Durant la Seconde Guerre mondiale la Luftwaffe fit un usage intensif des hydravions, aussi bien à coques qu’à flotteurs, pour des missions autant offensives que de soutien opérationnel. En fait les hydravions étaient omniprésents dans l’arsenal aérien allemand de cette époque, comme d’ailleurs dans celui de la majorité des autres grandes puissances engagées dans le conflit. Comme pour tout aéronef le pilotage d’une telle machine ne s’improvise pas, et c’est la raison pour laquelle existait alors des hydravions d’entraînement. C’est au frêle et méconnu Heinkel He 42 que revint ce rôle.
En 1929 l’organisation paramilitaire allemande DVS (pour Deutsche Verkehrsfliegerschule) fit savoir à l’avionneur Heinkel qu’elle recherchait un hydravion de reconnaissance côtière. Même si officiellement cette organisation était une école de transport aérien civil, Britanniques et Français savaient pertinemment qu’il s’agissait d’un embryon de force aérienne monté par les dirigeants de la république de Weimar. Les deux puissances européennes fermaient les yeux, du moment que le DVS n’engageait pas le développement de chasseurs ou de bombardiers.
Hors les ateliers Heinkel travaillaient déjà depuis 1925 pour le compte du DVS sur plusieurs programmes, celui ci ne semblait donc pas particulièrement difficile. Et il ne l’était pas.
En fait les ingénieurs allemands prirent modèle sur le HD 24 (HD pour Heinkel Doppeldecker, c’est à dire Heinkel biplan) conçu quelques années auparavant et utilisé notamment par la force aérienne suédoise comme hydravion à flotteurs d’entraînement et de reconnaissance à vue. Quelques exemplaires de celui-ci avaient d’ailleurs volé au sein du DVS comme hydravions d’entraînement et de transport postal léger.
Afin de propulser leur futur hydravion les ingénieurs allemands sélectionnèrent le moteur Junkers L-5 d’une puissance de 300 chevaux entraînant une hélice bipale en bois et métal. Ce moteur à six cylindres en ligne équipait alors certaines versions des Junkers F13 et W-33. Cependant il n’équipait alors aucun hydravion.
Le nouvel hydravion reçut la désignation de Heinkel HD 42.
Extérieurement il se présentait sous la forme d’un hydravion à flotteurs monomoteur biplan faisant appel à une construction mixte en métal et contreplaqué entoilé. Le pilote et l’observateur prenaient place dans deux cockpits à l’air libre séparés, celui à l’arrière ayant la possibilité de recevoir un anneau de fixation pour une mitrailleuse mobile MG13 de 7.92mm de calibre. C’est dans cette configuration que le prototype du Heinkel HD 42 vola pour la première fois le 31 mars 1931 sous l’immatriculation civile provisoire de D-1793.
Quelques petites améliorations furent demandés par le DVS, comme le remplacement de la mitrailleuse MG13 par une MG15 de même calibre mais plus moderne et disposant d’une meilleure cadence de tir.
Au moment des essais en vol et des tests d’armement l’immatriculation D-1793 devint D-IHYE. Dix exemplaires de présérie furent fabriqués aussi bien comme machines de reconnaissance que côtière que d’entraînement intermédiaire et avancé destiné aux futurs pilotes d’hydravions.
En septembre 1933 un lot de trente-quatre HD 42 fut acquis par l’aviation civile allemande comme hydravions postaux catapultables depuis des navires marchands. En fait la majorité vola au sein de la Lufthansa comme hydravions court-courrier.
Finalement les premiers Heinkel HD 42 militaires entrèrent en service au sein de la DVS en janvier 1934. Lors de la fondation de la Luftwaffe en 1935 le RLM décida de modifier la désignation de ces hydravions qui devinrent des Heinkel He 42. Deux séries étaient alors proposées : le He 42D de reconnaissance côtière et le He 42E d’entraînement intermédiaire et avancé. En effet depuis la commande de ces avions en 1932 les nazis étaient arrivés au pouvoir, boostant le réarmement allemand, et donc les programmes aéronautiques. Le He 42 devenait donc prioritairement un appareil de formation.
Au total si le He 42D ne fut produit qu’à quinze exemplaires pour les besoins du DVS puis de la Luftwaffe, il en est tout autrement du He 42E. Beaucoup de pilotes allemands estimaient alors que cet appareil était le meilleur hydravion école disponible sur le marché : simple, robuste, bien motorisé, et pardonnant beaucoup les erreurs de pilotage du fait d’un stabilité accrue liée à son envergure.
Les hydravions postaux prirent, quant à eux, la désignation de He 42B.
La désignation He 42C fut réservée aux machines destinées à l’exportation. Dix machines furent vendus en 1936 à l’aviation suédoise en tant qu’hydravions d’entraînement et de formation intermédiaire sous la désignation locale de Heinkel Sk-13. En outre quatre machines de reconnaissance côtière furent vendues en 1937 à la Bulgarie.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata les quinze He 42D étaient encore en service comme hydravions de reconnaissance côtière sur la façade orientale allemande tandis que plus de cent quatre-vingt He 42E volaient eux au sein d’une demi-douzaine d’unité de formation. Jugés trop faiblement armés les He 42D ne furent jamais engagés contre les forces britanniques et françaises, et se limitèrent à des missions de garde-côte, jusqu’à leur remplacement en 1940 par des Arado Ar 196. Sur les douze exemplaires encore en état de vol dix furent transformés en He 42E et les deux autres cannibalisés.
Les Heinkel He 42E volèrent par contre durant toute la durée du conflit, étant les seuls hydravions d’entraînement intermédiaire en service dans la Luftwaffe. Après leur sélection et leur formation sur des avions d’entraînement primaires tel le Klemm Kl 35 les élèves-pilotes poursuivaient leur formation sur l’hydravion biplan de Heinkel. À la fin des hostilités près de cent machines de ce type volaient encore au sein des forces nazies.
S’il ne fut jamais le plus célèbre hydravion allemand de la Seconde Guerre mondiale le Heinkel He 42 est tout de même un des quelques aéronefs à avoir servi la Luftwaffe de bout en bout du conflit, d’autant plus qu’il avait auparavant appartenu au DVS.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.