Pour beaucoup d’avionneurs la conception d’un avion école est souvent le passage obligé avant d’envisager d’aller plus loin, vers des machines de transport voire des chasseurs. En Inde Hindustan Aircraft Limited n’y fit pas exception et débuta timidement ses productions en série dès l’indépendance du pays par un appareil destiné aux missions d’entrainement primaire. Les résultats de ces travaux donnèrent naissance à un monomoteur qui s’il n’était pas à proprement parler le plus original de son époque eut au moins le mérite de lancer l’aventure industrielle HAL. Il s’appelait le HT-2.
Quand le 26 janvier 1950 l’Inde quitta officiellement le giron de la couronne britannique et obtint son indépendance l’avionneur HAL n’avait plus à rendre de compte à l’occupant colonial. Il put ainsi se lancer dans le développement de machines pour la jeune Indian Air Force, laquelle était alors doté d’une flotte hétéroclite comprenant aussi bien des aéronefs légués par les Britanniques que d’autres « offerts » par l’URSS. Surtout les Indiens voulaient conserver cette indépendance jusque dans leurs dotations aériennes.
Le programme HT-2 fut lancé et confié à l’ingénieur en chef de l’entreprise, monsieur Vishnu M. Ghatage.
Afin de motoriser son futur avion d’entraînement basique Ghatage fit le choix du De Havilland Gipsy Major à quatre cylindres en ligne d’une puissance unitaire de 145 chevaux. Ce moteur britannique daté des années 1930 était alors une référence mondiale avec à son actif des avions comme le biplan De Havilland D.H.82 Tiger Moth ou encore le monoplan Saab 91A Safir. Il semblait donc idéal pour le HAL HT-2.
Pour le reste l’avion était d’une facture très académique avec son architecture de monoplan tout métal à aile basse cantilever, son poste de pilotage biplace en tandem, et son train d’atterrissage classique fixe. Il début ses essais de roulage fin juillet 1951.
Le 5 août 1951 le prototype du HAL HT-2 réalisa son premier vol entre les mains de Jimmy Munshi, le premier pilote d’essais indien. Une semaine plus tard son existence était révélée au monde lors d’une présentation publique. Et très rapidement les journalistes se posèrent des questions sur la troublante ressemblance entre cet avion et le De Havilland Canada DHC-1 Chipmunk apparu quelques années plus tôt. Vishnu M. Ghatage balaya les accusations de plagiat, mais le mal était fait.
Lors de la phase d’essais le prototype fut partiellement détruit au sortir d’une série de figures acrobatiques. La motorisation fut alors mise en cause obligeant HAL à revoir sa copie.
Au De Havilland Gipsy Major d’origine Hindustan Aircraft Limited préféra finalement le Blackburn Cirrus Major lui aussi britannique et lui aussi à quatre cylindres en ligne. Le HT-2 gagna au passage dix chevaux, atteignant donc les 155 chevaux de puissance.
Une commande officielle fut passée pour 153 exemplaires, les trois premiers étant versés à une unité d’expérimentation aérienne de l’Indian Air Force et les 150 autres aux écoles de formations indiennes. Les premiers entrèrent en service actif en mai 1955. Ils y remplacèrent progressivement les Canadian Car & Fundry Harvard Mk-4, De Havilland D.H.82 Tiger Moth, et Percival P-40 Prentice. Au fur et à mesure des livraisons l’Indian Air Force obtenait une forme d’unité entre ses différentes formations d’entraînement de base.
Avion fiable, facile d’emploi, et finalement très robuste le HAL HT-2 ne suscita pourtant que très peu d’intérêts à l’étranger. Si l’Australie s’intéressa à lui un temps c’est finalement le Ghana qui fut le seul client export avec douze exemplaires acquis en 1963. On sait peu de choses concernant ces avions si ce n’est qu’ils furent retirés du service seize ans plus tard et globalement envoyés à la casse.
À la même époque l’Indian Air Force chercha à prolonger leur carrière mais se heurta à un phénomène particulier : la raréfaction des pièces détachées de moteurs Cirrus Major. Aussi en 1980 elle décida de remotoriser quatre-vingt HT-2 avec un moteur également à quatre cylindres Lycoming O-320-H1AD d’une puissance de 160 chevaux. En raison de l’apparition de ce moteur américain le nez des avions d’entraînemet fut redessiné. Ainsi naquit le HT-2L.
Malheureusement là où le HAL HT-2 gagnait en puissance il le perdait en manœuvrabilité. Et le taux d’accident monta en flèche obligeant l’Indian Air Force à envisager un retrait progressif des avions. Celui-ci eut lieu entre juillet 1989 et décembre 1990. C’est le HPT-32 Deepak également conçu par HAL qui assura sa succession.
Copie indienne ou non du DHC-1 Chipmunk canadien le HAL HT-2 n’en demeure pas moins un aéronef important dans l’histoire aéronautique de ce pays. Il lui permit de découvrir les joies mais aussi les difficultés de la production en série.
Aujourd’hui plusieurs d’entre eux sont préservés dans des musées indiens, et au moins deux servent désormais comme gate guard à l’entrée de deux écoles de pilotage.
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