Au cours des années 1930 l’industrie aéronautique britannique fut une des plus fleurissantes au monde. Ses nombreux industriels surent développer nombres de concept innovants, et notamment dans le domaine de la défense. Du chasseur à l’avion de reconnaissance en passant par le bombardier les avionneurs britanniques étaient sur tous les fronts, avec plus ou moins de succès. Parmi ces constructeurs en figurait un qui était à la pointe de la technologie à l’époque, Hawker, qui réussit à construire quelques-uns des avions les plus fameux de cette période. Pourtant il connut aussi des revers, et l’un de ses plus connus est un monomoteur développé à l’origine comme bombardier léger et finalement construit en série comme remorqueur de cibles, le Henley.
Début 1934 l’Air Ministry émit la Specification 4/34 relative à un nouveau bombardier léger capable de remplacer les biplans Hawker Hind. Les directives étaient claires, ce nouvel avion devait être monomoteur, monoplan et doté d’un moteur d’une puissance minimale de 1000 chevaux avec une charge offensive de 400 kg.
Assez étrangement deux constructeurs seulement répondirent présents à l’appel : Fairey et Hawker. Chacun avait sélectionné le même propulseur que son concurrent, le Rolls-Royce Merlin Mk-II d’une puissance de 1030 chevaux. Un des meilleurs moteurs à l’époque disponible sur le marché britannique. Fairey désigna temporairement son avion comme P4/34 tandis que Hawker baptisa le sien Henley. Ils furent présentés officiellement fin 1936.
Si Fairey développa son P4/34 comme un appareil entièrement nouveau, Hawker de son côté préféra avoir recours à des éléments déjà testés sur d’autres avions. Ainsi la voilure et l’empennage provenait du chasseur Hurricane tandis qu’une partie du cockpit avait été d’abord testé sur un biplan Fury spécialement modifié.
Bien que le Henley ne réalisa son premier vol qu’en mars 1937, soit deux mois après son concurrent c’est bien lui qui fut sélectionné et commandé en série par la Royal Air Force à hauteur de 350 exemplaires sous la désignation de Henley Mk-II. Le Henley Mk-I désignait le prototype. L’aventure du P4/34 ne s’arrêta pas pour autant puisqu’il fut modifié ultérieurement pour servir au développement du chasseur embarqué Fairey Fulmar.
Malgré une bonne cadence de production dès le départ le marché fut officiellement réduit en janvier 1938 pour passer à 200 exemplaires. L’arrivée progressive de bombardier légers et moyens bimoteurs tel le Bristol Beaufort avait quelque peu changé la donne pour l’état-major londonien. Quelques mois plus tard la Royal Air Force ordonna de bloquer les livraisons de l’avion.
Finalement en octobre 1938, alors que plus de la moitié des Henley était en réserves chez Hawker la sentence tomba. La RAF n’avait plus besoin de ce bombardier léger. Cependant le poids politique des responsables de Hawker, et la dégradation progressive des relations germano-britanniques firent que la commande ne fut pas annulée mais transformée. De bombardier le Henley devenait remorqueur de cibles. Il fallait entraîner les futurs pilotes au tir aérien.
Tous les exemplaires déjà produits furent renvoyés sur les chaînes d’assemblages, pour y être désarmés, et on modifia la soute interne pour qu’elle puisse recevoir une cible volante et son système de tractage. Les nouveaux avions reçurent donc la désignation définitive de Hawker Henley TT Mk-III.
Extérieurement cet avion se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever construit en contreplaqué et métal. Sa propulsion était assurée par le Merlin Mk-II prévu initialement, et qui entraînait une hélice tripale en métal. Totalement désarmé le Henley possédait néanmoins une tourelle mobile arrière, issue de l’époque où il aurait du être bombardier. En outre il possédait un train d’atterrissage classique escamotable. Le cockpit biplace en tandem avait été renforcé par des plaques de blindage afin de protéger le pilote et le copilote des tirs fratricides, fréquents sur les remorqueurs de cibles de l’époque.
Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata à l’été 1939 le Hawker Henley était le principal remorqueur de cibles en service dans les écoles de pilotage de la Royal Air Force. L’avion équipait pas moins de neuf squadrons différents. Il demeura en première ligne jusqu’en fin 1942, laissant ensuite peu à peu la place aux Boulton-Paul Defiant TT Mk-I et Miles Martinet plus modernes.
Néanmoins le dernier Hawker Henley ne quitta le service actif qu’en janvier 1945. Il servait alors au Squadron 291, la dernière unité britannique à voler sur ce monomoteur !
Les caractéristiques générales de l’avion firent que les ingénieurs britanniques décidèrent d’en développer une version de chasse biplace destiné à la Specification 9/35 qui recherchait un remplaçant au Hawker Demon. Le nouvel avion fut désigné Hotspur. Il n’eut qu’un seul et unique concurrent, le Boulton Paul Defiant.
Il faut dire que le programme que visait le Hawker Hotspur était pour le moins originale : concevoir un chasseur monomoteur biplace dont le seul armement résiderait dans une tourelle mécanique arrière servant quatre mitrailleuses. Le Hotspur ne vola qu’en juin 1938, soit près d’un an après le Defiant. C’est logiquement ce dernier qui fut sélectionné.
Le Hotspur vola encore jusqu’en 1943, servant de banc d’essais statique et volant pour l’avionneur.
Appareil méconnu le Hawker Henley n’était pas intrinsèquement un mauvais avion, simplement il eut la malchance d’arriver à une époque où les généraux britanniques ne croyaient plus en lui pour aller bombarder leurs ennemis. Sur les 200 exemplaires de série construits, une bonne trentaine fut perdue en service, notamment quelques-uns durant la bataille d’Angleterre du fait de la Luftwaffe. En effet le Squadron 639 qui volait dessus fut envoyé en Écosse assez tardivement. Désarmé et assez lent ce remorqueur de cibles en devenait de facto une facile pour la chasse allemande. Cela s’appelle l’ironie du sort.
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