Le Reaper tire ses origines du drone de reconnaissance standard de l’US Air Force, le RQ-1 Predator, qui fut en outre, dans sa version B, le premier avion sans pilote à pouvoir tirer avec succès une arme guidée. En effet des Predator furent utilisés pour l’emport de missiles antichars AGM-114 Hellfire. Bien que le couple RQ-1B / Hellfire aie donné entière satisfaction à l’US Air Force, cette dernière demanda à General Atomics de concevoir une nouvelle machine bien plus puissante, mais surtout bien plus lourdement armée. C’est ainsi que le Reaper fit son apparition.
Au lieu de travailler sur la base d’un Predator, les équipes de l’avionneur décidèrent de concevoir leur nouveau drone à zéro. Certes, le nouvel appareil reprenait la forme général de la machine de reconnaissance, mais son train d’atterrissage fut renforcé, son aile modifié, son moteur Rotax fut en outre remplacé par un turbopropulseur Garrett TPE-331, similaire à celui équipant l’avion d’observation North American OV-10D Bronco. Mais surtout la modification la plus criante était le nouvel empennage du drone. Celui-ci était sur sa partie supérieure du type en V, comme l’avion d’entrainement français Fouga Magister, et disposait d’une quille dans sa partie inférieure. Bien que très différent du Predator, le nouveau drone reçu la désignation de RQ-1C. Il effectua son premier vol le 2 février 2001.
A cette époque, le RQ-1C était prévu pour effectuer des missions de reconnaissance et d’appui aérien rapproché. Un second prototype fut construit pour divers essais statiques, et notamment ceux visant l’emport de charges offensives divers. En octobre 2001, alors que les Etats-Unis se préparaient à riposter militairement au 11 septembre, l’US Air Force commanda un troisième prototype et décida de modifier le cahier des charges du nouveau drone. Celui-ci allait devoir devenir en priorité une machine de combat. Sa désignation en fut donc également modifiée, et le RQ-1C devint le MQ-9A. De Predator, il était devenu <strong »>Reaper.
Les essais furent longs mais finalement les premiers appareils entrèrent en service au sein de l’US Air Force en juillet 2005. Trois mois auparavant la FAA avait donné son accord pour des vols de Reaper au-dessus du territoire américain. Rapidement, un premier MQ-9 fut employé de manière opérationnel, mais pour une mission très éloignée de celle pour laquelle il avait été créé. En effet, l’US Air Force équipa un de ces drones avec un appareillage électronique en lieu et place de la charge offensive afin de suivre l’évolution du cyclone Katerina. Avec un vol de 25 heures, le MQ-9 surclassait alors largement les Lockheed WC-130H alors utilisés dans la région.
Rapidement, le Department of Defence (DoD) décida d’envoyer ses Reaper en Afghanistan. Toutefois les drones ne furent pas immédiatement opérationnels sur ce théâtre extérieur, du fait qu’ils n’étaient pas prévus à l’origine pour servir en milieu chaud et sec. Dans ce conflit, les MQ-9 sont finalement entrés en action à l’été 2007. Début octobre, de la même année le DoD reconnaissait que les MQ-9 avaient mené avec succès seize attaques différentes en Afghanistan avec un taux de succès frôlant les 100%. Les armes principalement utilisées étaient alors le missile AGM-114 Hellfire, et la bombe à guidée laser GBU-12 de 227kg.
Depuis, en février 2008 une patrouille de Reaper, intervenant selon le principe « hunter killer » et disposant tous deux de GPS-Différentiels ont détruit à l’aide d’une GBU-12 un camion circulant sur une route près de Kandahar. Il s’agissait d’un premier véhicule en mouvement détruit par une bombe à guidée laser tirée depuis un drone.
Quant à l’Irak, le plus gros théâtre d’opérations américain depuis la Guerre du Vietnam, le Reaper n’y a fait son entrée qu’en juillet 2008 soit un an après. Peu d’informations ont filtré de cet engagement.
Mais l’US Air Force n’est pas la seule utilisatrice du MQ-9. En effet, l’US Navy avait commandé en 2005 cinq exemplaires, toutefois la commande fut rapidement annulée au profit du Global Hawk. Aux Etats-Unis toujours, le Department of Homeland Security, sorte de ministère de l’intérieur américain, possède quatre Reaper, localement désignés CPB-101, CPB-102, CPB-103, et CPB-104. Ces drones sont utilisés au profit de l’US Border Office dans la surveillance des zones frontalières américaines, et en partenariat avec l’US Coast Guard dans la lutte anti-terroriste et anti-narcotique. A la différence des MQ-9 militaires, ceux ci ne sont pas armés, mais emportent des appareillages de reconnaissance et d’espionnage aérien en lieu et place des charges offensives.
Le Reaper a connu le succès également hors des Etats-Unis. Ainsi, l’Aeronautica Militare Italiana et la Luftwaffe ont commandé à l’été 2008 respectivement quatre et cinq Reaper pour des missions spéciales. Mais l’utilisateur étranger le plus important demeure la Royal Air Force qui dispose de douze appareils de ce type sur les treize acquis, car l’un d’eux a été perdu au combat, suite à un crash en territoire ennemi. La RAF a été obligé de procéder à un bombardement à l’aide de Tornado afin d’éviter que des systèmes « sensibles » ne tombent entre les mains des Talibans. L’Australie, la Pologne, et la Turquie ont fait savoir leur intention d’acquérir également des General Atomics MQ-9.
Une version « civile » du Reaper existe, sous le nom d’Altaïr, et sert actuellement au sein de la NASA. Ce drone est basé au célèbre Dryden Flight Research Center où il assiste la plus part des essais en vol américains. Lors des étés 2007 et 2008 l’Altaïr a été mis à disposition de l’US Forrestry Office pour la surveillance des espaces boisés de l’ouest du pays en prévention des incendies. Fin août 2008, le California Air Fire a également commandé un de ces drones pour la reconnaissance et le guidage de ses bombardiers d’eau.
S’il n’est pas le premier véritable drone de combat de l’Histoire, le Reaper peut toutefois être considéré comme le premier appareil de ce type à réellement remplir des missions d’appui aérien rapproché. Le Reaper est actuellement le système d’arme autonome le plus efficace de ce type pour intervenir en milieu hostile, et réduire au maximum le risque de perte.
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