Lorsque l’on évoque les noms de Maurice Hurel et Léon Dubois, on en revient immanquablement aux avions à ailes à grand allongement. Ces aéronefs si particuliers, à l’envergure démesurée, ont permis à leur constructeur de s’imposer comme un des avionneurs les plus originaux de l’après-guerre. En fait c’est grâce à un petit monomoteur que les deux Français ont pu valider leurs théories, un appareil qui ne dépassa pas le stade de prototype, le Hurel-Dubois HD.10.
Déjà durant l’entre-deux-guerres, l’ingénieur Maurice Hurel cherchait par tous les moyens à réduire les courses de décollage et d’atterrissage des avions. Sans encore considérer l’aile à grand allongement comme une solution d’avenir, il préconisait dès 1924 d’installer des mâts porteurs sous des voilures hautes, chacun d’entre eux pouvant soutenir un ou plusieurs haubans. Il dut attendre 1947 et sa collaboration avec Léon Dubois pour enfin concrétiser ses espoirs. L’idée même de cette aile à l’envergure si importante allait pouvoir voir le jour.
Le principe était simple, il fallait pouvoir monter une telle aile sur un avion finalement assez banal. Après avoir envisagé plusieurs avions de l’époque les deux ingénieurs décidèrent d’en concevoir un ab-initio. Pour cela, ils décidèrent d’aller à l’essentiel : un monoplace monomoteur sans équipements trop modernes donc trop onéreux. C’est ainsi que naquit le HD.10, le premier avion Hurel-Dubois.
Extérieurement, il se présentait sous la forme d’un monomoteur monoplan à aile haute. Celle-ci avait donc la particularité d’être à grand allongement. Elle était soutenue par deux mâts, qui chacun possédait deux haubans. La propulsion était assurée par un petit moteur en ligne Mathis d’une puissance de 45 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. Le HD.10 possédait en outre un train d’atterrissage tricycle escamotable manuellement et un empennage double dérive. Ce dernier était censé compenser les turbulences dues à l’aile. Le pilote d’essais prenait place dans un petit cockpit monoplace des plus spartiates, l’avionique étant limitée au strict minimum. C’est dans cette configuration que le prototype HD.10 réalisa son premier vol le 25 août 1948.
Rapidement, il apparut aux deux ingénieurs que le HD.10 était sous-motorisé. Ils décidèrent de changer son propulseur au profit d’un Praga, là aussi en ligne, mais d’une puissance de 75 chevaux. L’avion reprit rapidement ses essais en vol, démontrant toutes les qualités des avions à aile à grand allongement notamment à haute altitude, et lors des phases d’atterrissage et de décollage. Finalement le programme d’essais fut stoppé en 1954 après plus de 200 heures de vol avec les deux motorisations.
A l’heure actuelle encore, le Hurel-Dubois HD.10 demeure un avion particulier. Il possède en effet le plus grand allongement au monde pour une aile rectangulaire, de l’ordre de 32,5. L’allongement pour une telle aile est, rappelons le, le rapport aérodynamique entre l’envergure et la corde. Cette dernière justement est la plus faible actuellement pour un avion piloté, avec environ 40 centimètres. De même sa surface alaire, d’environ 4,50 m² est là encore actuellement la plus faible pour un avion, si on excepte bien entendu les drones dont certains sont de très petite taille.
Véritable laboratoire volant, le Hurel-Dubois HD.10 permit de défricher le domaine de vol des avions à aile à grand allongement, ce qui trouva plus tard un débouché avec le HD.31 et ses versions dérivées. Même un appareil comme l’avion de transport britannique Short SC.7 tire une partie de sa technologie du petit monomoteur Hurel-Dubois. C’est dire si cet avion léger français eut un impact important sur l’aéronautique des années 1950 aux années 1970. Aujourd’hui, le seul et unique prototype du HD.10 est préservé et exposé dans le hall des prototypes du Musée de l’Air et de l’Espace du Bourget.
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