Après le succès de l’avion à moteur-fusée He 176 et toujours passionné par les nouvelles technologies, Ernst Heinkel mit au point le He 178, un engin propulsé cette fois par un turboréacteur. Ce moteur, désigné HeS3 (109-006), avait été créé par Max Müller, un technicien issu de la firme Junkers. Le nouvel appareil, piloté par le Flugkapitän Erich Warsitz, vola le 27 août 1939 et devint ainsi le premier avion à turboréacteur de l’histoire de l’aviation. Fort de cette démonstration réussie, le constructeur proposa aux autorités de développer ce concept en vue de la réalisation d’un chasseur supérieur à tous les autres. Mais le RLM et la Luftwaffe, fascinés par le succès de l’inégalable Messerschmitt Bf-109, ne manifestèrent que de l’indifférence à l’égard de cette curiosité sans grand intérêt, et estimèrent même qu’un avionneur n’avait pas à se disperser dans la fabrication de moteurs.
Mais Heinkel, qui tenait absolument à l’aboutissement de son projet, finança sur fonds propres l’étude et la réalisation de son prototype. Un nouveau turboréacteur, désigné HeS8 (109-001), fut conçu par le Dr Hans Joachim Pabst von Ohain et son assistant Max Hahn. L’élaboration du propulseur rencontra de nombreux problèmes de mise au point, de sorte que la cellule du nouvel avion fut prête bien avant son moteur. Désigné He 280 V1, ce prototype fut testé en vol plané le 11 septembre 1940, remorqué par un bombardier He 111. Le futur chasseur se présentait comme un appareil monoplan à aile basse entièrement métallique, à train d’atterrissage tricycle escamotable, et doté de deux turboréacteurs placés en nacelles sous la voilure. Monoplace armé de trois canons de 20 mm, il était équipé d’une innovation technique révolutionnaire en cas d’évacuation d’urgence : le siège du pilote à catapultage pneumatique.
Les prototypes suivants, désignés Heinkel He 280 V2 à V9, commencèrent les essais motorisés et le premier chasseur du monde muni de turboréacteurs effectua son vol inaugural le 2 avril 1941 avec le pilote d’essai Fritz Schafer aux commandes.
Le moteur du He 178, le HeS3, servit provisoirement aux tests de début du V2, mais décevant pour ce type d’appareil, il fut vite remplacé par le Junkers Jumo 004 A de 840 Kgp, puis par le 004 B1 de 900 Kgp. Le HeS8, enfin en état de fonctionner, fut monté sur le prototype V3 qui fut essayé sans les capots de moteurs, car le carburant circulant mal se déposait dans le bas et risquait de provoquer des incendies. Par ailleurs, ce réacteur était moins puissant que le Jumo (750 Kgp) et les appareils suivant utilisèrent d’autres propulseurs, comme l’Argus As 014 « pulsejet » ou le BMW 003 A1.
En 1942, le major Wolfgang Schenk perdit le contrôle de son avion d’essai et ne dut la vie sauve que grâce à la première évacuation de l’Histoire par siège éjectable. Le 31 janvier 1943, Fritz Schafer connut la même mésaventure et prouva, s’il était encore besoin, la parfaite utilité de ce nouveau système de sécurité.
La production du Heinkel He 280 totalisa 9 prototypes, qui servirent au développement de diverses techniques destinées à d’autres appareils. Le RLM et la Luftwaffe, ne voulant pas reconnaître avoir négligé une formidable opportunité, déclarèrent que l’engin n’était pas satisfaisant et s’orientèrent vers Messerschmitt qui bénéficiait d’une grande estime et dont l’appareil, le Me-262, plus lourdement armé, était plus prometteur.
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