Largement considérés comme les parents pauvres de la doctrine aérienne des États-Unis les bombardiers légers n’ont jamais vraiment été particulièrement bien employés par les stratèges américains. Souvent hésitant entre eux et les avions d’attaque au sol, dotés évidemment également de charges de bombes, les généraux américains et donc par effet de ricochet ne réussirent pas souvent à produire des avions de qualité. C’est ainsi que le tout premier appareil de ce genre conçu spécifiquement pour répondre aux attentes des militaires américains n’était pas ce qu’on pourrait appeler une franche réussite. Il s’agit du monomoteur Huff-Daland LB-1 Pegasus.
Fin 1921 l’US Army Air Service n’alignait encore que des bombardiers légers de facture étrangères hérités de l’engagement américain dans la Première Guerre mondiale. Il s’agissait alors d’Airco D.H.4 et D.H.9 d’origine britannique et de Breguet Br.14 fournis par la France. Le premier et le troisième de ces modèles étaient à cette époque à bout de souffle n’ayant pas ét fournis neufs. Aussi les généraux américains entrevirent alors la possibilité de se procurer leurs propres avions. Sauf que voilà le savoir-faire n’était pas encore au rendez-vous dans le pays. L’USAAS émit donc en janvier 1922 la fiche programme XLB relative à un bombardier léger monomoteur et biplan. Deux constructeurs seulement y répondirent alors : Gallaudet et Huff-Daland. Pour tous les deux il s’agissait d’entrer dans le grand bain n’ayant encore jamais été appelé pour concevoir un tel avion.
Désigné XLB-1 l’avion de Huff-Daland se présentait sous la forme d’un biplan monomoteur de construction mixte en tubes d’aciers recouverts de toiles pour le fuselages et en bois et contreplaqué pour les ailes. Doté d’un train d’atterrissage classique fixe il était animé par un Packard 1A-2500 en V d’une puissance de 800 chevaux entraînant une hélice bipale en bois. L’armement défensif se composait de deux mitrailleuses Lewis de calibre 7.62 millimètres tirant en position de chasse et de deux armes identiques jumelées et montées sur affût annulaire Scarff à l’arrière de voilure. Le pilote et son copilote navigateur prenaient place dans un cockpit biplace côte à côte à l’air libre placé à l’avant du poste de tir du mitrailleur. La charge offensive atteignait 1250 kilogrammes de bombes, fixées sous le fuselage et l’intrados du plan inférieur de voilure. Le premier vol de cet prototype n’eut lieu qu’en février 1924 alors même que l’avion avait été assemblé depuis presque six mois, en raison de retard de la part du motoriste.
Malgré cela c’est bien lui qui remporta la compétition face à l’avion de Gallaudet. Son XDB-1 ne rencontra aucun succès auprès de l’US Army Air Service. Les généraux américains passèrent alors commande pour neuf Huff-Daland LB-1 de série, des avions baptisés Pegasus. Quelques modifications avaient été apportées à l’appareil afin de le rendre encore plus efficace. Le lance-bombes avait été revu et corrigé tandis que les postes de tirs redessinés. Un poste ventral avait été ajouté pour une mitrailleuse Lewis supplémentaire tirant vers le bas et permettaint ainsi une bien meilleure défense du bombardier face aux chasseurs ennemis. Des miroirs supplémentaires avaient également fait leur apparition permettant un bombardement plus précis.
C’est le 11th Bomb Squadron de l’US Army Air Service qui réceptionna entre décembre 1925 et juin 1926 les neuf Huff-Daland LB-1 Pegasus. Ils remplacèrent immédiatement les derniers Airco D.H.4 encore en dotation, les Breguet Br.14 ayant été prématurément retirés du service dès 1923. Et bizarrement les équipages furent déçus par leur nouvelle monture. Certes le LB-1 était remarquablement bien armé mais il était peu maniable et virait assez péniblement. Seul vrai point positif il bombardait beaucoup plus précisément que ses prédécesseurs… enfin en manœuvres. Car en cette seconde moitié des années 1920 l’aviation militaire américaine était une force aérienne en paix.
La carrière opérationnelle du Huff-Daland LB-1 Pegasus fut assez courte et pour le moins terne. Les neuf avions de série ne furent jamais engagés en opérations et ne participèrent au final qu’à six manœuvres aériennes d’ampleur moyenne. Ils quittèrent le service actif en 1929 au profit du bimoteur Keystone LB-7 Panther. Ce dernier marqua bien plus les esprits au sein du jeune US Army Air Corps qui avait pris en 1926 la succession de l’US Army Air Service. Jamais exporté l’aventure du LB-1 Pegasus s’arrêta donc là.
Il est à signaler que Huff-Daland développa une version de bombardement lourd à partir de son LB-1 Pegasus. Désigné XHB-1 Cyclops il possédait un fuselage plus long et une envergure accrue d’environ 20%. Il emportait six mitrailleuses Lewis identiques à celles du LB-1, quatre mobiles et deux fixes, ainsi que 1800 kilogrammes de bombes. Essayé par l’US Army Air Service cet avion ne dépassa jamais le stade expérimental, les généraux américains estimant avec raison qu’un bombardier lourd ne pouvait pas être monomoteur. Le XHB-1 retomba dans l’oubli.
Il faudra attendre les Douglas B-18 Bolo puis B-26 Invader pour qu’enfin l’aviation américaine puisse disposer de bombardiers légers dignes de ce nom. S’il ne reste de nos jours plus rien du Huff-Daland LB-1 Pegasus la mémoire aéronautique en a tout de même fait un des pionniers dans son genre. Ses échecs inspirèrent notamment les théories demeurés historiques du général William Mitchell, le père du bombardement aérien contemporain.
Pour la petite histoire le 11th Bomb Squadron existe toujours de nos jours, il vole sur Boeing B-52H Stratofortress. On est donc loin du bombardement léger.
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