Au début des années 1920 la jeune Royal Air Force chercha à disposer de chasseurs de nouvelle génération, plus rapides et plus solides que ceux hérités de la Première Guerre mondiale. C’est la raison pour laquelle elle se lança tous azimuts dans des programmes de développements, permettant ainsi de donner une somme importante de travail à de nombreux avionneurs dont certains n’existaient pas durant le conflit. Parmi les avions qui furent construits en série figurait un petit biplan qui s’il ne fut pas révolutionnaire amena quelques nouveautés à la chasse britannique : le Hawker Woodcock.
À la fin de l’année 1922 l’Air Ministry émit la Specification 25/22 relative à un chasseur monoplace nocturne. Il s’agissait en réalité que la RAF puisse aligner un avion pouvant opérer au crépuscule ou à l’aube et non réellement au cœur de la nuit, dans la plus totale obscurité. Il fallait donc ajouter une capacité d’éclairage à l’avion.
Un seul avionneur y répondit : la jeune entreprise Hawker alors quasi inconnu des militaires sous cette forme. En fait Hawker avait repris les actifs et une bonne partie des personnels de feue la société Sopwith.
Le projet de Hawker fut donc sélectionné par l’Air Ministry.
Baptisé Woodcock celui-ci se présentait sous la forme d’un biplan d’envergure également construit en bois entoilé et motorisé par un Armstrong-Siddeley Jaguar Mk-II à quatorze cylindres en étoile d’une puissance de 358 chevaux. Il entraînait une hélice bipale en bois et disposait d’un large casserole englobant presque tout l’avant du moteur. Par ailleurs l’avion possédait un empennage arrondi et un train d’atterrissage classique fixe à faible empattement. L’armement de ce chasseur consistait en deux mitrailleuses jumelées et synchronisées Vickers de calibre 7.7 millimètres. Le pilote prenait place dans un cockpit à l’air libre.
Le prototype du Hawker Woodcock réalisa son premier vol en mars 1923 entre les mains du pilote d’essais Francis P. Raynham.
Dès les premiers vols d’essais l’Air Ministry et la Royal Air Force découvrirent que le prototype du Hawker Woodcock, évoluant alors sous le serial J6987, ne répondait pas exactement à leurs attentes. Des vibrations étaient ressentis dans tout l’avion et une fragilité fut détectée au niveau de l’empennage. Hawker proposa alors de modifier la motorisation au profit de l’industriel Bristol, ce que refusèrent les autorités britanniques. Elles demandèrent à l’avionneur de revoir en profondeur sa copie. Un second prototype fut construit.
Désigné Hawker Woodcock Mk-II, par opposition avec le premier prototype devenu ainsi Woodcock Mk-I, le nouvel avion conservait l’aspect général de son prédécesseur mais avec des améliorations notables. La partie arrière du fuselage et la voilure furent redessinés, le train d’atterrissage renforcé, et la motorisation échangée. Désormais un Bristol Jupiter Mk-IV à neuf cylindres en étoile d’une puissance de 380 chevaux actionnant une hélice bipale en bois animait le chasseur. Afin de gagner en aérodynamisme chaque cylindres fut doté d’un cache-culbuteur individuel tandis qu’une casserole d’hélice était installée. En outre l’assemblage n’était plus uniquement en bois et toile, elle comptait aussi du contreplaqué.
L’armement lui fut inchangé. C’est en août 1923 que le Woodcock Mk-II vola pour la première fois.
L’Air Ministry notifia immédiatement une commande pour soixante-deux chasseurs de série. Les premiers Hawker Woodcock Mk-II sortirent d’usines en décembre 1924, étant acceptés au service par le N°3 Squadron de la Royal Air Force dès février 1925 puis en mai 1925 par le N°17 Squadron. À l’usage cet avion se révéla agréable à piloter à condition de le confier à des pilotes expérimentés.
Les derniers exemplaires de série arrivèrent en unité à la mi-1927.
La carrière opérationnelle du Hawker Woodcock fut cependant assez courte au sein de la Royal Air Force. Celle-ci conserva en effet ses chasseurs de nuit en première ligne jusqu’en novembre 1928. Ils quittèrent peu à peu le service actif au profit du Gloster Gamecock Mk-I jugé plus moderne. Toutefois le N°17 Squadron conserva quatre exemplaires jusqu’en 1936 pour des vols de représentation officielle. Désarmés ces chasseurs assuraient la même mission que celle aujourd’hui des Red Arrows.
Conscient des capacités réelles de son chasseur Hawker chercha à exporter son Woodcock. Un seul et unique client se fit connaitre : le Danemark. Ce petit pays européen décida de commander dix-huit exemplaires d’une version propre de l’avion britannique mais avec quelques modifications majeures. La première concernait la voilure redessinée de manière à disposer d’un plan inférieur raccourci par rapport au plan supérieur. La deuxième était la dépose du moteur Bristol au profit d’un Armstrong-Siddeley Jaguar Mk-IV à quatorze cylindres en étoile d’une puissance de 385 chevaux. À la différence des avions britanniques les exemplaires destinés aux Danois ne possédaient pas de moteur caréné et de cylindres protégés. Enfin les deux mitrailleuses Vickers furent remplacés par des armes de même calibre mais produit localement par la manufacture Madsen.
Connu comme Hawker Danecock le premier exemplaire vola en décembre 1925.
Trois exemplaires seulement furent livrés par l’industriel britannique. Le contrat prévoyait en effet que les quinze derniers soient assemblés localement par l’Orlogsværftet. Ce chantier naval dépendant de la marine danoise s’était en effet fait une spécialité dans la construction sous licence d’avions étrangers, comme avec les hydravions allemands Hansa-Brandenburg W.29. En fait les trois avions d’origines étaient destinés à l’aviation danoise et les quinze autres à l’aéronavale danoise.
Les avions construit par l’Orlogsværftet étaient connus localement sous la désignation de LB.2 et le patronyme de Dankok.
En 1932 l’aviation danoise rétrocéda ses trois exemplaires à la marine danoise qui faisait ainsi voler les seuls Hawker Danecock du pays. Il s’agissait là des uniques chasseurs de l’aéronavale de ce pays. Ils furent principalement employés pour protéger l’espace aérien du littoral danois, notamment contre l’aviation allemande renaissante. Finalement le Danemark se sépara de ses chasseurs britanniques à la fin de l’année 1937, une époque où objectivement ils étaient devenus obsolètes.
S’il ne révolutionna jamais la chasse britannique le Hawker Woodcock eut un impact historique indéniable. Il s’agit en effet du premier chasseur monoplace construit en série par Hawker. On peut donc raisonnablement le considérer comme l’ancêtre d’avions aussi légendaires que le Fury, le Hurricane, le Typhoon, ou encore le Hunter. Pas mal tout de même. De nos jours un superbe Danecock est préservé au Danmarks Flymuseum de Stauning dans le sud-ouest danois.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.