Dans les années 1950 et 1960, les militaires chinois étaient totalement dépendant de l’Union Soviétique pour leur dotation en aéronefs militaires, et à quelques très rares exceptions ils ne concevaient aucun appareil eux-même. Il faut donc souligner l’existence d’un hélicoptère de transport assez étrange, qui s’il fut un échec cuisant n’en demeure pas moins le premier véritable appareil de ce genre construit en (petite) série en Chine et développé par des ingénieurs locaux : le Harbin Z-6.
Les origines de cet appareil remontent à la toute fin des années 1950 quand la Chine obtint de l’URSS une licence pour produire localement l’hélicoptère de transport Mil Mi-4 sous la désignation de Z-5. Il s’agissait alors pour les autorités chinoises de disposer d’un appareil moderne, leur permettant de rattraper leur retard dans le domaine. Rapidement le Z-5 fut utilisé dans bien des rôles, du transport civil au transport d’assaut en passant le sauvetage en mer. Malgré la polyvalence attestée de l’hélicoptère les autorités de Pékin réclamèrent dès le milieu des années 1960 une machine de conception nationale, à même de symboliser la puissance idéologique du pays.
Une équipe d’ingénieur fut constituée par le constructeur Harbin, et ceux-ci prirent naturellement le Z-5 comme base de travail. A la même époque plusieurs constructeurs en Europe et aux États-Unis réfléchissaient à une nouvelle génération d’hélicoptères polyvalents, et leur influence marqua considérablement les Chinois. Ils travaillèrent assez vite et finalement un premier prototype fut assemblé à l’automne 1969. Il fut désigné Harbin 6001.
Extérieurement l’appareil se présentait assez classiquement, avec un fuselage large, et un rotor principal quadripale. Il reprenait certains éléments du Z-5 comme son train d’atterrissage quadricycle fixe, sa poutrelle de queue, et son rotor anticouple. Pour le reste l’appareil avait été redessiné. Sa propulsion faisait appel à un turbomoteur de conception nationale WZ-5 d’une puissance de 2200 chevaux. Ce dernier était en fait une adaptation du turbopropulseur WJ-5 conçu initialement pour l’avion de transport tactique Xian Y-7. La cabine du Harbin 6001 avait été pensé pour recevoir quinze soldats équipés ou environ 1300 kg de fret léger. Il réalisa son premier vol en décembre 1969.
Rapidement l’appareil fut identifié par l’OTAN qui lui attribua la désignation temporaire de Hound-D, le considérant de facto comme une version dérivée du Z-5. Entre temps il avait reçu sa désignation chinoise officielle de Harbin Z-6.
Les premiers essais en vol furent catastrophiques. Non seulement le Z-6 semblait très difficile à piloter mais en outre il peinait à embarquer plus de douze fantassins équipés. Aucun armement de bord ne pouvait être emporté, pas même une gundoor. Cependant, le pouvoir communiste chinois passa commande pour cent machines dès le début de l’année 1970.
Les cadences de productions furent assez lentes, et au final seule une petite quinzaine de Harbin Z-6 fut assemblé, tous n’étant pas livrés en unités. Pourtant le pouvoir maoïste n’hésitait pas à le mettre en scène lors de manœuvres militaires de grandes ampleurs. Le Z-6 fut d’ailleurs à l’origine d’une affaire d’espionnage industriel supposé entre Moscou et Pékin. Les Soviétiques accusèrent leurs alliés d’avoir dérobés des plans du Mi-8 pour mettre au point leur hélicoptère. Il faut dire que les deux appareils ont en effet comme un vague air de famille.
Déjà à l’époque l’aide industrielle entre les deux pays avait été suspendue suite au conflit qui opposait les deux puissances sur la territorialité de l’île de Zhenbao, un minuscule bout de terre, sur le fleuve Oussouri, à des milliers de kilomètres de Moscou. Un conflit qui rappelons le n’a trouvé une issue qu’avec la chute de l’URSS en 1991. A cette occasion au moins trois Z-6 furent envoyés par la Chine dans la région, plus pour des motifs de propagande que pour une réelle nécessité tactique.
Au final la poignée de Harbin Z-6 ne resta en service que quelques années, le dernier quittant son unité d’affectation en 1980. Il faut souligner que jamais la Chine n’eut assez de ces hélicoptères pour constituer une escadrille entière. Ils servirent généralement en complément d’autres appareils.
Même si le Harbin Z-6 est généralement considéré comme un hélicoptère raté il faut souligner qu’il fut le premier conçu en Chine. Aujourd’hui ce pays s’est lancé dans une course aéronautique sans égale qui débouche notamment sur le Z-15, un appareil ultra-moderne développé conjointement avec les ingénieurs européens d’Airbus Helicopter.
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