Hall XP2H

C’est durant l’entre-deux-guerres que l’US Navy comprit l’intérêt qu’elle pouvait tirer de l’emploi d’hydravions à coque dans les missions de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine. Et très vite ce fut une véritable montée en puissance de ces machines volantes, d’abord de fragiles appareils hérités de la Première Guerre mondiale pour se transformer au début des années 1930 en de redoutables machines de guerre. Tous les hydravions n’eurent cependant pas la possibilité d’être produits en série et certains ne dépassèrent pas le stade expérimental malgré un potentiel avéré. L’un des exemples les plus frappant fut l’étonnant quadrimoteur biplan Hall XP2H.

Au début de l’année 1928 l’US Navy lança un cahier des charges assez large pour permettre à de nombreux avionneurs d’y répondre. Il concernait un hydravion à coque de reconnaissance maritime lointaine monoplan ou biplan et forcément multi-moteur. L’idée était qu’il puisse remplacer les Naval Aircraft Factory PN-5/PN-6 alors en dotation.
Le temps que chaque constructeur prépare un avant-projet et les États-Unis avaient plongé dans la crise financière de 1929. Au final trois constructeurs seulement se présentèrent sur la ligne de départ : Consolidated, Hall, et Sikorsky. Les autres avaient jeté l’éponge.

Comme à son habitude l’avionneur Hall développa un appareil faisant massivement appel à l’aluminium, tant pour la coque à double redan que pour la voilure. Connu alors sous la désignation prototype de XP2H cet hydravion était très ambitieux.
Quadrimoteur de grande taille il disposait de moteurs dits push-pull. Il s’agissait en effet de deux moteurs à douze cylindres en V Curtiss V-1570-54 Conqueror doté d’hélices tractives couplés à deux moteurs identiques à hélices propulsives. Un système qui permettait au Hall XP2H de voler plus vite à haute altitude et de réduire sa consommation de carburant. Sa puissance totale était de 2400 chevaux. Pour le reste il possédait une voilure type biplan sous laquelle reposaient deux flotteurs annexes et un empennage à double dérive.
L’armement de l’hydravion se composait de cinq mitrailleuses mobiles de calibre 7.62 millimètres, quatre couplées deux par deux et une simple. Les postes de tir étaient en positions avant, dorsale, et arrière. Neuf cents kilogrammes de bombes venaient s’y ajouter.

Le prototype Hall XP2H déjaugea pour la première fois le 15 novembre 1932. Ses deux principaux concurrents, le Consolidated XP2Y et le Sikorsky XP2S avaient déjà volé. Et l’US Navy avait quasiment déjà fait son choix, rejetant le troisième d’entre eux.
En fait durant un temps l’aéronavale américaine espéra pouvoir commander en série à la fois l’hydravion de Consolidated et celui de Hall, mais dans deux rôles très différents. Le XP2Y comme pure machine de patrouille maritime et de lutte anti-sous-marine et le XP2H comme hydravion de reconnaissance lointaine et d’exploration à long rayon d’action.
C’est dans ce sens que l’hydravion participa en mars 1935 à un vol d’essais vers Panama d’une durée de 25 heures avec deux équipages à son bord.

L’US Navy utilisa notamment le XP2H afin de valider des patrouilles de sécurisation autour du canal à partir de sa base navale de Coco Solo. Malgré la réussite incontestable de l’exercice les crédits alloués étaient insuffisants et la marine américaine dut se contenter du P2Y Ranger. L’idée d’un patrouilleur à long rayon d’action en resta là.
L’avionneur tenta alors de proposer son XP2H à l’US Coast Guard qui faisait voler à l’époque des Hall PH-2. Ce fut sans succès. L’hydravion quadrimoteur push-pull en resta là.

Sans nul doute surdimensionné pour la mission qu’il avait à remplir le Hall XP2H était un hydravion très ambitieux. Trop même aux yeux des décideurs américains.
Il n’en reste plus rien de nos jours.