Dans le monde aéronautique militaire contemporain, l’une des missions les plus importantes des forces aériennes est la formation initiale des futurs pilotes. Elle doit permettre, outre l’instruction du B.A-BA du vol, la détection de celles et ceux qui plus tard rejoindront la chasse, le transport, ou tout autre domaine de vol. C’est pourquoi il est essentiel de disposer d’avions parfaitement adaptés à ce rôle. En ce début de 21ème siècle l’une des machines les plus adaptées est un petit monomoteur de conception et de construction allemande issu de l’aviation civile : le Grob G.120.
En 1996, l’avionneur allemand Grob décida de développer un nouvel avion d’entraînement destiné aux marchés civils et militaires, et issu de son modèle à succès G.115 qui faisait alors le bonheur d’aéroclubs et d’écoles de pilotage un peu partout en Europe et en Amérique du nord.
Les travaux des ingénieurs débutèrent. Et dès l’origine, il fut décidé de conserver la formule du G.115 : monoplan à aile basse, cockpit biplace côte à côte fermé, et moteur en ligne peu gourmand en carburant.
Néanmoins de substantielles améliorations furent apportées, dont un train d’atterrissage rétractable, une avionique améliorée, et un empennage redessiné. Mais surtout le nouvel conservait ce qui avait fait la renommée de son construction : un usinage en matériaux composites en lieu et place des alliages métalliques habituellement utilisés dans ce genre d’aéronef. De ce fait il allait être bien plus léger que ses concurrents. Grob le désigna G.120.
Alors que le premier vol du prototype intervint dans le courant de l’année 1999, il fallut encore attendre deux ans pour que le G.120 soit certifié. Cependant il n’avait toujours aucune commande militaire à son active.
La Luftwaffe s’intéressa bien à lui quand l’école de pilotage de la Lufthansa en fit son avion de sélection et d’entraînement primaire en 2003 mais sans réel succès alors. Au final d’ailleurs l’aviation militaire allemande sous-traita cette mission à sa compagnie aérienne.
L’un des premiers clients militaires fut finalement l’Aviation Royale Canadienne qui fit l’acquisition en 2006 de treize appareils pour la missions d’entraînement initial et de sélection de ses pilotes. Bien que servant dans les rangs militaires, ils appartiennent en réalité à KF Aerospace, une entreprise privée basée en Colombie Britannique. Après leur passage sur cet avion les jeunes apprentis pilotes canadiens rejoignent bien souvent le monoturbopropulseur Beechcraft CT-156 Harvard II.
C’est une logique similaire qui existe dans l’Armée de l’Air où les dix-huit Grob G.120 assurent la formation initiale de l’ensemble des personnels, et la préparation des pilotes destinés à la spécialité transport. Ils opèrent en parallèle de la flotte de Socata TB-30 Epsilon, de plus ancienne conception. Les monomoteurs allemands en service en France appartiennent en réalité à CATS (pour Cassidian Aviation Training Service) une société filiale du géant Airbus.
En 2007, les ingénieurs de Grob eurent l’idée de développer une version turbopropulsée du G.120 qui prit la désignation de G.120TP. Dès lors les avions d’origine, à moteur à pistons, furent désignés G.120A. Outre l’apparition d’un turbopropulseur Rolls & Royce M250-B-17F d’une puissance de 455 chevaux entraînant une hélice à cinq pales, plusieurs modifications furent apportées à la cellule, notamment au niveau de l’empennage et des ailes. Des winglets furent montées. À l’instar du G.120A le G.120TP n’est pas un avion d’entraînement au tir, il n’emporte aucun armement. C’est dans le courant de l’année 2010 que son prototype réalisa son vol initial.
À la différence de la version à moteur à pistons qui séduisit d’abord les utilisateurs civils le G.120TP fit rapidement l’objet de commandes étatique pour des forces aériennes. La première provint d’Indonésie à hauteur de dix-huit exemplaires. Ils y ont remplacé une parti des Cessna T-41 Mescalero et l’ensemble des vieux Cessna 150.
En 2014 l’entreprise privée canadienne CAE a été sollicité pour fournir six G.120TP à l’US Army dans le cadre d’une formation de ses pilotes d’avions légers. Ces monoturbopropulseurs conservent leur livrée civile mais opèrent depuis les installations aéronautiques de Fort Rucker en Alabama.
Des Grob G.120A volent également dans les rangs des aviations israéliennes et kényanes. Au sein de Heyl Ha’Avir d’ailleurs ils sont désignés Snunit. En outre des G.120TP ont été acquis par l’Argentine et le Mexique.
À coup sûr l’avion allemand construit en composites sera dans les années à venir une des valeurs sûres de la formation initiale militaire. Pour autant une version armée n’était toujours pas envisagée fin 2015. Avec sa « double motorisation », pistons et turbopropulseurs, le Grob G.120 n’est pas sans rappeler le très réussi Beechcraft T-34 Mentor américain.
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