Dans la seconde moitié des années 30, l’Armée de l’Air entama une vaste campagne de modernisation de son parc aérien. Suite aux informations collectées par les services de renseignement concernant le réarmement allemand, il devint rapidement évident que la France était sous-équipée pour affronter ce potentiel ennemi. Outre les classiques bombardiers, chasseurs, et avions de reconnaissance, le programme de modernisation concernait également les appareils de servitude, et notamment machines d’entraînement et d’instruction. Parmi celles-ci on trouvait un appareil très novateur, malheureusement assemblés en petite quantité : le Hanriot H-232.
C’est à la fin de l’année 1936 que le Ministère de l’Air lança un programme classe T2, c’est à dire biplace de travail. Sous cette dénomination se cachait en réalité une petite révolution dans la manière de former en France les futurs pilotes militaires. En effet, le nouveau T2 était destiné à la formation des pilotes de multi-moteurs. Cinq constructeurs répondirent à l’appel d’offre : Bloch, Caudron, Hanriot, Potez, et Romano. Rapidement deux appareils se détachèrent du lot et un prototype de chacun de ces derniers fut commandé, le Bloch MB-500 et le Hanriot H-230.
Si le premier ressemblait à un très classique avion de transport léger, le second quant à lui avait vraiment tout d’un avion militaire, tant il ressemblait à un bombardier rapide ou à un chasseur lourd. Assez logiquement, c’est l’appareil de Hanriot qui fut donc sélectionné. Après plusieurs atermoiements sur la motorisation, l’équipement interne, et quelques autres détails Hanriot proposa enfin la version finale de son avion, le H-232.
Cet avion se présentait sous la forme d’un biplace bimoteur monoplan à aile médiane. Doté d’un train d’atterrissage tricycle classique escamotable et d’un empennage double dérive, le Hanriot H-232 était construit en bois entoilé et métal. Sa propulsion était assurée par deux moteurs en ligne Renault 6Q de 220 chevaux de puissance unitaire entraînant chacun une hélice bipale en métal. L’une des nouveautés était son cockpit biplace en tandem sur lequel l’instructeur prenait place à l’arrière sur un siège rehaussé lui donnant un meilleur champ de vision que l’élève. Bien que clairement destiné aux futurs pilotes d’avions d’armes, le H-232 ne disposait d’aucune mitrailleuse.
Le prototype réalisa son premier vol le 22 juillet 1937.
Devant l’innovation du programme, l’Armée de l’Air décida d’acquérir un total de quarante exemplaires pour la formation avancée et la transformation opérationnelle des futurs pilotes. Afin de renforcer le côté opérationnel des H-232, ils furent camouflés à la manière de certains avions de combat tels les Potez 63-11.
A l’export le bimoteur de Hanriot fut commandé à 22 exemplaires par la Finlande. Toutefois l’invasion allemande de la France au printemps 1940 changea radicalement la donne. Si 35 exemplaires avaient été livrés à l’Armée de l’Air, l’aviation finlandaise n’en avait reçut que deux. Rapidement la Luftwaffe comprenant le potentiel de cet avion décida de saisir quinze appareils et de les repeindre à ses couleurs. Ils furent affectés à une école de pilotage en France installée à Istres, là même où servaient auparavant la majorité des H-232. En somme, ils changeait de propriétaire, pas de base.
Par ailleurs, trois H-232 furent convoyés jusqu’en Finlande, alors alliée aux nazis. Si les deux premiers y servirent réellement, le dernier fut conservé comme pièce de rechange pour cannibalisation. Les bimoteurs Hanriot servir en Finlande jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Appareil méconnu et pourtant important dans l’histoire aéronautique française, le Hanriot H-232 fut le premier véritable bimoteur d’entraînement avancé de l’Armée de l’Air. Sa conception très novatrice et son utilisation en firent un auxiliaire précieux pour les Français qui en réutilisèrent quelques uns entre 1945 et 1948. Les Hanriot français furent désignés H-232-2 et les deux premiers appareils finlandais H-232-3.
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