Dès les années 1970 Israël s’est imposé comme un des états les plus en pointe dans le développement de drones de reconnaissance. Il s’agissait bien souvent de machines de conception assez simples mais dotées d’équipement de surveillance et d’observation ultra-modernes. Parmi les engins de ce type figure un étonnant petit bimoteur push-pull adopté par les forces du Pentagone : l’Israel Aircraft Industries Hunter.
Les premières études sérieuses de la part d’Israël autour d’un drone bimoteur remontent au milieu des années 1980 lorsque se fit localement ressentir le besoin de remplacer des machines d’ancienne génération comme l’I.A.I. Scout et surtout le Tadiran Mastiff. Ces deux modèles avaient participé au cours de la décennie précédente aux affrontements avec les pays de la ligue arabe, assurant des missions de guidage des frappes aériennes. Mais surtout ils avaient démontré leurs limites en matières de rayon d’action.
Israel Aircraft Industries cherchait donc à développer un avion sans pilote pouvant rester plus longtemps en l’air et allant plus loin. En l’absence de moteurs plus puissants totalement exploitable la solution du bimoteur push-pull semblait largement la meilleure. Les premiers travaux furent lancés officiellement en 1986, sur fonds propres. En effet Heyl Ha’Avir n’ayant pas officiellement lancé de compétition en ce sens le futur drone n’était pas désiré. Aussi les travaux n’allèrent pas aussi vite qu’auraient pu l’espérer les dirigeants de l’avionneur. Le constructeur octroya à cette machine le patronyme de Hunter.
Ayant eu vent du programme le Pentagone commença à s’y intéresser dès 1989. Il faut dire qu’il recherchait alors pour les besoins de l’US Army, de l’US Marines Corps, et dans une moindre mesure de l’US Navy d’un engin de reconnaissance tactique et de surveillance du champs de bataille. Une équipe fut même envoyé en Israël afin d’étudier les possibilités de fabrication sous licence du Hunter.
En 1994 enfin un accord fut trouvé entre Américains et Israéliens visant à la fourniture de sept drones et deux shelters de pilotage. Ces engins furent initialement désignés BQM-155 avant de devenir en 1996 lors de leur entrée en service actif des RQ-5A Hunter.
Aux États-Unis c’est la société TRW, une branche du géant aéronautique Northrop-Grumman, qui se chargea de l’assemblage de ces RQ-5A Hunter. Mais l’accord bipartite américano-israélien prévoyait également que l’avionneur pouvait développer ses propres sous-versions, ce qu’il fit au début des années 2000 avec le MQ-5B doté d’une voilure à envergure accrue portée à 10.36 mètres et d’une capacité de vol à plus haute altitude, de l’ordre de 5500 mètres.
Mais surtout ce MQ-5B Hunter était apte à être armé et à mener des missions d’attaque au sol et d’appui aérien rapproché au moyen de bombes guidées GBU-44B Viper Strike et de missiles antichars AGM-114 Hellfire. Il est souvent considéré comme le premier véritable drone de combat en service dans l’US Army.
Pour la première fois le Pentagone engagea ses I.A.I. RQ-5A lors de la guerre au Kosovo en 1999, afin de guider les avions de coalition internationale dirigée par l’ONU. Les drones américains permirent de repérer au mieux les cibles des avions de combat comme les McDonnell Douglas F-15E Strike Eagle de l’US Air Force.
Un peu plus de deux ans plus tard ils survolaient les arides montagnes afghanes, pourchassant les combattants talibans et les terroristes d’Al Qaïda et surtout leur médiatique chef Oussama Ben Laden.
Le premier engagement des TRW MQ-5B Hunter remonte lui à fin 2006, quelques semaines seulement après leur entrée en service. Ils réalisèrent des missions de reconnaissance au-dessus de la même Afghanistan mais aussi de l’Irak. Il fallut attendre 2009 pour qu’un premier missile Hellfire soit tiré en opération, lors de la traque de djihadistes d’Al Qaïda non loin de la frontière pakistanaise.
Par la suite l’US Army a déployé ses RQ-5A et MQ-5B partout où elle en avait besoin, mais les premiers d’entre-eux furent retirés du service en janvier 2010 au profit de l’Aircraft Armaments Incorporation RQ-7 Shadow, lui aussi issu d’un programme américano-israélien. Dès lors les trente MQ-5B étaient seuls en ligne.
En mars 2014 le drone fit, bien malgré lui, la une des médias. Moscou avait accusé Washington d’en avoir déployé au-dessus de la Crimée toute fraichement envahie et annexée par des troupes dites séparatistes pro-russes. Les médias proches du pouvoir de Vladimir Poutine avaient même exhibé des images semblant montrer un drone à l’architecture proche du Hunter. Cependant le Pentagone ne confirma jamais l’information russe, d’autant que d’autres avions de reconnaissance sans pilote bien plus modernes survolaient fréquemment la région à l’image du General Atomics MQ-9A Reaper.
Mais le mal était fait et l’opinion publique américaine apprécia assez peu ces accusations russes.
De toutes manières les heures du MQ-5B Hunter étaient désormais comptées. Son remplacement par le General Atomics MQ-1C Gray Eagle n’était désormais plus qu’une question de semaines. Et cela arriva en décembre 2015, quelques jours seulement avant Noël. Ainsi se terminait la carrière du premier véritable drone de combat américain.
Mais si Israël rejeta l’I.A.I. Hunter il faut savoir que l’US Army ne fut pas le seul utilisateur de ce drone bimoteur. Quatre exemplaires, désignés F-Hunter, furent acquis au des années 1990 par l’Aviation Légère de l’Armée de Terre tandis que dix-huit autre le furent par la Force Aérienne Belge sous la désignation de B-Hunter.
Si en Belgique le drone a largement démontré ses capacités ce fut loin d’être le cas en France où malgré là aussi un déploiement en ex-Yougoslavie il ne fut jamais déclaré opérationnel.
Drone finalement encore mal connu l’I.A.I. Hunter est en fait beaucoup plus une machine américaine qu’israélienne si on regarde les modifications apportées aux États-Unis. Il est étonnant de voir que si l’engin a été parfaitement adopté par ces militaires de ce pays et ceux de Belgique il fut aussi implacablement rejeté chez nous. Comme quoi parfois entre alliés nous n’avons pas la même appréciation d’un même matériel.
Pour mémoire le nom de Hunter a également été porté par un chasseur britannique.
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