Grumman TF-9 Cougar

Le développement progressif des avions à réaction entre les années 1940 et 1950 poussa de nombreux utilisateurs à acquérir des avions d’entraînement adaptés à cette nouvelle technologie. Les forces aéronavales n’y firent pas exception, avec au premier plan l’US Navy. Et durant longtemps, jusqu’à finalement assez récemment elle fut tiraillée entre deux doctrines d’emploi des jets d’entraînement navalisés : avoir recours à des machines conçues ab-initio dans cet objectif ou bien faire appel à des avions dérivés d’avions de combat et transformés dans ce but. La première véritable réussite dans ce cas de figure fut le Grumman TF-9 Cougar.

Au cours de l’année 1955 l’état-major de l’US Navy fit part de ses premiers enseignements en matière de formation intermédiaire et avancée des pilotes de l’aviation embarquée. Malgré d’indéniables qualités il était évident que le Lockheed T2V SeaStar ne pouvait pas assumer seul toutes les phases de formation des futurs pilotes. Il lui fallait de l’aide.
Désormais donc cet avion allait devoir être assisté d’un jet plus moderne permettant l’apprentissage des appontages et catapultages tandis que le T2V s’occuperait de la formation purement intermédiaire et des entraînements aux vols de nuit. Dans la même logique l’US Navy chercha une plateforme dédiée à l’entraînement au tir et au ravitaillement en vol.

Le premier des deux avions fut vite trouvé, sous la forme du petit Temco TT Pinto. Pour le second la tâche s’avéra plus difficile. Et l’US Navy se tourna vers l’avionneur Grumman qui proposait le G-105. Il s’agissait en fait d’un chasseur embarqué F9F-8 Cougar doté d’un fuselage rallongé de 86 centimètres permettant d’accueillir une place arrière. L’armement fut réduit à deux canons de calibre 20 millimètres et à 600 kilogrammes de charge externe.
Un exemplaire de présérie fut commandé. Il vola le 4 avril 1956.

Les essais en vol de ce Grumman G-105 démontrèrent d’excellentes qualités. Il réalisa en juin 1956 sa qualification aux appontages et catapultages depuis le pont d’envol des porte-avions USS Bennington et USS Wright, validant l’emploi aussi bien sur bâtiments lourds que légers. Une commande fut officiellement passée pour 400 exemplaires au début de l’été de la même année. Les premiers avions de série entrèrent en service en septembre 1956 sous la désignation de Grumman F9F-8T Cougar.

Très rapidement ces avions permirent de former au mieux les pilotes de l’aéronavale américaine après leur passage sur Temco TT Pinto rapidement cependant remplacés par des North American T2J Buckeye bien plus adaptés, puis sur Lockheed T2V SeaStar. Les entraînements au tir sur Grumman F9F-8T Cougar concernaient aussi bien l’usage des canons de 20 millimètres que celui de bombes ou encore de roquettes, emportées directement sous voilures ou bien dans des paniers.
La formation au ravitaillement en vol se déroulait alors avec le concours des Boeing KB-29 Superfortress de l’US Air Force.

En mai 1957 dix appareils furent prêtés à la patrouille des Blue Angels afin que celle-ci patiente avant l’arrivée de ses Grumman F11F-1 Tiger. Finalement ces derniers lui furent fournis en juillet de la même année, écourtant ainsi la carrière de représentation des biplaces d’entraînement. À partir de février 1960 l’US Navy possédait sa pleine dotation en F9F-8T Cougar. Les 400 avions assuraient tant et si bien leur mission qu’il fut rapidement question d’augmenter leurs fonctions. Ainsi une trentaine d’entre eux commença à prendre la place de Lockheed T2V sans pour autant que ceux-ci ne soient retirés du service.
En septembre 1962 les F9F-8T furent redésignés TF-9J Cougar.

Alors que les différentes versions de chasse du Grumman F-9 Cougar commençaient à disparaître de l’arsenal américain les versions d’entraînement demeuraient opérationnelles. Début 1964 ils commencèrent même à reléguer les Lockheed T-1A SeaStar à terre, s’assurant ainsi un plus large panel de formation. Pour autant les TF-9J étaient trop complexes à prendre en main pour leur permettre de servir dans la formation initiale.

Au milieu des année 1960 le Grumman TF-9J Cougar connut, de manière assez surprenante, le feu. En effet le H&MS-11 Devilfish de l’US Marines Corps déploya en juillet 1965 une quinzaine de ces avions au Vietnam. Stationnés sur la fameuse base aérienne de Da Nang ils furent employés pour contrôle aérien avancé, au moyen de paniers dotés de roquettes au phosphore. Les avions d’entraînement pouvaient ainsi guider les avions d’attaques tels les Douglas A-4F Skyhawk et les Grumman A-6A Intruder vers leurs objectifs. Ils furent rejoints en septembre 1966 par le H&MS-13 Outlaws depuis la base de Chu Lai qui de son côté mit en œuvre le même nombre de TF-9F. Même si au combat seuls deux avions furent perdus la carrière opérationnelle du Cougar au Vietnam fut finalement assez courte. En janvier 1968 plus aucun n’y volait, ayant tous été remplacés par des Douglas TA-4F Skyhawk.
Les avions encore en état de vol furent rétrocédés à l’US Navy.

Justement celle-ci commença à retirer du service ses Grumman TF-9J Cougar au début de l’année 1971, là encore au profit du TA-4F/J Skyhawk. Finalement les derniers avions quittèrent le service en avril 1974, refermant définitivement le livre des Grumman F9F Panther / Cougar au sein de l’aéronavale des États-Unis.
Pour autant entre quatre et cinq exemplaires volaient encore en Argentine.

En effet c’est en 1961 que l’Aviación Naval Argentina fit l’acquisition de huit Grumman F9F-8T Cougar. Ceux-ci étaient destinés au remplacement des North American SNJ-5C Texan employés jusque là pour la formation intermédiaire et avancée des pilotes embarqués. Ils servirent à bord du porte-avions Independencia, anciennement HMS Warrior dans la Royal Navy. Pour autant le gros des missions de ces avions eut lieu depuis deux bases à terre.
Ils restèrent en service jusqu’à leur remplacement en juillet 1976 au profit d’Aermacchi MB-326 d’origine italienne. Particularité ces derniers étaient incapable de servir sur le porte-avions 25 de Mayo, à la grosse différence des F9F-8T Cougar.

En deux décennies et demi de carrière le Grumman TF-9 Cougar prouva qu’un bon chasseur pouvait parfaitement donné naissance à un excellent avion d’entraînement intermédiaire et avancé. De nos jours au moins six exemplaires sont préservés dans des musées aux États-Unis et un septième en Argentine, montrant ainsi l’attachement de ces deux pays à cet avion méconnu.