À l’instar de la Yougoslavie la Roumanie a su maintenir durant la guerre froide des liens diplomatiques forts avec des pays occidentaux malgré son ralliement idéologique à Moscou. Ainsi Paris et Rome conservaient des relations privilégiées avec Bucarest, notamment entre 1967 et 1989 durant la sanguinaire dictature Ceausescu. C’est ainsi que l’industrie aéronautique roumaine profita d’accord avec son homologue française, notamment au niveau des hélicoptères. Ainsi dès les années 1970 le constructeur I.A.R. construisit l’Aérospatiale SA.330 Puma sous licence locale, ce qui conduisit quelques années plus tard au développement d’une machine très impressionnante l’IAR.330 Socat.
C’est en juillet 1974 que Français et Roumains signèrent un contrat permettant à l’industriel I.A.R. de construire sous licence l’hélicoptère Puma sous les versions SA.330H et SA.330L. C’est l’usine ICA-Brasov qui fut sélectionnée pour assurer ce rôle. L’accord signé entre Paris et Bucarest était très avantageux pour la Roumanie puisqu’il autorisait cette dernière à vendre des hélicoptères à l’export quand ceux-ci ne se retrouvaient pas en concurrence avec Aérospatiale ou Westland, les deux fabricants historiques du Puma. Pour autant une commercialisation vers l’Union Soviétique était clairement interdite, à la demande des Britanniques qui craignaient que des secrets industriels ne tombent entre les mains de l’hélicoptériste Mil.
C’est ainsi qu’outre la Fortele Aeriene Romane et la Fortele Navale Romane des I.A.R. IAR-330 Puma furent vendus à l’export à quelques pays. La Côte d’Ivoire, les Émirats Arabes Unis, le Kenya, le Liban, le Pakistan, la République Démocratique du Congo, et le Soudan firent l’acquisition de Puma roumains. il s’agissait bien souvent de venir combler des flottes utilisant déjà des machines fabriqués en France ou en Grande Bretagne. La majorité les utilisa pour des missions de transport d’assaut et de recherches-sauvetages en mer.
Après le cuisant échec au milieu des années 1980 de l‘IAR-317 Airfox le constructeur roumain se retrouvait incapable de fournir à la Fortele Aeriene Romane l’hélicoptère de combat tant désiré. Et le dictateur Nicolae Ceausescu refusait de réclamer à Moscou des Mil Mi-24 qu’il payerait de manière diplomatique bien plus qu’économique. Le ministère roumain de la défense réclama alors à I.A.R. de réfléchir à une version d’appui tactique et d’attaque au sol du Puma, sur le modèle justement du Hind.
Malheureusement pour le constructeur la chute du régime autocratique entraîna l’arrêt du programme. I.A.R. était alors à deux doigts de la banqueroute.
S’étant refait une santé en quelques années le constructeur relança le programme en 1995, non sans avoir au préalable signé un protocole d’accord avec Eurocopter afin de garantir que le futur hélicoptère puisse être vendu à l’export. Le constructeur franco-allemand qui ne croyait pas du tout dans cette machine de combat signa sans broncher. Un second accord, industriel celui-là, fut signé avec Elbit Systems en Israël. Il permit de fournir l’avionique et l’optronique nécessaire au futur appareil développé à partir d’un IAR-330L.
Il reçut le nom de Socat, issu de l’abréviation signifiant Sistem Optronic de Cercetare și Anti-Tanc, relatif à un hélicoptère de reconnaissance armée et de lutte antichar.
Deux prototypes furent lancés, et l’assemblage se fit assez rapidement. Le premier vol du premier prototype eut lieu le 26 mai 1998, sans armement mais doté de l’avionique et de l’optronique de facture israélienne. Le second prototype, qui permettait de valider l’emploi d’armement, vola lui en octobre 1999. Dès le premier prototype la Fortele Aeriene Romane passa commande pour vingt-quatre exemplaires de série, permettant ainsi d’éviter le recours au Mi-24 soviétique.
Extérieurement l’IAR-330 Socat se présentait donc comme un Puma armé. Il disposait d’un double canon NR-23 de calibre 23mm, de deux lance-roquettes UB-16 doté de seize roquettes S.5 de 57mm, et de jusqu’à huit missiles antichars filoguidés AT-3 Sagger. En configuration armée l’IAR-330 Socat pouvait alors accueillir six soldats équipés.
Les exemplaires de série furent livrés entre mars 2001 et mai 2002. Pourtant à l’usage le double-canon NR-23 de facture russe montra ses limites. Trop lourd, trop fragile, il ne satisfaisait pas aux besoins roumains. Aussi I.A.R. lui chercha un remplaçant, et une fois encore se tourna vers la France. Nexter proposa alors d’adapter son canon de 20mm sur tourelle THL-20 sous le nez des IAR-330 Socat. Cette arme était dérivée directement du célèbre Giat M621 armant les Gazelle-canons de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre.
Et là ô miracle le Socat volait mieux, bien même. Aussi entre 2003 et 2005 les vingt-quatre hélicoptères furent modifiés et reçurent cette nouvelle arme française bien plus sûre.
En 2005 d’ailleurs un total de douze IAR-330L d’assaut et de transport fut modifié au standard IAR-330M doté d’une avionique et d’une optronique identique à celle des Socat. Cependant aucun armement n’était en dotation sur ces machines. Dans le même temps le second prototype Socat fut modernisé et accepté au service afin d’assurer des missions d’entraînement avancé et de formation au tir.
En 2010 la Roumanie a décidé d’arrêter l’emploi des AT-3 Sagger au profit d’AT-6 Spiral, également russes, et emporté alors jusqu’à huit exemplaires.
En 2020 seuls vingt-deux IAR-330 Socat sont encore en dotation, trois d’entre-eux s’étant écrasés en 2001, 2007, et 2013. Il s’agissait à chaque fois de missions d’entraînement, la Roumanie n’ayant jamais déployé à l’étranger ses hélicoptères de combat.
Il faut remarquer que si le Liban a décidé d’armer six de ses IAR-330 comme IAR-330SM il ne s’agit pas de Socat mais d’une adaptation locale réalisée sans l’appui d’Israël et de son avionique et optronique.
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