Au cours des années 1990 une nouvelle génération d’avions d’entraînement avancé sont nés. Ils sont connus sous l’anglicisme de LIFT, pour Lead-In Fighter Trainer. Ils visent à former le mieux possible les futurs pilotes de chasse grâce à des avions plus rapides et souvent mieux armés que les traditionnels jets d’entraînement existant jusque là. La plus part des pays produisant des avions-écoles se sont lancés avec plus ou moins de réussite dans des programmes LIFT. En Chine c’est avec le monoréacteur Guizhou JL-9 que cela s’est concrétisé.
À la toute fin des années 1990 l’aviation militaire chinoise avait entrepris de se moderniser en profondeur. Sa chasse se dotait de chasseurs de nouvelle génération, pour la plus part issu du Sukhoi Su-27 Flanker soviétique. Les futurs chasseurs chinois étaient construits sous licence. Pourtant à côté de cela la formation avancée et la transformation opérationnelle des futurs pilotes reposait toujours sur de vieux Guizhou JJ-7 Mongol-B hérités de la guerre froide. Ces avions dérivés du Mikoyan-Gurevitch MiG-21 Fishbed étaient devenus obsolètes.
Le bureau d’étude de Guizhou proposa alors de concevoir sur fonds propres un avion destiné au remplacement de ces JJ-7. Cependant sa capacité à travailler autrement qu’en rétro-ingénierie était limitée.
C’est pourquoi ses ingénieurs partirent là encore du Chengdu J-7 Fishcan pour concevoir leur futur avion. Au début de l’année 2000 le ministère chinois de la défense lui attribua la désignation de JL-9 et en commanda deux prototypes. Pour autant à Pékin la majorité des dirigeants considéraient le futur avion de Guizhou comme inutile et, au final, sans doute jamais commandé en série.
Honnêtement les ingénieurs chinois n’étaient pas allés très loin dans la conception de leur nouvel avion puisque plus de 60% des pièces et éléments provenaient du J-7 Fishcan. Seule la partie avant et la double quille ventrale étaient nouvelles dans cet avion. Le cockpit du JL-9 fut pensé en adoptant les critères les plus récents en matière d’avions de combat. Le traditionnel manche laissait la place à un cockpit tandis qu’un HUD faisait son apparition. Deux sièges éjectable zéro-zéro, c’est à dire utilisable à la vitesse zéro et l’altitude zéro firent leur apparition. Outre un canon-mitrailleur de calibre 23mm de facture soviétique le JL-9 pouvait emporter deux tonnes d’armement dont des missiles air-air PL-8 d’origine israélienne.
C’est dans cette configuration que le premier prototype réalisa son premier vol le 13 décembre 2003.
De manière finalement surprenante les pilotes d’essais officiels chinois laissèrent supposer que l’avion était réussi. Mieux encore pour l’avionneur une commande officielle de 85 machines de série fut annoncé début 2005. Le Guizhou JL-9 devait à terme servir à préparer les pilotes à leur passage sur Hongdu JL-10, un avion conçu selon les standards occidentaux.
En 2006 lors d’un salon aéronautique chinois l’avionneur annonça une version export du JL-9 désigné Guizhou FTC-2000 Moutain Eagle. Par rapport aux avions commandés par Pékin ils disposaient d’un nouveau radar de tir d’origine italienne couplé à un poste de pilotage tout écran.
Malheureusement pour Guizhou le contrat d’acquisition des JL-9 mit plus de huit ans à être signé. Si bien que les premiers avions de série n’entrèrent en service qu’en 2014. Quatre ans plus tard l’aviation chinoise alignait vingt-cinq de ces avions qu’elle affecta à la formation avancée des pilotes de chasse. Il semble que les livraisons se fasse au compte-goutte sans réelle volonté politique de la part du régime en place.
La formation des pilotes demeure le parent-pauvre de l’aviation militaire chinoise.
À l’étranger un seul pays a actuellement fait l’acquisition du Guizhou FTC-2000 Moutain Eagle. Six exemplaires ont été acheté par le Soudan comme avions d’entraînement avancé et d’appui tactique. Fin 2020 des pays comme le Laos, le Myanmar, ou encore la Zambie avaient fait par de leur intérêt pour un tel avion. Sans pour autant actuellement concrétiser la moindre offre.
Comme souvent avec la Chine la culture du secret est de mise concernant les avions militaires.
Début 2021 on estimait que cinquante Guizhou JL-9 étaient en service en Chine tandis que le Soudan possédait la totalité de ses FTC-2000 Moutain Eagle. Une version JL-9G destinée à la formation aux appontages est proposée à l’aéronavale chinoise qui en aurait fait l’acquisition fin 2020, sans pour autant que l’on sache à quelle hauteur.
On peut considérer qu’avec son JL-9 la Chine a adopté le principe du neuf avec du vieux. Et visiblement ça semble marcher.
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