Fin 1945, l’industrie aéronautique allemande fut démantelée et les productions aéronautiques furent interdites aux entreprises concernées qui s’orientèrent vers d’autres activités industrielles. Ce fut le cas des usines Messerschmitt, mais leur fondateur, Willy Messerschmitt, ne put se résoudre à cette «reconversion» forcée. Fin 1950, une demande urgente d’assistance technique lui fut adressée par Hispano Aviación. En janvier 1952, il installa à Séville son bureau d’études, l’Oficina Técnica Prof. Messerschmitt. Le premier projet fut un avion-école doté d’un moteur à pistons, le HA-100 Triana construit seulement à quatre exemplaires, mais avec une technologie du tout métal de conception moderne, et entre autre une aile mono-longeron. Le HA-100, léger, résistant et simple à construire était conçu autour d’une cellule standard, ce qui facilita une transformation ultérieure en chasseur à réaction.
À l’été 1952, Hispano Aviación remplace le moteur à piston et l’hélice par une propulsion à réaction, composé de deux Turbomeca Marboré II français installés en parallèle à l’avant du fuselage, avec des tuyères sortant de chaque côté à l’arrière de l’emplanture des ailes. Cette configuration inhabituelle fut réalisée car le centre de gravité était pratiquement maintenu d’un modèle à l’autre. De nombreux éléments de structure du Triana pouvaient être repris et le nouvel avion-école devint le HA-120 R-1. Évolué nettement au cours des mois suivants, la version définitive fut nettement plus lourde, tout en offrant un rayon d’action et une capacité de charge utile améliorés. Ce nouveau fut désigné HA-200 R-1 chez HASA à partir de 1955 tandis que l’Ejército del Aire lui attribua la désignation officielle XE-14.
Le HA-200 était de conception classique : fuselage entièrement métallique avec cependant des aérofreins ventraux, un plan horizontal réglable électrique, train d’atterrissage et freins hydrauliques et cabine pressurisée. Il souffrait cependant d’un équipement trop modeste par rapport à ses qualités aérodynamiques intrinsèques car il possédait en outre d’excellentes qualités de vol et une manœuvrabilité
Avec le HA-200, Willy Messerschmitt avait en tête son pays d’origine. Son engagement espagnol avait reçu l’approbation explicite, mais non officielle, du gouvernement de la RFA. Il pensait que son nouvel appareil serait produit un jour à Augsbourg, dans le cadre d’un programme d’approvisionnement de l’armée de l’Air ouest allemande. Désigné comme Me 200 par les médias allemands, il fit l’objet d’une campagne soutenue et de démarches officielles auprès de la Bundeswehr. Mais le ministère de la Défense allemand lui préféra finalement le Fouga CM.170 Magister.
À Séville, la réalisation du premier prototype XE-14-1 se poursuivit sans difficultés. En août 1955, l’appareil fit son vol inaugural seulement dix-huit mois après sa mise en chantier. Lors d’un deuxième vol d’essai, le HA-200 survole la cathédrale de Séville et le lendemain il fut présenté au public espagnol. Entre temps, un surnom évocateur fut trouvé : Saeta, la flèche. La suite de la campagne d’essais révéla quelques problèmes liés aux températures constamment trop élevées au niveau du moteur et dans le poste de pilotage. Un programme de modifications permit de les résoudre jusqu’en juin 1956.
Le premier prototype réalisa une tournée européenne, affublé de son immatriculation civile EC-AMM, se produisant en France, à Monaco, au Luxembourg, en Autriche et en Allemagne pour une série de vols de démonstration. Le deuxième prototype, doté de systèmes d’armes, décolla pour la première fois en janvier 1957. Lors du 22e Salon du Bourget, on assista à un «duel» entre le HA-200 et le Fouga Magister qui démontra la supériorité du concurrent espagnol.
En octobre 1957, Hispano Aviación A se vit finalement notifier une commande de dix appareils de présérie par l’armée de l’Air espagnole. La fabrication de 30 appareils de série d’une version améliorée HA-200 A (désignations militaires : E-14A) débuta en 1959. Également en 1959, l’Égypte acquit une licence pour fabriquer le Saeta et 95 exemplaires d’une version modifiée HA-200 B sortirent des chaînes de montage d’Hélouan.
Hispano Aviación améliora le Saeta vers une version HA-200 D (E-14 B) en 1963. Ce modèle bénéficiait d’une modernisation de l’ensemble de ses systèmes, et notamment d’un train d’atterrissage doté de roues et de freins améliorés. 55 exemplaires prirent l’air jusqu’en 1967. Voulant faire du HA-200 un avion de combat à part entière, HASA développa également la plate-forme d’essais HA-200 E en mai 1965. Le premier prototype du HA-220 Super Saeta, un avion de combat nettement plus performant équipé de moteurs Marboré, prit l’air en avril 1970. Ce modèle pouvait emporter une charge tactique étonnante, et de dégager l’espace occupé par le deuxième poste de pilotage au profit d’un réservoir de carburant supplémentaire. La fabrication du HA-200 à Séville pris fin en 1972, après 25 exemplaires.
Durant leur service dans l’Ejército del Aire jusqu’en 1982, les performances des Saeta et Super Saeta ne furent jamais démenties, surtout avec une fiabilité exemplaire. Il furent utilisés dans le cadre de la formation des pilotes, et de missions de combat dans l’ancienne colonie du Sahara espagnol.
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