Lorsque les ayatollahs renversèrent le régime politique du Shah d’Iran en 1979 le pays était encore un des principaux alliés des États-Unis au Moyen-Orient. La révolution islamique y mit fin désignant l’Amérique de Jimmy Carter comme étant l’ennemi juré. De ce fait toutes les fournitures de matériels, et notamment d’armement, furent stoppées nettes par Washington DC. L’isolement dans lequel l’Iran allait se retrouver face à la communauté internationale la pousserait à faire preuve d’efficacité dans la rétro-ingénierie. Et c’est notamment dans le secteur aéronautique que cela se voit le plus actuellement.
C’est en 1996 que le gouvernement iranien ordonna à l’avionneur HESA de développer un nouveau modèle d’hélicoptère léger polyvalent. Le futur appareil devait permettre de remplacer dans les forces armées, aériennes, et aéronavales les hélicoptères d’origine américaine hérités de l’ère du Shah. La république islamique étant victime d’une fuite massive des cerveaux elle dut avoir recours au principe de rétro-ingénierie à partir d’une machine existant déjà et présente en nombre dans le pays : l’Agusta-Bell AB-206 italo-américain. Deux exemplaires appartenant aux forces aériennes furent alors prélevés sur les stocks et envoyés à HESA qui les démonta pièce par pièce, tentant de comprendre comment en dériver une machine.
Les ingénieurs mirent près de cinq ans à proposer un prototype du futur appareil.
Ce dernier reçut la désignation de Shahed 278. Extérieurement il ne faisait aucun doute que l’hélicoptère iranien dérivait de l’AB-206 mais avec quelques modifications ça et là, notamment au niveau du nez, des patins d’atterrissage, de la verrière, de la queue, de la tête de rotor, ou encore de l’aménagement intérieur. À la différence de l’hélicoptère d’origine le Shahed 278 était en partie assemblé dans une matière composite bon marché, plus légère que le métal mais aussi plus fragile. Afin de le motoriser HESA fit appel à la Grande-Bretagne, et au moyen d’un montage financier passant par des sociétés écrans installées à travers le monde le constructeur iranien réussit à acheter en 2000 un lot d’une vingtaine de turbines Rolls-Royce M250-C20. Normalement l’Iran était sous embargo pour un tel modèle de propulseur. Finalement le prototype du Shahed 278 semble avoir volé pour la première fois en mai 2002.
Au moins deux hélicoptères de présérie et quatre de série ont ensuite été construits, principalement pour les besoins de démonstrations liées à la propagande ou encore pour soutenir les forces de sécurité du pays. Les HESA Shahed 278 sont entrés en service selon toutes vraisemblances en septembre 2005. Deux ans plus tard le ministère iranien de la défense passait commande pour quinze machines destinées à des missions d’entraînement. Afin de satisfaire à cette commande les Iraniens ont cherché à acquérir de nouvelles turbines M250-C20 mais cette fois sans réussite. Finalement sur les quinze machines commandés seuls dix ou douze semblent avoir réellement été livrées entre 2010 et 2016. Au moins sept d’entre-eux ont été pris en compte par les gardiens de la révolution, une organisation paramilitaire ayant un pouvoir très important en Iran. Ils utilisent leurs Shahed 278 pour de la surveillance et des liaisons.
En 2007 HESA a annoncé travailler sur le Shahed 285, une version de reconnaissance armée et d’appui tactique. L’appareil semble apte à l’emport d’une mitrailleuse mobile dans le nez, de roquettes en paniers, et de bombes lisses sous fuselage. Cependant rien ne dit actuellement que l’hélicoptère en question ait dépassé le stade expérimental.
En 2015 après le réchauffement américano-iranien des pourparlers d’acquisition de turbines américaines pour le Shahed 278 furent lancés mais stoppés nets un an et demi plus tard avec l’arrivée au pouvoir de Donald Trump. Ce dernier est farouchement opposé à toute paix entre les deux pays.
Sans être un aéronef révolutionnaire pour l’Iran le HESA Shahed 278 prouve qu’avec une bonne dose de bricolage et pas mal de temps n’importe quel pays peut produire un hélicoptère digne de ce nom. Bien entendu il n’a jamais été exporté.
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