Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le Japon s’est retrouvé avec une interdiction formelle de développer et de construire des avions militaires. Pourtant cette restriction s’est peu à peu assouplie, l’empire nippon se transformant en allié fidèle des États-Unis. Si bien qu’elle put reprendre petit à petit une activité aéronautique. Celle-ci prit notamment la forme d’un monomoteur d’entraînement basique fortement inspiré de l’industrie américaine, le Fuji KM-2.
C’est en 1955 que l’avionneur Fuji reçut l’autorisation de produire sous licence une version quadriplace de l’avion d’entraînement américain Beechcraft T-34A Mentor. Une trentaine d’exemplaires fut produite sous la désignation de LM-1. Ces avions servirent principalement pour des missions d’instruction de base et de liaisons. Cependant les aviateurs nippons décidèrent rapidement que l’avion n’était pas totalement adapté à leurs attentes. Fuji demanda alors l’autorisation à Beechcraft pour développer sa propre version de l’avion.
Après avoir étudié tout bonnement l’achat de T-34B Mentor les militaires nippons optèrent pour le biplace proposé par Fuji. Celui ci était désigné KM-2. Il se présentait sous la forme d’un monoplan à aile basse cantilever construit en contreplaqué et métal et dont le train d’atterrissage tricycle s’escamotait complètement. L’instructeur et son élève prenaient place dans un cockpit en tandem. Aucun armement n’était prévu à bord de l’avion. Sa propulsion tournait autour d’un moteur Lycoming IO-480 à six cylindres à plat d’une puissance de 340 chevaux entraînant une hélice bipale en métal. C’est dans cette configuration que le prototype du KM-2 réalisa son premier vol en janvier 1962.
Rapidement les premiers exemplaires furent livrés à l’aviation d’autodéfense japonaise, et les premiers exemplaires furent officiellement admis au service actif en 1963. Ils y furent désigné Fuji TL-1. Un total de 64 exemplaires fut produit jusqu’en 1970.
Deux ans plus tard l’état-major japonais fit savoir qu’il désirait de nouveaux avions pour venir renforcer la flotte. En effet l’empire nippon avait été autorisé par le Congrès américain à acquérir plus de chasseurs lourds McDonnell F-4 Phantom II et il avait donc un besoin croissant en avions d’entraînement. Fuji lui proposa alors le KM-2B.
Outre quelques menues modifications au niveau du moteur l’avion abandonnait définitivement le contreplaqué au profit du « tout métal » dans la conception de l’avion. Mais surtout le KM-2B disposait d’une avionique plus récente. Il était également adapté aux vols acrobatiques, une des grandes carences des premiers KM-2. Cinquante exemplaires en furent construits entre 1978 et 1983. A cette époque le KM-2B passait véritablement pour une copie du T-34B Mentor.
Le KM-2B devint le T-3 dans la nomenclature nippone. La centaine de TL-1 et de T-3 remplissaient les missions d’entraînement primaire dans les écoles japonaises quand l’état major commença à s’intéresser de près à la turbopropulsion. Après avoir envisagé d’acquérir des Pilatus PC-7 de construction suisse, il décida de demander à Fuji de concevoir son propre avion. Cependant les responsables de Becchcraft ne l’entendait pas de cette oreille. Ils comptaient bien placer leur T-34C Turbo Mentor et ne plus laisser cet ersatz de leur avion continuer à lui faire de l’ombre.
Finalement après une bataille juridique de plus de quinze ans le constructeur japonais fut autorisé à construire en série une version turbopropulsée de son monomoteur, désignée KM-2Kai puis ultérieurement connu comme Fuji T-5. Eux aussi ne sont pas armés. Dans l’immédiateté, la marine nippone fit l’acquisition de quelques T-5. Ces avions avaient pour rôle non seul d’enseigner les rudiments du pilotage mais aussi de sélectionner les futurs pilotes de l’aéronavale.
En 2010, les Fuji TL-1 ont commencé leur retrait du service. Il faut souligner que conformément aux accords entre Beechcraft et Fuji aucun exemplaire ne fut vendu à l’export. Cet avion demeure à l’origine d’un des plus profonds désaccords diplomatiques entre Tokyo et Washington-DC, au moment du développement du KM-2Kai.
Même s’il connut une certaine quantité d’accidents mortels le Fuji KM-2 demeure dans l’esprit des Japonais un bon avion. Il faut dire qu’il leur a permis de relancer leur production aéronautique.
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