les derniers jours du conflit pour mener des raids nocturnes contre Berlin et sa banlieue, en vue de préparer l’entrée des troupes de l’Armée Rouge dans la capitale du IIIème Reich.
Après la capitulation de ce dernier, les Il-10 furent envoyés en Mandchourie et en Corée afin de combattre les forces nippones. S’ils n’attaquèrent jamais directement le territoire du Japon, les Sturmovik infligèrent de sérieuses pertes aux forces terrestres de l’empire du Soleil Levant. Mais pendant un temps très court. En effet, les bombardements atomiques américains sur Hiroshima puis Nagasaki mirent un terme définitif à la Seconde Guerre mondiale.
Après la guerre, les crédits alloués à l’armement furent un peu partout profondément réduits, mais pas ceux concernant l’Ilyushin Il-10. Cet avion était jugé prioritaire par les Soviétiques, et il fut construit en très grand nombre. Après le partage de l’Europe, de très nombreuses aviations militaires du Pacte de Varsovie en furent dotés.
Plus d’un millier d’exemplaire fut d’ailleurs assemblé en Tchécoslovaquie par Avia sous les désignations de B-33 et CB-33. Cette dernière étant une version d’entraînement avancé. Par rapport à l’Il-10, le B-33 se différenciait principalement par le remplacement du canon NS-20 par une mitrailleuse de 12.7mm, mobile elle aussi.
En 1951, Ilyushin développa une version quelque peu améliorée, désigné Il-10M, et destiné notamment à des opérations nocturnes. Sa voilure et son train d’atterrissage furent donc modifiés. Mais le moteur ne fut pas remplacé et aucun radar ne fit son apparition.
L’URSS livra un nombre important d’Il-10 aux forces chinoises qui combattaient les Américains en Corée. Là, les Sturmovik firent des merveilles face à une US Army qui était particulièrement désemparée. Toutefois la mauvaise maniabilité de ces avions d’attaque en faisait des cibles de choix pour les jets de combat de l’US Air Force comme le Lockheed F-80. Les chasseurs à moteurs à pistons comme le North American F-82 se faisant aussi les crocs sur les biplaces soviétiques.
Quoiqu’il en soit l’Il-10 fut le principal avion d’attaque et de bombardement utilisé durant ce conflit par les forces communistes. Finalement leur retrait s’amorça en URSS dès le milieu de l’année 1956. Toutefois beaucoup volèrent encore une dizaine d’années ailleurs dans le monde, principalement en Bulgarie, en Chine, et en Pologne.
Au sein des forces de l’OTAN, l’avion était connu sous la désignation de Beast. Plusieurs tentatives furent menées pour donner un successeur à cet avion, mais malheureusement sans succès. Aujourd’hui, un avion comme le Sukhoi Su-25 peut aisément être considéré comme le descendant de l’Il-10.
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