L’histoire des voilures tournantes aux États-Unis n’est pas un long fleuve tranquille. Il ne suffit pas toujours à un constructeur de concevoir une machine pour qu’elle rencontre le succès. C’est très vrai sur les marchés civils et parapubliques, ça l’est aussi sur celui des hélicoptères militaires. Pour autant un échec sur le marché national n’est pas forcément synonymes de la fin d’une carrière commerciale comme peut en attester le monoturbine léger Hiller OH-5 Pegasus.
À la fin de l’année 1958 l’US Army annonça qu’elle allait rechercher un nouvel hélicoptère léger d’observation et de liaisons. Quelques semaines plus tard elle lança le programme LOH, pour Light Observation Helicopter. Il s’agissait alors de trouver un successeur aux Bell OH-13 Sioux et Hiller OH-23 Raven.
Plusieurs hélicoptéristes répondirent à l’appel mais seuls trois avant-projets furent retenus. En octobre 1960 le Pentagone passa commande pour trois machines de présérie sous les désignations Bell YHO-4, Hiller YHO-5, et enfin Hughes YHO-6. Chaque hélicoptère est très différent de ses concurrents.
Extérieurement le Hiller YHO-5, ou Model 1100 dans la nomenclature du constructeur, se présentait sous la forme d’un hélicoptère léger quadriplace. Il était de construction entièrement métallique et d’une architecture très académique avec ses deux patins, sa longue queue se terminant par un rotor anticouple bipale, et son poste de pilotage largement vitré. Sa propulsion était assurée par une turbine Allison T-63-A5 d’une puissance nominale de 275 chevaux. Outre le pilote trois passagers pouvaient prendre place à bord de l’appareil. Le prototype réalisa son premier vol le 21 janvier 1963.
Pour autant il ne s’appelait déjà plus YHO-5 mais YOH-5. L’US Army ayant décidé en 1962 de simplifier un peu la nomenclature de ses hélicoptères, notamment ceux encore au stade expérimental. L’hélicoptériste avait par contre donné à son appareil le patronyme de Pegasus, en référence au fameux cheval ailé de la mythologie grecque.
En cette fin janvier 1963 le Bell YOH-4 avait déjà volé depuis sept semaines. Le Hughes YOH-6 n’allait voler que cinq semaines plus tard.
Les essais comparés entre ces trois hélicoptères tournèrent très vite à l’avantage de Hughes. Son OH-6 Cayuse fut commandé en série, et devint un des hélicoptères légers majeurs des cinquante dernières années, notamment durant la guerre du Vietnam. Les Bell YOH-4 et Hiller YOH-5 furent déclarés perdants.
Pourtant l’US Army décida de commander quatre exemplaires de série à Hiller sous la désignation OH-5A Pegasus. Affectés à Fort Rucker dans l’Alabama ils furent mis en œuvre comme machines de soutiens aux essais d’armement pour les hélicoptères, et notamment à l’emport des mitrailleuses à tirs rapides Minigun installés sur les flancs.
Les militaires américains utilisèrent leurs OH-5A Pegasus de 1964 à 1972. Ils furent remplacés par quatre Bell OH-58A Kiowa, de lointains dérivés de l’YOH-4.
En parallèle Hiller, devenu Fairchild-Hiller, développa une version civile et parapublique désignée FH-1100 Pegasus. Si l’OH-5A était un quadriplace ce nouvel appareil pouvait lui accueillir cinq personnes grâce à un fuselage légèrement agrandie et une propulsion plus puissante : un turbine Allison 250-C20B de 420 chevaux.
Ne rencontrant quasiment aucun succès en Europe où il affrontait le SNCASE S.313 Alouette II le Pegasus eut un peu plus de chance en Amérique du nord. Des clients civils en provenance du Canada et des États-Unis achetèrent cet hélicoptère peu onéreux et assez flexible d’emploi.
Fairchild-Hiller cibla également les marchés parapubliques et militaires. Quelques services de police achetèrent des FH-1100 Pegasus, comme la CHP, la California Highway Patrol en charge de la surveillance des autoroutes californiennes ou encore la police de Nassau dans la banlieue de New York. Le FBI testa l’hélicoptère mais lui préféra finalement le Bell 206 Jet Ranger.
Sur le marché militaire le FH-1100 connut plus de succès que l’OH-5A. Des exemplaires ont volés sous les cocardes argentines, brésiliennes, chypriotes, équatoriennes, panaméennes, philippines, et salvadoriennes. Ils y furent principalement employés pour les liaisons, l’observation, ou encore la surveillance frontalière. Seule l’aéronavale brésilienne utilisa le Pegasus comme hélicoptère d’entraînement.
L’ultime utilisateur militaire de cette machine fut l’armée salvadorienne qui s’en sépara en mars 2011 au profit de Hughes 269C achetés de seconde main.
Avec un peu plus de 250 exemplaires construits le Hiller OH-5A Pegasus et surtout sa version civile FH-1100 n’est pas un total plantage. Il n’en reste pas moins qu’on peut difficilement parler de franc succès. En fait il traîna durant toute sa carrière le fait d’avoir été jugé trop petit aux goûts des militaires américains.
Aujourd’hui un superbe exemplaire est préservé à l’US Army Aviation Museum de…
Fort Rucker.
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