La seconde moitié du 20e siècle fut l’âge d’or des avions de combat à réaction, la première moitié du 21e pourrait bien être celui des drones des combats. Depuis le début du siècle ces machines de guerre d’un nouveau genre, faites pour ne plus avoir à exposer la vie d’un pilote ou d’un équipage sont en passe de devenir les marqueurs numéro 1 des actions offensives en zone à haut risque. Et dans ce domaine, comme dans d’autres, l’industrie américaine est non seulement en pointe mais surtout elle est leader. Le constructeur General Atomics a su développer des avions de combat sans pilote sans cesse plus élaborés. L’un des plus particuliers à ce jour est un monomoteur spécialisé dans les actions antiterroristes et conçu spécifiquement pour les besoins de l’US Army : le MQ-1 Gray Eagle.
C’est dans le courant de l’année 2002 que l’US Army a établi un cahier des charges afin de trouver un successeur à ses drones de reconnaissance tactique TRW RQ-5A Hunter de facture israélienne. Le programme s’appelait alors ERMP, pour Extended-Range Multi-Purpose. Le Pentagone exigeait que le futur avion sans pilote soit capable non seulement d’entrer dans la catégorie des engins MALE (pour Moyenne Altitude Longue Endurance) mais en outre de pouvoir utiliser des munitions guidées dans le cadre d’actions antiterroristes. L’Amérique venait tout juste de débuter sa guerre en Afghanistan et l’US Army ne voulait pas y être en reste.
Assez étrangement deux constructeurs seulement y répondirent avec de véritables avant-projets : General Atomics et TRW.
Le premier proposa une version dérivé de son MQ-1B Predator et temporairement baptisé MQ-1C Warrior. Le second proposait une version améliorée du RQ-5A et alors connue comme MQ-5B. Devant l’urgence de la guerre contre Al-Qaïda et leurs alliés talibans le Pentagone décida de commander les deux modèles, tout en insistant sur le fait que les MQ-5B Hunter étaient une solution liée à l’actualité et que le vrai vainqueur du programme était l’appareil de General Atomics.
S’il reprenait les grandes lignes du MQ-1B Predator le MQ-1C Warrior était bien plus qu’une sous-version : c’était un nouveau drone. Une partie de son avionique provenait en effet de l’autre grande réussite de l’industriel, le drone MQ-9 Reaper. En fait le Warrior était une sorte d’hybride entre Predator et Reaper.
Peu après le premier vol de son prototype, survenu en octobre 2004, un total de soixante-quinze exemplaires avait été commandé par l’US Army. Les premiers exemplaires furent livrés en unité en janvier 2009 sous la désignation de General Atomics MQ-12 Sky Warrior.
Pour autant ils servirent dans un premier temps à l’entraînement des télépilotes. Les premiers vols opérationnels de ces drones de combat ne débutèrent qu’en août 2010.
Et c’est d’ailleurs à cette époque là que le drone reçut son identité finale : General Atomics MQ-1C Gray Eagle. L’US Department of Defense estima que l’appareil tenait trop du MQ-1 Predator pour lui octroyer la désignation de MQ-12. De même le nom de Sky Warrior n’avait pas été accepté par l’armée.
Toutefois en cet été 2010 le MQ-1C demeurait un drone de reconnaissance et de ciblage, son arsenal n’étant pas encore opérationnel. Quelques jours plus tard l’US Army déclara qu’en mission de combat il pourrait emporter jusqu’à quatre missiles air-sol AGM-114 Hellfire
Extérieurement le General Atomics MQ-1C Gray Eagle se présente sous la forme d’un avion sans pilote de construction mixte en métal, alliages légers, et matériaux composites. Il est doté d’une aile basse droite et d’un moteur à quatre cylindres en ligne Thielert Centurion 1.7 d’une puissance de 170 chevaux entraînant une hélice propulsive tripale en métal et composite. Ce drone dispose d’un train d’atterrissage tricycle escamotable.
Le cœur de son avionique repose sur deux équipements extrêmement perfectionnés : le radar à ouverture de faisceau synthétique AN/ZPY-1 et le système de surveillance multispectrale AN/AAS-52. Le radar peut opérer également en mode cartographique. Une liaison 16 permet de transmettre en temps réel les données vers des satellites de télécommunication ou vers des avions relais comme les Boeing E-3C Sentry, Northrop-Grumman E-8A J-Stars, ou encore Northrop-Grumman E-11A BACN.
L’armement du Gray Eagle se compose de quatre missiles AGM-114 Hellfire ou de quatre bombes planantes à guidage mixte GPS/laser de type GBU-44/B Viper Strike. Plus exceptionnellement le drone peut employer des missiles air-air courte portée AIM-92 Stinger.
Les premières opérations ciblées menées par l’US Army avec ses General Atomics MQ-1C Gray Eagle remontent à 2012 dans les zones tribales afghanes contre des groupes terroristes armés talibans. La majorité des actions étaient alors couvertes par le secret du Pentagone.
À partir de 2014 ces drones furent engagés dans la guerre contre Daech au-dessus de l’Irak et de la Syrie. Dans le même temps des drones de ce type ont été déployés par les militaires américains en Corée du Sud afin de surveiller la zone tampon.
Surtout en 2018 l’US Army a confirmé que des MQ-1C Gray Eagle étaient déployés dans le Sahel dans le cadre de la guerre antiterroriste menée par la France. Les drones américains ont été basé à Agadès au Niger. En février 2020 et janvier 2021 deux drones y furent perdus, sans que l’on sache réellement pourquoi.
Véritable drone à tout faire de l’US Army, capable de tenir les airs très longtemps, le General Atomics MQ-1C Gray Eagle est tout autant une machine d’attaque et d’appui qu’un engin de reconnaissance tactique. Trois télépilotes sont nécessaires lors des missions de trente-six heures. La désignation un temps utilisé de MQ-12 a été reprise par le mini-drone tactique AeroVironment Wasp III.
Le MQ-1C n’a pas été exporté.
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