Par définition les avions japonais contemporains sont peu connus en Amérique du nord et en Europe. Il faut dire qu’ils ne s’exportent quasiment pas et ne participent que très rarement à des salons aéronautiques internationaux. Du coup nous les connaissons peu, et c’est encore plus prégnants au sujet des avions de soutien. L’un des exemples les plus frappants est l’actuel avion d’entraînement basique et intermédiaire de la Japan Air Self Defense Force : le Fuji T-7.
Les origines de cet avion remontent à l’été 1998 quand l’état-major japonais lança un cahier des charges concernant un avion d’entraînement primaire destiné à succéder aux Fuji T-3 alors en dotation. Mais surtout les décideurs japonais voulaient que le futur avion soit apte aux missions intermédiaires et donc motorisé à l’aide d’un turbopropulseur. ce qu réduisait forcément les prétendants. Pourtant plusieurs avionneurs étrangers se mirent sur les rangs : Beechcraft, Embraer, KAI, et Pilatus. Ils présentaient respectivement le T-6 Texan II, l’Emb-312 Tucano, le KT-1 Woongbee, et le PC-7 Turbo Trainer.
À la demande expresse du gouvernement nippon l’avionneur Fuji fut pressé de proposer lui-aussi une alternative qui prit la forme du T-3 Kai.
En fait cet avion n’était ni plus ni moins qu’un Fuji T-3 redessiné et doté d’un turbopropulseur Rolls Royce 250-B17F en lieu et place du moteur à six cylindres en ligne Lycoming GSO 480 d’origine. En fait les ingénieurs japonais n’avaient rien inventé là puisque leurs homologues américains de chez Beechcraft en avait fait de même quarante ans plus tôt en créant le T-34C Turbo Mentor à partir du T-34B Mentor. Et comme dans le cas de ce dernier les modifications apportées au T-3 pour le transformer en T-3 Kai furent multiples.
Les ingénieurs de Fuji n’avaient pas le droit à l’erreur car selon plusieurs sources de l’époque le Pilatus PC-7 suisse semblait en bonne position pour être acheté par la Japan Air Self Defense Force. Il faut dire qu’après un grave scandale politico-financier reliant des dirigeants de l’avionneur à des parlementaires japonais les militaires avaient décidé de punir Fuji.
Seulement voilà le constructeur fit valoir le principe du chantage à l’emploi et obligea de ce fait à commander le T-3 Kai.
Finalement ceci fut officialisé en septembre 2000 non sans que l’image du constructeur ait été lourdement écornée au Japon. Pour mémoire Fuji est l’héritier de feu le légendaire constructeur Nakajima, ce que nombre de Japonais se souviennent.
Le prototype du T-3 Kai réalisa son premier vol en juillet 2002. Le marché concernait cinquante avions dont le prototype. Il était alors prévu que ce T-3 Kai soit désigné T-7 dans la nomenclature de l’aviation japonaise.
Extérieurement cet avion se présente sous la forme d’un monomoteur à turbopropulseur de construction mixte en métal et matériaux composites. Disposant d’une architecture très académique il possède un train d’atterrissage tricycle escamotable et une aile basse cantilever. L’instructeur et son élève prennent place dans un poste de pilotage biplace en tandem. Le Fuji T-7 n’est pas armé.
Les premiers exemplaires de série sont entrés en service au cours de l’automne 2003.
Par rapport à son prédécesseur le Fuji T-3, ce nouvel avion a apporté une véritable plus-value en matière de sécurité mais aussi de flexibilité d’emploi. Il peut voler par tous les temps et permet donc de former les pilotes aussi bien aux manœuvres basiques du vol qu’aux plus évoluées. Les quarante-neuf exemplaires de série volent au sein de deux écoles d’aviation et d’une unité de soutien aux essais en vol.
Depuis fin 2017 l’avionneur Fuji est en pourparlers avec la Japan Maritime Self Defense Force pour lui fournir un lot de dix-huit nouveaux avions. Des Fuji T-7 qui permettraient de mettre à la retraite les actuels T-5 d’entraînement souvent jugés inadaptés par les instructeurs japonais en raison de leur configuration côte à côte.
Inapte à être exporté, plus pour des raisons diplomatiques ou politiques que réellement technologiques, le Fuji T-7 est actuellement un des avions d’entraînement à turbopropulseur parmi les plus discrets. Il est à signaler que plusieurs pilotes d’essais américains sont venus s’essayer à cette étrange machine qui est finalement bien plus qu’une relecture japonaise du T-34C Turbo Mentor.
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